Marie-Luce Penchard : « Il n’est pas question qu’il y ait une baisse du prix des carburants au détriment des collectivités sans une compensation de l’Etat »

Le Premier ministre Jean Castex a annoncé samedi 12 mars qu’à compter du 1er avril, et pour une durée de 4 mois, une remise de 15 centimes par litre sera appliquée sur le prix à la pompe. Cela représente environ 9 euros économisés pour chaque plein de 60 litres.

Baisser le prix du litre de carburant pour tenter de compenser la hausse permanente, mois après mois, constatée depuis le 1er janvier 2022 — une nouvelle hausse, conséquente, serait prévue prochainement liée à la guerre en Ukraine — est une bonne chose pour le portefeuille des Français.

Cependant, Outre-mer, c’est peut-être une autre histoire. Si la baisse intervient, il faut s’attendre à une incidence non négligeable sur les finances des Régions, mais aussi des collectivités, des communes.

En effet, sur le prix d’un litre de carburant, la Région perçoit une taxe de 36 centimes pour le gazole, de 58 centimes pour le sans-plomb, l’Etat une taxe de 4 centimes, le distributeur (station-service) perçoit une rémunération de 20 centimes, la raffinerie 3 centimes, le coût de la matière première étant de 81 centimes pour le sans-plomb, de 85 centimes pour le gazole.

Sur le prix de la bouteille de gaz, la Région perçoit 1,27 euro, l’Etat rien du tout, le distributeur 12,21 euros, la SARA 0,47 euro, la matière première coûtant 9,78 euros.

@SARA

On voit tout de suite qu’une baisse du prix du litre de carburant aurait une incidence sur les finances régionales. Un proche du président Chalus ne cachait pas que cette incidence serait sans doute répercutée sur certaines opérations. Et de rappeler que la Région a la maîtrise d’ouvrage sur de nombreux projets d’importance en lieu et place des EPCI et des communes en difficultés — comme la construction de 21 déchèteries, essentielles dans le cadre d’un environnement sain pour la Guadeloupe et les Guadeloupéens. Mais aussi une incidence sur la poursuite des projets régionaux structurants. Cet ensemble de projets, qui lui sont délégués ou en propre à la Région font travailler des entreprises locales, qui elles-mêmes font travailler des Guadeloupéens. C’est tout une économie qui tourne grâce à la Région. On voit le risque qu’une baisse du prix du carburant, sans compensation,, fait courir à l’économie locale.

Marie-Luce Penchard, vice-présidente de la Région Guadeloupe : « Nous ne soutiendrons pas cette mesure comme ça. Il n’est pas question qu’il y ait une baisse du prix des carburants au détriment des collectivités. Ce peut être une bonne chose pour les consommateurs que nous sommes, mais il faut voir plus loin, réunir très rapidement — et c’est un appel que nous lançons au préfet de Région — les services de l’Etat et les partenaires de la filière pour éviter un clash. L’Etat doit mettre la main à la poche pour éviter que l’incidence sur les finances de la Région, mais aussi des collectivités, et là je pense aux communes, soient impactées par cette baisse. A La Réunion, la baisse est effective à partir de la semaine prochaine. Je souhaite savoir comment l’Etat a compensé cette baisse. On ne peut pas baisser l’octroi de mer en Guadeloupe sans compensation. »

L’ancien ministre des Outre-mer, poursuit : « On se souvient en 2009 que la protestation a démarré parce que les gérants de stations-services et la SARA ne s’entendaient pas sur les marges. Je ne pense pas qu’on veuille revoir une situation aussi explosive. Si on ne clarifie pas la situation, on peut se retrouver avec une situation aussi difficile à gérer. Ce n’est pas le moment ! »

Dans un tweet, Victorin Lurel, sénateur, lui aussi ancien ministre des Outre-mer, propose un blocage des prix des hydrocarbures pour trois mois à 1,70 euro et une compensation pour les collectivités. A suivre.

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