L’affaire des pesticides fait toujours parler d’elle face à la détresse des ouvriers et ouvrières agricoles de la Martinique.
L’enquête du collectif des ouvriers et ouvrières agricoles de Martinique empoisonnés par les pesticides, réalisé en une année, révèle une situation catastrophique dans le monde agricole. D’innombrables maladies graves et des injustices constituent le lot quotidien des ouvriers agricoles. Comme, par exemple, au quartier Bochette, au Lamentin, secteur de cultures agricoles intensives. Là, nombreux sont les ouvrières et ouvriers agricoles victimes de cancers, de problèmes cardiaques et autres perturbations hormonales.
La reconnaissance des pathologies comme maladies professionnelles
Le collectif, composé de citoyens, bénévoles encadrés par des médecins et des avocats a ainsi auditionné plus de 200 travailleurs agricoles pour un constat des plus macabres. Le collectif tire la sonnette d’alarme et établit un plateau de 11 revendications, dont la plus importante est sans conteste la reconnaissance des pathologies dont souffrent les ouvriers et ouvrières agricoles en tant que maladies professionnelles.
Verdict en janvier
Soutenu par les professionnels de santé, le collectif entend faire pression sur les autorités compétentes, Caisse Générale de Sécurité Sociale et Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, pour que le cancer de la prostate, pour citer un exemple concret, soit reconnu comme maladie professionnelle liée aux pesticides.
Le dossier est actuellement à l’étude. Le verdict de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, devrait être rendu au début du mois de janvier. Pour l’heure, c’est la consternation au sein du monde agricole.
Rodolf Etienne
A l’écoute…
Le préfet de Martinique, Stanislas Cazelles, et le directeur de l’Agence régionale de santé, Jérôme Viguier, étaient sur le terrain, au Lamentin, le 9 décembre, en compagnie des ouvriers et ouvrières de la banane, membres du collectif, pour un échange jugé fructueux. Une cinquantaine d’ouvriers agricoles à la retraite ou en fonction ont fait entendre leur voix. Face aux représentants de l’État, ils ont exprimé leur détresse. La majorité d’entre eux sont malades.
La revalorisation des retraites à l’ordre du jour
Stanislas Cazelles s’est montré très attentif aux propos des travailleurs agricoles. « Aujourd’hui, nous devons réparer », a-t-il déclaré en substance. Des mots qui ont été entendus, le collectif insistant sur sa volonté de voir reconnaître les maladies des ouvriers et ouvrières agricoles comme liées à l’usage des pesticides pour une meilleure prise en compte de leur sort. La revalorisation des retraites a également été au centre des débats. Selon le collectif, les ouvriers agricoles à la retraite, toucheraient en moyenne 700 euros par mois.