Les restaurateurs face à la Covid-19

Innover, s’adapter et se digitaliser semblent être les maîtres mots.

Depuis le mois de mars, les bars et restaurants sont, comme beaucoup d’autres secteurs, touchés de plein fouet par la crise sanitaire liée à la Covid-19. Lors de son allocution du 13 novembre, le premier ministre Jean Castex laissait entendre que les bars et restaurants ne seraient pas concernés par une réouverture, à la différence d’autres commerces, à partir du 1er décembre. Dans ce contexte incertain, les restaurateurs n’ont pas d’autre choix que de s’adapter. Ils cherchent des solutions pour éviter un arrêt complet de leur activité.

Avoir de la ressource en temps de crise…

« Finalement, la crise sanitaire nous a permis d’ouvrir d’autres portes », constate Lolla Vildeuil, gérante de Secret Mood.

Lolla Vildeuil est la gérante de Secret Mood. Une jeune entreprise de restauration végétarienne, à Gosier, lancée en juillet 2019. Lolla Vildeuil a vite pris les choses en main après les deux premières semaines du confinement : « Nous avons décidé de réagir quand nous avons constaté que ça durait ! » Lolla Vildeuil a créé son propre site internet pour mettre en place un service de commande et de livraison. Un projet qui a vu le jour plus vite que prévu. Lolla Vildeuil a aussi transformé une partie de son restaurant en épicerie-primeur, ce type d’établissements étant autorisés à rester ouverts pendant le confinement.

Jeune entrepreneure, Lolla a mis ce temps à profit pour mettre en place des partenariats de vente de plats avec la grande distribution. Un service auquel elle n’avait pas pensé en ouvrant son restaurant, quelques mois plus tôt. Ce service a vu le jour au moment du déconfinement, alors que la consommation sur place n’était pas encore possible. « Finalement, la crise sanitaire nous a permis d’ouvrir d’autres portes », constate Lolla. Depuis, non seulement 80% de son activité se fait dans la vente à emporter et la livraison, mais Lolla Vildeuil a aussi vu augmenter son chiffre d’affaires.

Formule « drive » à Pointe-à-Pitre

Au 1973 Food & Sound,
David Drumeaux a développé
une formule drive.

D’autres, comme le 1973 Food & Sound, à Pointe-à-Pitre, ont tardé à mettre en place des solutions qui se sont avérées indispensables après de multiples changements et les nouvelles mesures sanitaires imposées. Après l’annonce de la fermeture des bars et des restaurants annoncée le 23 septembre, alors que la Guadeloupe était en alerte maximale au coronavirus, David Drumeaux, gérant du 1973 Food & Sound, a mis en place un site internet. Ses clients peuvent passer commande en ligne et emporter sous forme de drive. « On a dû se réinventer :  il faut savoir s’adapter aux contraintes », confie-t-il. La formule drive rend le 1973 Food & Sound encore plus accessible : le coût des repas étant moins élevé.

« Une injustice. »

Emmanuelle De Beaufort, gérante de bars en Martinique.

En Martinique également, le milieu de la restauration s’adapte. Après une fermeture commerciale fixée à 22 heures, mi-octobre, un second confinement a été instauré depuis le 30 octobre. Un coup dur pour Emmanuelle De Beaufort, gérante de deux bars, Le Cloud et Kinky Mango. Même si elle comprend que le gouvernement doit prendre des mesures face à la crise sanitaire, Emmanuelle se dit « désespérée ». Elle vit ce nouveau confinement en Martinique comme « une vraie incompréhension et une injustice alors que tant d’efforts ont été réalisés depuis 5 mois ! » Dans ses établissements, Emmanuelle juge le respect du protocole sanitaire « exemplaire ».

Le samedi, Le Cloud se transforme en marché local…

Aides insuffisantes et subventions difficiles à obtenir

Après un prêt bancaire, obtenu non sans difficultés suite au premier confinement, Emmanuelle De Beaufort a dû trouver de nouvelles solutions pour garantir le paiement de ses charges fixes et loyers. « Les aides ne suffisent pas, explique la gérante, et les subventions sont difficiles à obtenir. » Emmanuelle De Beaufort a modifié les statuts du Cloud et son bail commercial afin d’élargir son champ d’actions avec une épicerie et un espace de coworking. Également contrainte de vendre ses stocks de vins et d’alcool, le samedi, Le Cloud se transformera en marché local.

Malgré ces efforts d’adaptation, l’incertitude est un sentiment partagé par les acteurs de la restauration. « On a l’impression de ne pas maîtriser grand-chose, de ne pas être maître de notre destin », conclut David Drumeaux.

Elodie Soupama

Facebook
Twitter
LinkedIn
WhatsApp
Email

Actualité

Politique

Economie

CULTURE

LES BONS PLANS​