Réunis au sein du Lyannaj santé Gwadloup, les soignants libéraux de Guadeloupe, opposés à l’obligation vaccination, alertent sur les conséquences de leur suspension pour la santé de leurs patients.
Derrière les statistiques de l’obligation vaccinale et l’application des sanctions, il y a une réalité. Celle d’hommes et de femmes qui ont choisi le domaine de la santé pour prendre soin des autres. Des hommes et des femmes qui se retrouvent privés de revenus, incapables d’exercer le métier qu’ils ont choisi. Incapables de faire face à leurs obligations financières.
« Nous ne sommes pas des pestiférés ! »
Suspendus, les soignants libéraux (dentistes, infirmiers, radiologues, orthoptistes…) ont choisi de se regrouper au sein du collectif Lyannaj pou santé, présidé par Aubert Archimède, masseur-kinésithérapeute. « Nous voulons faire respecter notre choix de nous faire vacciner ou non. Nous ne sommes pas des pestiférés, clament les libéraux. Nous ne négocions pas avec notre santé ! Nous revendiquons la liberté d’exercer, de disposer de notre corps. » Ensemble, ils entendent défendre leur position concernant l’obligation vaccinale par laquelle ils sont directement concernés.
« Nos patients sont en danger ! »
Vanessa Tardel, orthophoniste.
« Nous devons avoir le choix, soutient Vanessa Tardel, orthophoniste. Si nous perdons notre liberté en tant que soignants, la société va s’effondrer. Il faut qu’on nous enlève cette obligation vaccinale : on ne cèdera en aucun cas. Ces suspensions qui nous obligent à fermer nos cabinets ne tiennent pas compte du bien-être de nos patients qui se retrouvent en rupture de soins. Nos patients sont en danger ! »
Infirmière, Marie-Line Coquitte explique combien la relation soignant/patient, tissant sur plusieurs années et souvent étendue au reste de la famille est essentielle. « Depuis que nous sommes suspendus, beaucoup de patients qui ne veulent pas être orientés vers un autre soignant, sont complètement désemparés, constate Marie-Line Coquitte. Là aussi, la liberté pour le patient de choisir son soignant est fondamentale. »
Une offre de soins dégradée
Au cours d’une conférence de presse, ce mardi, au Palais de la mutualité (Pointe-à-Pitre), « bik » du LKP, Lyannaj pou santé a défendu son point de vue sur l’obligation vaccinale, les difficultés que posent les suspensions… « Pour les soignants qui refusent la vaccination, on suggère une reconversion professionnelle, lance Vanessa Tardel. Quand on connaît le taux de chômage en Guadeloupe, j’aimerais connaître laquelle, d’autant que le métier pour lequel nous avons été formés, c’est celui de soignant ! »
Une situation qui fragilise encore plus une offre de soins déjà insuffisante en Guadeloupe, avec des délais d’attente pouvant allant jusqu’à un an pour certaines spécialités…
Cécilia Larney
