Basée à Atlanta (Etats-Unis), Maïré Bavarday-Rosa, cheffe d’entreprises, originaire de Marie-Galante, prouve qu’avec de la détermination et la capacité à s’adapter, on peut faire bouger les lignes. Pour soi et pour les autres !
Lauréate du 2e prix (250 000 $) du concours Black Ambition porté par l’artiste et producteur renommé Pharrell Williams, Maïré Bavarday-Rosa, 40 ans, n’a pas fini d’en apprendre dans le monde du business. Après avoir effectué toute sa scolarité, jusqu’au bac, à Marie-Galante, elle s’envole pour Québec (Canada). Nous sommes en 2000. Elle sait simplement qu’elle ne veut pas « comme tout le monde » faire des études dans l’Hexagone, mais souhaite malgré tout évoluer dans un environnement francophone. « C’était vraiment une très grande aventure pour moi qui n’ai jamais vécu en Guadeloupe et qui ne connaissais personne au Canada ! »
Celle qui ne renonce pas face aux difficultés, étudie en sciences sociales et prévention de la criminalité auprès des jeunes. Elle exerce ensuite dans ce secteur pendant environ 7 ans à Montréal, Atlanta, Londres… avant de se laisser tenter par l’entreprenariat. Un autre monde de difficultés à appréhender.
Femme, Noire, immigrante…, un cocktail infernal
« Je pensais avoir une vie professionnelle normale, tranquille, confesse Maïré. Mes parents étant artisans, depuis très jeune, je les ai vus galérer ! Ils m’avaient même conseillé de ne pas suivre cette voie ! Je n’ai pas pu échapper à mon destin ! » Elle crée d’abord une entreprise spécialisée dans la livraison de marchandises avant de fonder sa deuxième affaire, Ecom Spaces, un hub de e-commerce, qui a été primé par Black Ambition. « J’ai toujours été attirée par la tech, précise Maïré. J’ai eu tellement de galères avec mon premier business dans le shipping que je me suis promis d’aider d’autres entrepreneurs qui débutent pour leur éviter les mêmes péripéties que moi ! Etre une femme, Noire, immigrante ont été autant de points qui m’ont freinée dans le développement de mon activité. J’ai perdu énormément d’argent, je payais des gens qui ne faisaient pas leur travail… C’était très difficile, d’autant que j’étais isolée, je ne parlais pas bien l’anglais… Mais, il ne faut jamais baisser les bras et toujours s’adapter au marché, sinon on meurt ! »
Ces déboires ont donné naissance à Ecom Spaces, un concept qui fait le bonheur d’entrepreneurs de tous âges et permet aujourd’hui à Maïré de se faire très favorablement remarquer par des entreprises bien mieux cotées que la sienne.
250 000 $ et de précieux contacts
« Quand j’ai pu avoir un entrepôt à Atlanta, je l’ai partagé avec d’autres entrepreneurs. Au fur et à mesure, j’ai ajouté des services pour créer notre premier hub de e-commerce à Atlanta, avec un espace coworking, des entrepôts, des studios de photo, de podcast, des bureaux privés… Tout ce dont a besoin un entrepreneur débutant en e-commerce pour développer son activité. Notre plus jeune cliente a 16 ans et le plus âgé, 70 ans. Il s’agit avant tout d’aider ceux qui en ont besoin et dont les produits sont utiles au consommateur. »
Quand elle est approchée par l’équipe de Black Ambition, Maïré qui re.vient de loin et n’a plus rien à perdre, décide de participer au concours. Elle finit sur la deuxième marche avec un chèque de 250 000 $. Mais, pour elle, ce n’est pas le plus important : elle voit déjà plus loin ! « Au-delà du chèque, le soutien que nous apporte l’équipe de Black Ambition pour nous mettre en relation avec des personnes de premier plan qui peuvent nous aider dans notre business, est vraiment précieux ! » Parce que la proposition lui a déjà été faite, Maïré qui compte une équipe d’une quinzaine de collaborateurs envisage de vendre Ecom Spaces pour fonder le même type d’activité en Ethiopie. « Dans le futur, je vois l’Ethiopie comme le leader mondial du e-commerce ! »
Celle qui n’oublie pas d’où elle vient devrait finir cette année riche en opportunités chez elle, à Marie-Galante, où elle souhaite aussi mettre en place un prix à l’instar de Black Ambition pour donner des ailes aux entrepreneurs de son île. Dans un premier temps.
Cécilia Larney
