Loïc Corvo, designer : « Le carnaval reviendra plus fort »

Installé à Londres, le Guadeloupéen Loïc Corvo (CL Touch) est l’un des jeunes créateurs de costumes carnavalesques les plus en vogue au Royaume-Uni. Avec Nicolas Négoce, Loïc Corvo évoque les conséquences de la crise sur son activité.

Qu’est-ce qui a le plus changé pour vous depuis le début de la crise sanitaire ?

Nous avons constaté un ralentissement sévère de l’activité. Un frein dans le développement des projets et des productions lancés avant l’apparition de la Covid-19. Les manifestations ont toutes été annulées. Du coup, les commandes de costumes ont été stoppées. C’est un coup dur pour nous. Certains confrères sont près de tout laisser tomber.

Le Royaume-Uni est l’un des pays les plus touchés par le virus. Qu’est-ce qui est le plus difficile ?

Ne pas pouvoir se projeter dans l’avenir est le plus dur. Nous sommes dans une crise sanitaire hors du commun avec des centaines de milliers de victimes. On ne peut pas et on ne doit pas jouer avec le virus. Donc, lorsque l’an dernier, le carnaval de Notting Hill a été annulé, nous étions déçus, mais nous avons compris. Nous ne pensions cependant pas que cela allait durer aussi longtemps.

A combien estimez-vous vos pertes ?

Mon chiffre d’affaires pour le design de costumes carnavalesques est catastrophique. Et nous sommes nombreux à nous poser des questions. Quand vous regardez le carnaval de Venise, par exemple, en Italie, le Dimanche gras, la ville a perdu 70 millions d’euros. C’est colossal. Le carnaval de Trinidad où je me rends régulièrement, c’est le plus important carnaval de la Caraïbe et un des plus prisés au monde, derrière celui de Rio de Janeiro au Brésil. L’annulation du carnaval a entraîné une perte estimée à plus de 30 millions de dollars pour l’île.

Pour certains, cette pandémie, c’est aussi un moyen de se réinventer. Qu’avez-vous développé comme nouvelles compétences pendant cette période ?

Depuis mes débuts à Baie-Mahault avec Pikanga et ensuite pas mal de collaborations avec notamment Explosion V ou Magistral, l’art n’est pas figé. Il faut être en constante recherche de développement, essayer de nouvelles techniques, élaborer des idées afin de s’améliorer. Cette période m’a surtout permis de prendre du recul et d’analyser mon parcours afin d’être prêt à rebondir lorsque tout cela sera terminé. Je suis toujours aussi attiré par le strass, les paillettes et les plumes, mais je réfléchis à d’autres mélanges. Nous allons renaître. Le carnaval reviendra plus beau, plus fort, plus coloré. J’échange beaucoup avec mes amis créateurs en Europe, dans la Caraïbe ou encore aux Etats-Unis et il est clair que nous allons revenir plus créatifs pour le plus grand plaisir des carnavaliers.

Propos recueillis par Nicolas Négoce

« Pour chacun, cette pandémie est une leçon de vie, estime Loïc Corvo, créateur de costumes de carnaval. Cela a peut être permis de nous recentrer sur nous et de valoriser les choses simples. »

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