Lovely Euphrasie-Clotilde : «Nous avons un devoir générationnel»

Post-doctorante, la Guadeloupéenne Lovely Euphrasie-Clotilde fait partie des 35 chercheuses primées par la Fondation L’Oréal, l’académie des Sciences et la commission nationale française pour l’Unesco. Elle étudie l’impact des brumes de sable sur la qualité de l’air dans la zone Caraïbe.

Le prix Jeunes talents France L’Oréal-Unesco pour les femmes et la science récompense l’excellence scientifique au féminin. Des doctorantes ou post-doctorantes dont les travaux scientifiques contribuent à construire « un monde plus durable et inclusif ».

Originaire de Baie-Mahault, Lovely Euphrasie-Clotilde mène des travaux sur l’impact des brumes de sable sur la qualité de l’air dans la Caraïbe. Une problématique pour le moins essentielle dans nos territoires.

« La reconnaissance de la qualité de mes travaux. »

Au sein du laboratoire KaruSphère, aux Abymes, Lovely étudie quotidiennement les données satellites (fournies par la NASA), mesurées au sol par des organismes spécialisées dans la qualité de l’air (Gwad’air, Madinin’air), et climatologiques de Météo France, sur la température, l’humidité… L’objectif étant de définir la composition, les propriétés des brumes de sable africaines qui impactent la qualité de l’air dans la Caraïbe.

Cette année, Lovely Euphrasie-Clotilde a pu accéder au cercle des 35 chercheuses lauréates du Prix Jeunes talents L’Oréal-Unesco. « Je suis très heureuse de ce prix, confie Lovely. C’est la reconnaissance de la qualité de mes travaux. Idéalement, à terme, j’aimerais vraiment collaborer avec différents pays de la Caraïbe pour étendre le réseau de la qualité de l’air. »

Transcender les obstacles

Si elle a trouvé sa voie, Lovely reconnaît que les femmes engagées dans la recherche scientifique sont encore trop peu nombreuses (NDLR, 33 % dans le monde et 28 % en France, en 2017, selon l’Unesco).

« Les femmes sont très peu représentées, non par manque de capacité, mais à cause des difficultés qu’elles rencontrent. Nous avons moins accès aux postes. Il faut énormément de courage, plus de robustesse pour continuer, sans parler du sexisme. Mais, on n’est que plus fière quand on obtient un prix comme celui de la fondation L’Oréal qui valorise le travail des femmes scientifiques. A notre tour, nous avons un devoir générationnel. Celles qui nous ont précédées ont ouvert la voie. A nous de faire en sorte que le chemin soit plus simple pour la prochaine génération de chercheuses. »

Cécilia Larney

Une étonnante passion

A 35 ans, Lovely Euphrasie-Clotilde avoue s’être découvert une passion pour la recherche, contre toute attente. « Très jeune, j’ai toujours été plus orientée vers les matières scientifiques, reconnaît Lovely. Mais, l’image que j’avais de la recherche ne me fascinait pas. » A tel point qu’après son bac, Lovely quitte la Guadeloupe pour Bordeaux, suit une formation en hôtellerie/restauration. De retour au pays, elle s’inscrit « sans conviction » dans un cursus général (maths, informatique, physique, chimie). « Dès le départ, je me suis orientée vers la physique. Au fil de mon cursus, je me suis passionnée pour la recherche, à mon grand étonnement ! »

En 2018, Lovely a soutenu sa thèse de doctorat en Sciences de l’Univers sur la climatologie du transport des aérosols désertiques au-dessus de l’Atlantique vers la région Caraïbe.

IL A DIT
Ary Chalus, président de la Région Guadeloupe :
« La Région a acté un engagement fort,
en apportant son soutien aux étudiants au travers
de bourses doctorales, dont a bénéficié Lovely »

Le président de Région, Ary Chalus, a tenu à saluer le parcours des sept chercheuses des Outre-mer qui ont été récompensées du prix Jeunes Talents L’Oréal-UNESCO pour les femmes et la science, cette semaine à Paris. Et particulièrement celui de Lovely Euphrasie-Clotilde.

« Au nom de la collectivité régionale, je tiens à particulièrement féliciter Laëtitia Baringthon et Lovely Euphrasie-Clotilde, en soulignant leurs parcours émérites et leurs travaux brillants.

Pour Lovely, primée dans la catégorie Sciences de l’Environnement et de la Terre, il s’agit de caractériser l’impact des brumes de sable africaines sur la qualité de l’air du bassin Caribéen. La jeune femme, post-doctorante au département de recherche en géoscience, Karusphère, aux Abymes, est également agent de notre collectivité.

Parmi ses prérogatives, la Région Guadeloupe a d’ailleurs acté un engagement fort, en apportant son soutien aux étudiants au travers de bourses doctorales, dispositif dont a bénéficié la jeune femme dès le début de ses recherches. »

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