En présentiel ou en distanciel ? Avec ou sans « pass » sanitaire ? Quel protocole d’accueil ? Comme beaucoup d’autres structures, les directeurs d’établissements d’enseignement artistique s’interrogent.
Après 18 mois de fonctionnement chaotique, ponctués de nouvelles lois, elles-mêmes complétées par des décrets, les directeurs d’établissements d’enseignement artistique se retrouvent face à une montagne de contradictions qu’ils espèrent voir aplanir au plus vite. Comment cette nouvelle période d’activité va-t-elle se dérouler pour les usagers, les professeurs, le personnel ? Telle est la grande interrogation qui les préoccupe quotidiennement.
« Nous ignorons toujours, à ce jour, les modalités pratiques de cette rentrée, explique Philippe Tormen, directeur du CRD (Conservatoire à Rayonnement Départemental) de Mantes-la-Jolie, du collectif des directeurs d’établissements d’enseignement artistique.
En plus, il y a une divergence entre le monde associatif et les établissements relevant du service public. Pour ceux qui sont du service public, que l’on soit usager ou agent, professionnel, le « pass » sanitaire est obligatoire. »
Supprimer les disparités
Pour faciliter la démarche, les directeurs d’établissements d’enseignement artistique ont constitué un collectif réunissant 170 membres de France hexagonale, de la Corse, mais aussi de la Guadeloupe avec l’école La Clé des arts-Henri-Salvador, dirigée par Marie-Noëlle Reimonenq. En dehors des modalités de fonctionnement pour la prochaine saison, le collectif souhaite que les disparités entre public et privé soient supprimées.
« Nous avons relevé une contradiction contre laquelle nous nous battons depuis presqu’un an concernant les écoles associatives d’enseignement et les établissements publics. Nous exerçons le même métier : nos collègues des écoles associatives font un travail de proximité territoriale, d’éducation artistique et culturelle de grande qualité. Cette distinction entre public et privé est totalement injuste. »
Disposé à obtenir des précisions au plus vite pour préparer la rentrée au mieux, le collectif a fait remonter ses inquiétudes à son ministère de tutelle et au Premier ministre, Jean Castex. La cellule interministérielle qui s’est réunie en milieu de semaine dernière devrait leur apporter quelques éclaircissements dans les prochains jours. « Aujourd’hui, commente Philippe Tormen, on se retrouve face à quelques aberrations. Un prof qui intervient dans plusieurs conservatoires devra justifier du « pass » sanitaire pour certains établissements et pas pour d’autres. » Cocasse.
Cécilia Larney
Des inscriptions en hausse
En mode Covid depuis plus d’un an, les établissements d’enseignement artistique craignent que les contraintes et les nombreuses incertitudes générées par la situation sanitaire ne démotivent les pratiquants. Ces derniers mois, entre cours en présentiel ou en distanciel, ils se sont adaptés. Mais, à quel prix et jusqu’à quand ? Fort heureusement, jusqu’ici, l’envie de pratiquer une activité artistique a triomphé.
« Au cours d’une année normale d’enseignement, 1 à 5 % des usagers abandonnent, indique Philippe Tormen. Cette année, nous avons enregistré un pic à 10 %, ce qui est mieux que ce que redoutions. »
Pour la prochaine saison, le niveau d’inscription est quasi supérieur au précédent. « Nous n’aimerions pas qu’une mauvaise interprétation de l’application du « pass » sanitaire fasse fuir à nouveau les élèves. »