Dans le contexte du changement climatique, la Cour des comptes et les chambres régionales des comptes, notamment celle de Martinique, ont décidé de consacrer une enquête sur la gestion quantitative de l’eau depuis 2016, qui est devenue une préoccupation aussi importante que celle de sa qualité.
« [La] protection de l’eau, sa mise en valeur et le développement de la ressource utilisable, dans le respect des équilibres naturels, sont d’intérêt général », souligne l’article L. 210-1 du code de l’environnement.
Pour assurer la protection de ce patrimoine, la politique publique doit préserver le bon fonctionnement du grand cycle de l’eau et favoriser ainsi son renouvellement ainsi que la satisfaction des besoins des milieux naturels et des besoins humains.
En Martinique, alors que le régime des précipitations de ce territoire insulaire tropical conduit à une inégale répartition temporelle et spatiale de la ressource, l’eau consommée est essentiellement issue des eaux superficielles. Cette inégalité conduit à des difficultés d’alimentation en eau potable, voire à des ruptures pendant la période sèche sur certaines parties du territoire.
La ressource en eau fait en outre l’objet de multiples pressions dont celles liées à l’assainissement et à la présence de chlordécone. Elles génèrent d’importantes pollutions impactant l’environnement.
Malgré un diagnostic connu et la multiplication des documents de planification ainsi que des instances de gouvernance, l’état de la ressource en eau s’est peu amélioré au cours de la période 2016-2022. Il en est de même pour ce qui concerne le service rendu aux usagers qui continuent de souffrir d’interruptions de service aux conséquences sociales importantes.
La sécurisation de la ressource en eau sur le territoire de la Martinique devra nécessairement être axée sur la diversification de la ressource par l’exploitation des masses d’eau souterraines, sur l’amélioration substantielle du rendement des réseaux, notamment celui de la communauté d’agglomération du centre de la Martinique (CACEM), et sur un recours plus soutenu à l’eau produite au sein de l’usine de Vivé.
La mise en œuvre d’une gouvernance unique et de procédures administratives plus contraignantes pourront participer de cet objectif en permettant une réflexion à l’échelle de l’ensemble du territoire.
Les économies de la ressource en eau liées à des modifications comportementales ou au développement de pratiques alternatives constituent des pistes intéressantes, mais marginales.
Les actions nécessaires ne peuvent actuellement être financées par le seul prix de l’eau. Elles nécessitent un recours important aux subventions compte tenu de la fragilité financière des EPCI compétents.
Le cahier thématique du rapport est consultable à l’adresse suivante :
Un bilan de la décentralisation sur cette thématique est également disponible à l’adresse suivante :
https://www.ccomptes.fr/fr/publications/le-rapport-public-annuel-2023