Lundi 10 mars 2025, Serge Letchimy, président du Conseil exécutif de Martinique, s’est entretenu avec Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur. Cette rencontre, marquée par un échange qualifié « ouvert et direct » par Serge Letchimy, a permis d’aborder la situation préoccupante de la Martinique face à la montée en puissance du narcotrafic et de ses conséquences en termes de violence et de délinquance.
Au cours de cet entretien, le président du Conseil exécutif a exprimé « ses profondes inquiétudes quant à la transformation du territoire en un hub majeur du narcotrafic en les Amériques et l’Europe, avec des saisies records réalisées par les forces de sécurité. »
Pour rappel, en 2024 sur les 54 tonnes de cocaïne saisies sur l’ensemble du territoire national (Outre-mer et Hexagone), 60% l’ont été sur le seul territoire de la Martinique, soient 32 tonnes. Cette économie du stupéfiant favorise également une explosion de violence avec une prolifération des armes à feu et des atteintes à la vie. 24 homicides dont 17 par arme à feu ont été commis en 2024. Depuis le 1er janvier 2025, 5 meurtres ont été commis, dont 4 par arme à feu.
Si les mesures enclenchées dans le cadre du Contrat Territorial de Sécurité signé en 2024 constituent, a reconnu Serge Letchimy « une avancée », elles restent, dit-il, « insuffisantes et trop lentes face à l’ampleur du phénomène. »
Aussi, Serge Letchimy a tenu à insister sur la nécessité d’un renforcement immédiat des dispositifs de lutte contre le trafic et la criminalité en formulant 11 propositions précises :
- Renforcer la surveillance du littoral et des 47 640 km2 de Zone Economique Exclusive (ZEE) autour de la Martinique, par la création d’une brigade de gendarmerie dédiée à la surveillance côtière
- Renforcer les contrôles aux entrées et aux sorties de Martinique par la mise en place d’une déclaration préalable de voyage pour les voyageurs étrangers
- Réquisitionner les forces armées aux Antilles (FAA) pour contrôler les points d’entrée sensibles du littoral et tenir des points de contrôle
- Renforcer les moyens d’interception en mer en complémentarité de l’installation de deux radars côtiers en Martinique
- Répondre de manière efficace aux stratégies de « leurres » des trafiquants de stupéfiants
- Renforcer la lutte contre la prolifération d’armes à feu en Martinique en organisant davantage de contrôles et de fouilles par réquisition du procureur de la République
- Sécuriser le Grand Port Maritime de Fort-de-France par l’installation de portiques d’inspection à rayon X (scanner) permettant le contrôle de tous les conteneurs au départ de Martinique ou en transbordement
- Sécuriser l’aéroport Aimé-Césaire par l’installation de scanners corporels pour le contrôle des passagers au départ de l’aéroport Aimé-Césaire
- Renforcer les effectifs de la Police, de la Gendarmerie Nationale, des Douanes, de la Justice et de l’Administration pénitentiaire
- Renforcer la coopération entre les services d’enquêtes administratifs et les services judiciaires ainsi que la coopération en matière de sécurité et de justice entre la France et les pays d’origine et de transit des produits stupéfiants et des armes
- Organiser une réunion interministérielle sur la situation du trafic de stupéfiants et d’armes aux Antilles-Guyane et dépêcher une mission d’expertise sur place pendant 2 mois.
« Le ministre de l’Intérieur, a rapporté Serge Letchimy, s’est montré particulièrement attentif à ces préoccupations et s’est engagé à formuler dans les meilleurs délais, une réponse écrite au président du Conseil exécutif, détaillant les mesures « choc » qui seront mises en œuvre pour enrayer cette spirale et restaurer la sécurité en Martinique. »