Ces propos de Marine Le Pen, leader du Rassemblement national (RN), tenus sur Face à BFM, ont fait bondir les élus de l’Outre-mer. Pourtant, quand on fait le tour des médias nationaux, ces phrases n’ont en rien retenu d’emblée l’attention de la presse hexagonale. Il aura fallu une montée au créneau d’élus ultramarins pour qu’ils se bougent. Comme quoi, le racisme ordinaire se porte bien.
Qu’a dit Marine Le Pen qui s’est vu offrir une belle tranche d’infos sur BFM TV ? « Quand vous voyez que je suis arrivée en tête, y compris aux Européenne, Outre-mer, vous vous rendez compte que les accusations de racisme et de xénophobie n’ont aucun sens. Beaucoup de Français prennent conscience qu’on peut vouloir maîtriser l’immigration sans avoir de sentiments négatifs envers quiconque. Moi, je n’ai pas de sentiments négatifs à l’égard des étrangers, je n’ai aucune haine, aucune peur. »
Plus tard, elle a dit, parlant des Domiens : « C’est eux qui ont voté pour moi, car ils sont contre l’immigration. On nous accuse en permanence de racisme et de xénophobie or, nos compatriotes d’Outre-mer, qui sont de couleur et qui votent pour moi, ne supportent pas, eux, l’immigration qu’ils subissent. Ils ne sont ni xénophobes ni racistes. »
La bronca n’a pas manqué : à droite, au centre, à gauche.
L’une des premières à réagir a été Josette Borel-Lincertin, présidente du Conseil départemental de la Guadeloupe (PS) : « Marine Le Pen expose les raccourcis infâmes nichés depuis toujours dans son esprit et qui renvoient les populations d’Outre-mer à un seul statut : des étrangers de couleur aux marges de la République. Honteux !»
Olivier Serva, député La république en Marche (LREM) : « La présidente du Rassemblement National a pris comme prétexte d’être arrivée en tête aux élections européennes en Outre-mer pour écarter les questions posées sur sa xénophobie et son racisme. Je condamne fermement ces propos indignes d’un élu de la République. Ces réponses sous-entendent que les ultramarins ne seraient pas des ressortissants français. Ce faisant, Marine Le Pen laisse apparaître la considération véritable qu’elle porte à nos territoires et à ceux qui les peuplent. La diversité et la richesse culturelle des Outre-mer ne sauraient servir de prétextes aux idéologies mortifères défendues par le Rassemblement National et sa Présidente.
Le racisme et la xénophobie sont des questions trop graves pour être traitées avec une telle légèreté d’autant plus par une personne qui postule à la mandature suprême pour la République. »
A Paris, Patrick Karam (UMP, Les Républicains), vice-président du Conseil régional d’Île de France, ancien président du Creform, a souligné : « Grande adepte des naufrages intellectuels, Madame Le Pen nous aura permis de comprendre que, pour elle, nos compatriotes ultramarins sont des étrangers et qu’ils ne seront jamais des Français comme les autres. » Patrick Karam qui a rappelé que Jean-Marie Le Pen, le père de Marine, n’a jamais pu poser le pied en Guadeloupe, une foule l’attendant de pied ferme sur le tarmac de l’aéroport pour lui interdire d’aller plus loin que le bas de l’échelle de l’avion.
Un député guyanais, Lénaïk Adam (LREM), a dit : « Je rappelle à ma collègue que la xénophobie c’est la peur des étrangers. Or, il me semble bien que la population ultramarine, qui compte une patrie de son électorat, est française. »