La 5e édition du concours de productions littéraires en langue créole, destiné aux lycéens de Guadeloupe, a enregistré une participation record.
Organisée par le Conseil de la culture, de l’éducation et de l’environnement (CCEE), la 5e édition du concours de nouvelles, contes et poésies en créole a récompensé 10 lycéens de Guadeloupe. Depuis la création du concours, destiné aux élèves qui suivent l’option langue vivante régionale, la participation a fortement progressé : 60 élèves de 8 établissements de l’archipel ont candidaté. Une émulation de bon augure pour un concours qui entend valoriser la langue créole.
« Cette manifestation a toute sa place, commente Gersiane Bondot-Galas, vice-présidente de la Région Guadeloupe, en charge de la commission Lycées et éducation. La langue créole est belle : c’est un patrimoine que les jeunes doivent préserver. Les enseignants sont à leurs côtés pour mettre le créole à l’honneur. »
Quelle que soit la catégorie choisie (conte, nouvelle, poésie), les productions des élèves devaient respecter le thème choisi cette année : « wouj » (la couleur rouge). La remise des prix organisée, samedi 25 mai, au centre culturel Rémy-Nainsouta (Pointe-à-Pitre) a permis de constater que les lycéens portent haut le flambeau de la langue créole.
« Cette 5e édition est une grande satisfaction, se réjouit Félix Lurel, président du Conseil de la culture, de l’éducation et de l’environnement. Il y a eu une plus forte implication des lycéens, des enseignants, du rectorat qui nous a accompagnés. La langue créole est notre patrimoine : il faut le valoriser en permettant aux élèves de prendre une part active. »
Elève de Terminale scientifique au lycée Yves-Leborgne (Sainte-Anne), Janyce Jason est lauréate de la catégorie Conte avec Asi chimen a zansèt. À 17 ans, la lycéenne qui se destine à des études de médecine, sait que la culture créole continuera de faire partie de sa vie. Membre de Lakou Véranda, Janyce pratique le gwoka, une autre façon de tisser le lien avec le créole.
« Nous avons conscience de notre passé, de notre histoire, de notre identité »
Janyce Jason, lauréate de la catégorie Conte
« Dès la classe de Seconde, j’ai souhaité apprendre à écrire correctement le créole, à m’exprimer, m’imprégner du créole, explique la lycéenne. Je continuerai après le bac. Ce rapport à la culture est très important pour moi, pour montrer que la jeunesse aussi est présente dans la culture, que nous avons conscience de notre passé, de notre histoire et c’est ce qui fait notre identité. Je resterai attachée à ma culture quoi qu’il arrive. »
Primé par le jury, son conte, Asi chimen a zansèt retrace le parcours initiatique d’un jeune garçon qui tournait le dos à sa culture, en dépit des efforts de sa grand-mère. « Un jour, après son décès, à la cascade Bis, à Sainte-Rose, un oiseau de couleur rouge le ramène en 1848, un mois avant l’abolition de l’esclavage. Plongé dans le contexte de la révolte, il prend conscience de l’importance de la culture, de notre identité. De retour en 2020, il commence à apprendre à jouer du gwoka. »
Un premier conte de Janyce Jason, empreint d’une grande pertinence, que le jury a su apprécier.
Cécilia Larney
Le palmarès
Conte
- Janyce Jason (1ere), lycée Yves-Leborgne
- Loanne Seaman (2e), lycée Yves-Leborgne et Laurène Lengrai (2e), lycée Hyacinthe-Bastaraud (ex-aequo)
- William Rinol (3e), lycée Faustin-Fleret
Nouvelle
- Loryanne Afoy (1ere), lycée Charles-Coeffin
- Julie Thenard-Biron (2e), lycée Faustin-Fleret
- Birhanna Lewis (3e), lycée Droits de l’Homme
Poésie
- Anaïs Nimirf (1ere), lycée polyvalent Nord Grande-Terre
- Garana Jean (2e prix), lycée Charles-Coeffin
- Cyrielle Vergerolle (3e prix), lycée Hyacinthe-Bastaraud
