Evénement littéraire de cette fin d’année, le festival Ecritures des Amériques marque son retour en Guadeloupe, dans les dépendances et dans les Iles du Nord, avec une édition riche, tant par la densité de sa programmation, que par la qualité des écrivains invités.
Après les aléas imposés par la crise Covid, le festival revient en Guadeloupe dans un format plus classique ?
Marie Huyghues-Despointes, directrice du festival : Face aux vicissitudes, on s’est beaucoup battu. Nous n’avons pas eu d’année blanche. 2021 a été une année particulière avec une annulation de la manifestation qui s’est repliée à Saint-Martin et Saint-Barthélemy. C’était un crève-cœur, mais on s’est remis en selle. C’est un festival très résilient et endurant ! En 2020, nous avions fait l’adaptation théâtralisée de La Migration des cœurs : nous sommes allés au Mucem de Marseille avec les comédiens, les musiciens pour un hommage à Maryse Condé dans le cadre de la Carte blanche qui lui était dédiée, en 2022.
Dans son itinérance, le festival consacre une journée aux îles du Nord et du Sud, le 30 novembre… Une vraie prouesse !
Le principe des escales est bien ancré dans tout l’archipel et les îles du Nord, Saint-Martin, Saint-Barthélemy avec une journée entière et une soirée, à La Désirade, Terre-de-Haut, Marie-Galante.
Le festival Ecritures des Amériques a toujours eu cette vocation à diffuser autour d’un point fixe qu’est la Guadeloupe, puis dans l’Hexagone pour apporter ce bénéfice de littérature à notre environnement géographique. Précédemment, en plus des escales dans l’archipel, nous avions eu une avant-première en Martinique.
Un ancrage du festival dans son environnement immédiat et au-delà qui se traduit aussi par le fil conducteur choisi pour l’édition 2023 : Empreintes. Que révèle-t-il ?
On a d’abord des affinités avec des livres, puis un motif émerge : tout cela est relié par l’empreinte de la guerre, de la mémoire, de l’encyclopédie… J’ai une vraie attirance pour Les Vertueux de Yasmina Khadra ou d’autres romans qui, en dehors du caractère de l’empreinte, ont tous un lien avec la force de vie. Qu’il s’agisse de Joyce Maynard, Miguel Bonnefoy…, leurs personnages sont habités par une énergie vitale et un refus de désespérer. À notre époque, c’est très important. Il y a aussi Les Villages de Dieu, un roman très fort d’Emmelie Prophète sur les gangs en Haïti. Je crois beaucoup au pouvoir de la littérature pour dire les choses, pour raconter sous forme d’histoire des vérités délicates, voire douloureuses.
L’un des objectifs du festival est d’insuffler le goût de la lecture aux jeunes. Les auteurs invités du festival iront à la rencontre des scolaires…
Les rencontres dans les établissements scolaires sont toujours très appréciées ! Nous avons aussi un partenariat avec Lire pour en sortir, une association qui intervient dans le milieu carcéral. Certains auteurs feront des rencontres avec des détenus au centre pénitentiaire de Baie-Mahault.
Le grand public est attendu jusqu’au 2 décembre à des rendez-vous littéraires gratuits ?
Oui. Toutes les rencontres du soir sont ouvertes à tous, sans réservation. Au Gosier, par exemple, l’Arawak accueillera chaque soir un rendez-vous avec des auteurs différents.
Entretien : Cécilia Larney
Le festival au jour le jour
- Lundi 27 novembre, à 19 heures, Résidence départementale (Le Gosier). Premières empreintes : la compagnie des auteurs.
- Mardi 28 novembre, à 19 heures, hôtel Arawak (Le Gosier). Racines du mal : Catherine Bardon, Emmelie Prophète. À 19 heures, mairie du Moule. Histoire(s) : carnets d’enquête, Miguel Bonnefoy, Raphaël Confiant, Yasmina Khadra, Joyce Maynard.
- Mercredi 29 novembre, à 19 heures, hôtel Arawak (Le Gosier). L’invention des vies : Miguel Bonnefoy, Joyce Maynard. À 19 heures, La Rotonde des arts (Saint-François). Les enfants du siècle, Kaouther Adimi, Catherine Bardon.
- Jeudi 30 novembre, à 19 heures, hôtel Arawak (Le Gosier). Les vertueux, « L’amour comme seule boussole » : Yasmina Khadra
- Dans les îles du Sud : La Désirade (collège Maryse Condé), jeudi 30 novembre, de 10 à 12 heures. Le Bal de la rue Blomet : Raphaël Confiant. Terre-de-Haut (mairie), jeudi 30 novembre, de 10 à 12 heures. La fille de l’ogre : Catherine Bardon. Marie-Galante (habitation Murat, Grand-Bourg), jeudi 30 novembre, de 18 h 30 à 20 h 30. Tourments d’amour : Kaouther Adimi, Joyce Maynard.
- Dans les îles du Nord : Saint-Barthélemy (Le Brigantin, Gustavia), jeudi 30 novembre, de 18 h 30 à 20 h 30. Inventaires héroïques : Frédéric Beigbeder, Miguel Bonnefoy. Saint-Martin (Hommage hôtel, Baie Nettlé, Marigot), jeudi 30 novembre, de 18 h 30 à 20 h 30. Archipels d’écritures : Kaïama L. Glover, Emmelie Prophète.
- Vendredi 1er décembre, à 19 heures, La Souvenance, maison Schwarz-Bart (Goyave). Honneurs et déshonneurs : Yasmina Khadra, Emmelie Prophète.
- Samedi 2 décembre, à 10 h 30, Kaz a Condé, place de la Victoire (Pointe-à-Pitre). A tribute to Maryse Condé, un exercice d’admiration à deux voix en hommage au professeur émérite de Columbia University et à l’une des plus grandes romancières contemporaines avec Raphaël Confiant et Kaïama L. Glover. À 16 h 30, FNAC (Milénis, Les Abymes). Ecrivains en signature : Frédéric Beigbeder, Yasmina Khadra. À 16 h 30, librairie Point Lire (Le Moule). Ecrivains en signature : Miguel Bonnefoy, Catherine Bardon, Emmelie Prophète. À 19 h 30, Le MACTe (Pointe-à-Pitre). Futures empreintes : horizons proches, lectures d’extraits des textes à venir des auteurs invités, danses et musiques traditionnelles avec l’Akademiduka, concert avec Tricia Evy.