Lucette Michaux-Chevry, ancienne ministre, ancienne présidente du conseil régional, femme politique aux multiples casquettes, est décédée jeudi 9 septembre, à 19 h 48.
La classe politique lui a rendu hommage au soir de sa mort.
D’autres hommages ont été déposés vendredi 10 septembre :
Serge Letchimy : « Bélya pou an fanm djok Gwadloup ! »
« C’est avec une profonde tristesse que j’ai accueilli la nouvelle de la mort de Lucette Michaux-Chevry. En plus d’être l’une des personnalités politiques les plus emblématiques de la Guadeloupe, elle était une proche. Bien que nous ne partagions pas les mêmes opinions politiques, nous avions tissé des liens qui donnaient tout son sens aux « îles sœurs ».
Dans mes moments les plus difficiles comme de grande joie, elle n’était jamais bien loin. Je n’osais me rendre en Guadeloupe sans venir la saluer. Sa voix et son amitié comptaient.
En 92 années, celle que certains surnommaient « Cecette » ou encore « Gran Madanm la », a occupé de nombreuses fonctions politiques locales et nationales qui font d’elle une personnalité pleinement investie au service de ses compatriotes.
Tous ceux qui l’ont connu ont apprécié son énergie, sa bonté, et, faut-il le dire, sa force de caractère. Cette force humaine qu’elle a mise au service de la Guadeloupe.
An fanm djok kité nou. Mais Lucette, tu sais autant que moi que le souvenir est le parfum de l’âme. La mort ne t’a pas emporté, elle a simplement multiplié ta mémoire dans chacun de nos cœurs.
Repose en paix, Cecette. »
Jacques Gillot, ancien sénateur et ancien président du Conseil général : « Pugnacité, audace et dynamisme »
« C’est avec une grande émotion que j’ai appris la disparition de Lucette Michaux-Chevry.
Je tiens à saluer cette grande figure de la politique locale, caribéenne et nationale qui aura marqué de son empreinte indélébile l’histoire de la Guadeloupe.
Je tiens à rendre hommage aux valeurs de pugnacité, d’audace et de dynamisme qu’elle aura incarnée toute sa vie durant, avec l’amour de la Guadeloupe chevillé au corps.
A sa fille Marie-Luce Penchard, à sa famille et à ses proches, j’adresse mes condoléances attristées. »
Christian Baptiste, maire de Sainte-Anne : « Appréciée ou décriée, elle nous aura tous marqués »
« C’est avec émotion que la classe politique guadeloupéenne a appris, hier soir, par sa fille Marie-Luce Penchard, le décès de Madame Lucette Michaux-Chevry, figure emblématique de la vie politique de l’île pendant près de 60 ans.
La « Dame de fer » de la Guadeloupe, s’est éteinte à l’âge de 92 ans, entourée par ses proches, après un long combat contre la maladie. C’est désormais une page de l’histoire politique de la Guadeloupe qui se tourne.
Avec son caractère bien trempé et son élégance à toute épreuve, nous sommes unanimes à souligner sa poigne, sa combativité, sa détermination, son engagement lorsqu’il s’agissait de défendre les spécificités locales de la Guadeloupe, et ce jusque dans les plus hautes sphères du Gouvernement.
Avocate, présidente du Conseil général de la Guadeloupe, trois fois députée, secrétaire d’Etat chargée de la Francophonie, deux fois présidente du Conseil Régional de la Guadeloupe, ministre dans les Gouvernement de Jacques Chirac et d’Edouard Balladur, deux fois sénatrice et cinq fois maire, elle aura occupé tous les postes politiques et donné sa vie à la Guadeloupe.
Appréciée ou décriée, elle nous aura tous marqués de son vivant. Elle a été et restera un modèle pour bon nombre de femmes et de politiciens.
Pour ma part, je garderai d’elle, l’image d’une femme « poto mitan », d’une femme stratège et engagée. J’ai une profonde reconnaissance pour les conseils qu’elle m’a apportés lorsque j’étais Directeur de l’Association des Maires de Guadeloupe. Spontanée et de contact facile, nous échangions souvent sur des problématiques qui intéressaient particulièrement notre territoire.
Je tiens à adresser mes plus sincères condoléances à ma collègue Marie-Luce, à sa famille, ses proches et amis. »
Eustase Janky, président d’Université : « Celle qui aura impulsé l’idée d’un campus universitaire de grande envergure »
« C’est avec tristesse que j’ai appris le décès de Mme Lucette Michaux-Chevry, cette Grande Dame qui aura occupé les plus hautes fonctions politiques de Guadeloupe et de France.
Saluant l’ambition universitaire de Mme Lucette Michaux-Chevry, l’université des Antilles tient à affirmer sa reconnaissance envers Celle qui aura impulsé l’idée d’un campus universitaire de grande envergure : le campus du Camp Jacob qui accueille aujourd’hui la faculté des lettres Roger Toumson et l’IUT de Guadeloupe.
Le chantier ambitieux de ce pôle d’excellence a ainsi permis à l’université des Antilles de déployer les possibilités d’études supérieures sur la zone Basse-Terre donc sur les deux versants du territoire guadeloupéen.
L’Université des Antilles rend hommage à cette visionnaire qui aura tant œuvré en faveur de l’enseignement supérieur et de la recherche en Guadeloupe, en accompagnant au niveau régional les projets de l’université et les bourses de nombreux étudiants notamment les doctorants.
Mme Michaux-Chevry aura initié une véritable politique régionale de développement de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui ne se démentira pas au fil des mandats successifs régionaux en Guadeloupe.
J’ai une pensée pour la famille aimante de Mme Michaux-Chevry et particulièrement pour sa fille Marie-Luce Penchard, qui aura également, au nom de l’actuel président de Région, accompagné avec conviction durant de longues années à son tour le développement de l’université des Antilles.
L’Université des Antilles et son conseil d’administration tiennent ainsi à saluer cette amie de l’université qui nous quitte trop tôt malgré tout. »
Victorin Lurel : « Éïa pou Gwan Madanm la ! »
« C’est avec une émotion particulière que j’apprends la disparition de Madame Lucette Michaux-Chevry. Controversée souvent, décideuse toujours, c’est une force dotée d’un exceptionnel élan vital et d’un sens inégalé du leadership qui nous quitte aujourd’hui.
Lucette était, à elle seule, l’incarnation complexe d’une Guadeloupe combattante et fière. Une guerrière exceptionnelle, un stratège politique hors pair, un style inimitable auquel une belle partie de la Guadeloupe a adhéré.
En cet instant, je retiendrai sa part de lumière ainsi que son sens inné de sentir et de vivre les pulsations du peuple, son intuition politique, son élégance tout autant que sa gouaille.
Combattante infatigable, Lucette Michaux-Chevry c’était avant tout une puissance d’actions. Débordant sa propre vie, en quête perpétuelle d’une conquête des cœurs et du pouvoir, elle aura occupé tous les postes politiques locaux et nationaux auxquels elle aura imprimé son style et sa volonté.
Malgré nos relations contrastées et nos oppositions franches, je salue aussi la mémoire de celle qui aura conduit la destinée de notre Guadeloupe en consacrant toute sa vie et toute son énergie à la défendre.
Si je n’absous rien, j’estime que par son parcours, par son engagement, par sa force, Madame « le Président » — comme elle aimait se faire dénommer — aura fait respecter le Péyi.
A l’heure où Lucette Michaux-Chevry entre dans l’Histoire, j’adresse à ses enfants, petits-enfants, amis et proches ainsi qu’au peuple de la Guadeloupe, mes sincères condoléances.
Éïa pou Gwan Madanm la ! »