Alfred Marie-Jeanne, qui présidait le conseil régional de Martinique entre 1998 et 2010, doit comparaître avec sa fille Maguy Marie-Jeanne et son gendre Mark Frampton, devant le tribunal judiciaire de Paris.
De quoi s’agit-il ? Ils sont soupçonnés de prise illégale d’intérêt, faux et usage de faux autour de l’attribution d’un marché public pour la reconstruction d’une école en Dominique en 2005.
En 2004, un séisme de magnitude 6,4, dont l’épicentre se situe près de l’archipel des Saintes, secoue aussi la Dominique proche. Les dégâts sont importants aux Saintes. Dans le nord de la Dominique, des bâtiments sont détruits, dont une école primaire.
La Martinique, qui n’a pas subi de dégâts majeurs, se porte candidate pour aider à la réhabilitation de l’école Roosevelt-Douglas de Portsmouth.
Le conseil régional, présidé par Alfred Marie-Jeanne, débloque une aide financière, votant une enveloppe de 648 326€.
La Région lance un appel d’offre pour la reconstruction de l’école. Anonym’art, cabinet d’architectes basé en Guadeloupe, décroche le contrat. L’établissement scolaire est rebâti puis inauguré en 2007 en présence d’Alfred Marie-Jeanne.
Le Canard enchaîné en 2010, juste avant les régionales, publie des éléments d’une lettre anonyme signée Green Parrot (perroquet vert, en français, allusion au perroquet sur le drapeau de la Dominique).
Que dit cette lettre ? Elle dénonce l’utilisation frauduleuse qui aurait été faite des fonds de la Région pour la construction de l’école à la Dominique.
Il pourrait y avoir un conflit d’intérêts : le principal associé du cabinet d’architectes retenu pour mener les travaux est Mark Frampton, consul honoraire de la Dominique, et compagnon de Maguy Marie-Jeanne, fille du président de Région, qui dirige le service de coopération de la collectivité.
De plus, les comptes présentés à la préfecture pour la validation du projet présentent un différentiel de 200 000 € avec une subvention complémentaire adoptée en commission permanente (648 326,57€) et le montant inscrit dans la délibération finale (848 326,57€).
Après plusieurs renvois, l’affaire est dépaysée à Paris et y reste. Elle se jugera sans Alfred Marie-Jeanne, 88 ans, pour des raisons de santé.