Avec la réforme « annoncée » des lycées professionnels, les syndicats redoutent des suppressions de postes dès la rentrée prochaine, et une fragilisation de la filière.
Réunis en intersyndicale, les représentants des personnels de la filière professionnelle étaient mobilisés, ce mardi 12 décembre, pour dire « non » à la grande réforme des lycées professionnels.
À la veille du Conseil supérieur de l’éducation qui se tiendra à Paris, le 14 décembre, les syndicats de Guadeloupe ont joint leurs voix à celles de leurs collègues de l’Hexagone pour dénoncer unanimement une réforme des lycées professionnels imposée et qui fragilise la filière professionnelle. « Cette réforme est proposée sans consulter les organisations syndicales, déplore Jean-Marc Piéroche, secrétaire académique SNETAA-FO Guadeloupe. Tout est déjà bouclé, c’est un passage en force : le projet de proposer aux élèves qui optent pour une insertion professionnelle sitôt après le Bac Pro, d’effectuer 6 semaines de stage rémunéré en entreprise, est déjà sur les sites académiques, bien avant le Conseil supérieur de l’éducation, prévu le 14 décembre ! ».
« Nous refusons la mainmise des entreprises sur les filières professionnelles ! »
En plus de la méthode du gouvernement dénoncée par les syndicats, cette réforme risque de se heurter à la réalité du terrain, particulièrement en Outre-mer. « Comment peut-on placer les élèves de Terminale bac pro en stage en même temps, pendant 6 semaines, dans des entreprises qui peinent déjà à satisfaire les demandes, interrogent les syndicats. Quand nous visitons les élèves en stage, les chefs d’entreprise nous demandent de ne surtout pas programmer tous les stages en même temps. C’est mentir aux élèves et aux parents que de leur faire penser qu’ils auront tous un stage à partir de la mi-mai pendant 6 semaines ! »
De même, la création de Bureaux d’entreprises au sein des lycées professionnels, est un pas vers « la privatisation des lycées professionnels, estime l’intersyndicale. Nous refusons la mainmise des entreprises sur les filières professionnelles. »
« Un démantèlement du statut des personnels. »
Les syndicats, qui disposent d’une infime marge de manœuvre, voient aussi dans les changements annoncés un « démantèlement » du statut des personnels. Ils redoutent des suppressions de postes dès la rentrée prochaine. « Tous les élèves ne relèvent pas de l’apprentissage, commente Jean-Marc Piéroche. La formation professionnelle, c’est d’abord un enseignement sous statut scolaire pour apprendre à être un citoyen et pour cela, il faut des moyens, du personnel. La mise en place de stages dès le mois de mai équivaudra à moins d’heures de cours à dispenser, donc moins de besoin de personnels et des suppressions de postes. Nous ne pouvons pas accepter cette décision qui a été prise sans consultation des organisations syndicales. C’est notre statut qui est cassé ! »
Pour l’intersyndicale, la réforme portée par Carole Grandjean, ministre déléguée, chargée de l’enseignement et de la formation professionnels, qui ne profite pas aux élèves et dégrade les conditions de travail, doit être retirée. Seront-ils entendus ?
Cécilia Larney