Martinique. Langue créole : le bras de fer entre Serge Letchimy et le préfet

Serge Letchimy « refuse de reculer dans le processus historique pour la reconnaissance officielle de la langue créole au côté du français. »

Dans une lettre au président du Conseil exécutif en date du 25 juillet 2023, le préfet de Martinique, représentant de l’Etat sur le plan local, dans l’exercice de son contrôle des actes de la CTM, a rappelé qu’il ne pouvait y avoir une langue officielle autre que le français et, de ce fait, demandé le retrait de l’article 1er de la délibération de l’Assemblée de Martinique qui avait consacré « cette avancée historique pour la langue natale de milliers de Martiniquais.es à travers le monde », indique la CTM.

A cette injonction, le président du Conseil Exécutif, dans une lettre ouverte au Préfet datée du 19 août 2023, affirme son refus « de procéder au retrait de cet acte d’une importance majeure. »

« Ce refus est un acte de marronnage, une déclaration de dissidence dans le débat contemporain mais historique que nous ouvrons entre droits naturels imprescriptibles et droit à l’égalité. C’est en fait le seul et unique débat : doit-on s’ignorer, s’effacer, jouir de l’artificialité de l’égalité, et se taire dans une république qui ne réussit pas à conjuguer diversité et unité ? », argumente le président de la cTM.

Dans ce courrier, le président Serge Letchimy rappelle que « cette délibération avait été adoptée à l’unanimité par les élus de l’Assemblée de Martinique et que revenir sur cette décision hautement symbolique et politique pour le peuple martiniquais serait une erreur grave. »

« Opposer le français au créole est une laborieuse posture fabriquée entre liberté et égalité. C’est une position désuète qui enferme au lieu de fraterniser dans l’unité de la République », dit-il encore.

Conscient que des poursuites judiciaires pourront être engagées, le président du Conseil exécutif qui dit « s’y préparer et assume ce choix », affirme que « l’Etat gagnerait à la pleine reconnaissance des différences locales, acte qui ne remet pas en cause l’appartenance de la Martinique à la République. »

« La langue créole, cet impensé pour certains, nous dessine, nous définit, nous attache à un lieu et à un moment, petitement ou largement circonscrit (…) Notre langue, ce lien puissant qui nous unit, porte en elle le champ des possibles d’une manière nouvelle, pour la République, de concevoir ses liens avec la Martinique. »

La lettre de Serge Letchimy au préfet de Martinique :

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