Martinique. Les changements climatiques auront un impact inquiétant sur l’eau

Pour appréhender au mieux les adaptations aux changements climatiques à mettre en place dans le domaine de l’eau, l’Office de l’Eau et de l’Environnement (ODE) a réalisé un état des risques sur les cours d’eau de Martinique. 

Que faut-il en retirer ? « Il est désormais établi, par un large consensus scientifique, que le climat mondial se réchauffe du fait des activités humaines. L’émission et l’accumulation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère perturbe toutes les composantes du climat : atmosphère, océans glaces, biosphère terrestre et marine et lithosphère continentale. Aucune région du monde n’est épargnée. Depuis la seconde moitié du XIXème siècle, la Martinique connaît un réchauffement global de +1,18°C, avec une augmentation de 0,28°C par décennie », explique le rapport conjoint ODE, Acterra, Nature & Développement, IREEDD.

La pluviométrie a été considérée : « Les observations récentes montrent que la pluviométrie n’a pas évolué de façon statistiquement significative depuis la seconde moitié du XIXème siècle. Une forte variabilité interannuelle est en revanche notée. »

Cependant, la chaleur augmente : « Le nombre de journées chaudes (avec une température maximale supérieure ou égale à 31°C) en Martinique a été multiplié par 4, depuis la seconde moitié du XIXème siècle. »

Et la mer monte : « Les observations de 1993 à 2005 montrent que le niveau de la mer de la région Caraïbe s’est élevé de + 3,5 mm par an. Concernant la région des Antilles, cette élévation serait de + 1,5 mm par an. »

L’étude est intéressante en ce sens qu’elle fait de la prospective : « Les simulations Météo France (Météo France, 2023) projettent une augmentation de la température moyenne qui pourrait dépasser les +3°C à l’horizon 2080 en scénario pessimiste. Par ailleurs, la température de l’océan pourrait augmenter de +1,6°C pour le milieu du XXIe siècle (Cantet, 2020). »

« Les projections climatiques pour la pluviométrie en Martinique doivent encore être stabilisées, mais les résultats du dernier projet C3AF de Météo France donnent les informations suivantes en scénario pessimiste :
– Les précipitations diminueraient toute l’année sur la quasi-totalité du territoire quel que soit l’horizon temporel considéré.
– En saison sèche l’assèchement devrait être plus prononcé et serait plus fort à l’horizon fin de siècle (-15 à – 20%) qu’à l’horizon milieu de siècle (-10 à -15%).
– En saison humide, l’assèchement devrait être moins prononcé et pourrait être moins important à l’horizon fin de siècle (-5 à -10%) qu’à l’horizon milieu de siècle (-10 à -15%). »

De même, l’étude s’intéresse au événements cycloniques : « Les modèles ne projettent pas de changements significatifs sur le nombre de cyclones tropicaux mais montrent une augmentation de l’intensité des cyclones les plus importants. L’activité cyclonique serait très aléatoire d’un mois à l’autre durant la saison cyclonique.  Le nombre de cyclones diminuerait fortement en juillet et augmenterait fortement en août et septembre, au niveau des latitudes moyennes. »

« Les projections montrent, d’ici la fin du siècle, une hausse du niveau de la mer de la région Caraïbe, variant entre 13.5 cm pour le scénario optimiste et 84 cm pour le scénario pessimiste (ODE Martinique, s.d.) », révèle encore le rapport.

Ce qui est peu rassurant.

Bien évidemment, ces informations appellent de prendre en compte les données dans la gestion de l’eau. Le rapport incite les autorités à prendre les mesures indispensables pour parer à ce qu’il convient d’appeler inconvénients… ou risques. Il y a urgence.

Le rapport de l’ODE :

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