Depuis dimanche 1er septembre, des militants du Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-caribéennes, qui manifestent contre la vie chère bloquent l’entrée (et la sortie) du port. Ils protestent également contre l’interpellation de leur leader, Rodrigue Petitot, alias Le R. Parallèlement, des inconnus, vêtus de noir, encagoulés et gantés, en ont profité pour causer quelques exactions : barrages, véhicules vandalisés, restaurant pillé… Et les syndicats du port, qui soutiennent le mouvement, refusent que quelque marchandise que ce soit entre ou sorte du port. Des élus s’en mêlent. Le ton monte.
Tandis que Fort-de-France se réveillait, lundi matin, avec de faux airs de Nouméa (du moins en écoutant la radio et en suivant les réseaux sociaux), le préfet de Région, dès 4 heures engageait les forces de sécurité intérieure afin de libérer les accès aux ronds-points et aux voies publiques aux abords du Grand Port Maritime de la Martinique, en vue de garantir la continuité de l’activité du Port et donc l’approvisionnement de l’ile.
A 6 heures, les axes étaient libérés et rendus à la circulation publique.
Le préfet se fendait d’un communiqué pour expliquer la situation.
« Les forces de sécurité, dont un escadron de gendarmerie mobile arrivé spécialement en renfort, ont découvert à l’occasion de cette opération de maintien de l’ordre 3 bouteilles de cocktail Molotov et un bidon d’essence, cachés à proximité d’un barrage. Plusieurs tas de pierres prêtes à lancer étaient par ailleurs disséminés derrière les barricades. Un individu a été interpellé lors de l’opération pour refus d’obtempérer. Un véhicule, renversé sur le toit par des malfaiteurs,
également été incendié. Un restaurant a été pillé.
Après les vols et dégradations de plusieurs bus qui ont eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche par des individus cagoulés et gantés, et qui ont conduit à empêcher la reprise du service de transport en commun à la veille de la rentrée scolaire, le préfet condamne fermement toute expression de violence et rappelle que les préoccupations légitimes de la population sur le coût de la vie, qui peuvent s’exprimer dans l’espace public dans le respect de tous, ne sauraient justifier les actes malveillants de quelques-uns, qui prennent en otage les Martiniquais et pénalisent les plus vulnérables. »
Il ajoute : « En outre, le préfet souhaite condamner fermement toute parole de menace ou d’intimidation à l’égard des représentants de la nation et des élus. Il apporte son soutien indéfectible à ces derniers, comme à tout représentant des corps sociaux et intermédiaires.
Le sujet de la vie chère est l’une des priorités les plus essentielles de l’action de l’Etat sur le territoire, depuis plusieurs années, et mérite mieux que ces expressions ou actes de violence et de haine.
Il a déjà conduit l’Etat, en partenariat avec le monde économique et les collectivités territoriales, à mettre en place de nombreux dispositifs ayant pour effet de faire baisser les prix des factures payées par les Martiniquais dans leur vie quotidienne : fixation d’un prix maximal du carburant, subvention de la facture d’électricité par la solidarité nationale, bouclier qualité-prix dans 78 grandes, moyennes et petites surfaces de l’ile pour garantir des prix plafonds à des paniers de 35 à 134 produits du quotidien, nouveau prêt action logement garanti par l’Etat…
Sans se satisfaire de l’amélioration sensible de la situation déjà obtenue par ces mesures, et préoccupés par le souci des plus vulnérables et des plus précaires, les services de l’Etat continuent d’oeuvrer en ce sens avec leurs partenaires.
Le préfet de la Martinique a toujours souhaité nourrir le dialogue avec toute personne de bonne volonté, prête à travailler
sérieusement à la poursuite de ces efforts communs au service des Martiniquais et du territoire.
Plusieurs pistes concrètes d’action ont d’ores et déjà été soumises à la concertation locale pour accentuer la maîtrise des coûts, qui, seule, permettra de faire durablement baisser les prix.
Il aura l’occasion de s’exprimer à ce sujet mardi soir au journal télévisé de Martinique la Première. »
Deux députés, Maurice Nadeau et Jean-Philippe Nilor, se sont précipités au commissariat de Fort-de-France. Il voulaient voir les conditions de retenue de Rodrigue Petitot, quadragénaire engagé dans la lutte contre la vie chère, leader du Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-caribéennes (RPPRAC), interpelé dans la nuit de samedi à dimanche dans des circonstances pas claires.
Auparavant, ils ont expliqué leur démarche dans un communiqué à l’en-tête de l’Assemblée nationale française.
Pendant ce temps, sur le port, les syndicats manifestaient leur soutien.
« Aucune réception ou livraison ne sera assurée » au port de Fort-de-France.
L’intersyndicale du port de Fort-de-France a décidé de bloquer le port ce lundi 2 septembre 2024.
Ils demandent la libération immédiate de Rodrigue Petitot dit “Le R”, président du RPPRAC, entendu au commissariat de police de Fort-de-France.
Ils exigent également l’ouverture immédiate des négociations sur la baisse des prix.
Aucune réception et livraison de conteneurs ne sera assurée jusqu’à ce que leurs deux points soient satisfaits, selon le communiqué.
A suivre.