À l’occasion de la commémoration des 50 ans des événements de Chalvet, Martinique la 1e propose une soirée spéciale.
En Martinique, les événements de Chalvet représentent un pan dramatique de l’histoire du territoire, sur fond de grève des ouvriers agricoles. Débuté le 17 janvier 1974, le mouvement avait vite pris de l’ampleur. Les ouvriers agricoles des exploitations de banane réclamaient un salaire de 35,46 francs contre moins de 30 francs par jour jusque-là. Le 14 février, à Basse-Pointe, les gendarmes chargeaient les manifestants.
Elle s’acheva le 19 février avec un tragique bilan : un mort et de nombreux blessés. Un gréviste, âgé de 55 ans, Ilmany Sérier, surnommé Rénor, fut tué par un gendarme. Un autre homme de 19 ans, Georges Marie-Louise, emmené dans les locaux de la gendarmerie du Lorrain pour y être interrogé, avait été retrouvé mort, sur la plage de l’Anse Chalvet.
Le jour où le cercueil d’Ilmany fut enlevé
Des événements tragiques qui font désormais partie de l’histoire de la Martinique. Cette page d’histoire donnera lieu à une recomposition du paysage syndical et politique. Car, durant toute la grève des ouvriers agricoles, s’est jouée une véritable lutte d’influence entre syndicats et nouveaux mouvements nationalistes émergents.
Episode marquant de cette lutte : le jour de l’enterrement d’Ilmany Rénor, son cercueil a été enlevé sur le parvis de l’église du Lorrain et transporté dans une maison un peu plus loin aux cris de : « Nou lé wè si sé Ilmany ki an serkey-la ! » (« Nous voulons savoir si c’est Ilmany qui est dans le cercueil ! »)
Chalvet, la conquête de la dignité
À l’occasion de la commémoration des 50 ans des événements de Chalvet, le documentaire de la réalisatrice Camille Mauduech, Chalvet, la conquête de la dignité, sera également diffusé (le 20 février, à partir de 20 h 55).
Dans les années 70, une nouvelle classe de travailleurs urbains voit le jour, alors que les zones rurales se dépeuplent. Les conditions de travail des ouvriers agricoles de la canne à sucre et de la banane sont, pour un salaire de misère, déplorables et cruels et vont donner naissance à des mouvements sociaux et à une longue lutte ouvrière réprimée dans le sang. Plus de 40 ans après les faits, le troisième documentaire de Camille Mauduech, après Les 16 de Basse-Pointe, La Martinique aux Martiniquais, L’affaire de l’Ojam, met en lumière, à travers des témoignages et des images d’archives, cette révolte sociale des ouvriers agricoles du nord de la Martinique. Les témoins de cet épisode relatent avec force et émotion cette dernière grande grève ouvrière.
Mardi 20 février, à partir de 20 heures, sur Martinique La 1e