Même s’il est globalement bien accueilli en Guadeloupe, le confinement allégé qui démarre ce mardi 27 avril interroge. Notamment auprès des commerçants contraints de fermer à nouveau pour trois semaines.
La liste des commerces autorisés à ouvrir durant ce confinement s’est allongée. Fleuristes et salons de coiffures pourront recevoir du public. En revanche, les restaurants, les centres de soin esthétiques ou encore certains magasins seront une nouvelle fois fermés.
Une fermeture vécue
comme une injustice
Un coup dur pour Laurence Devarieux qui se dit « en colère ». Cette gérante d’un centre d’esthétique avait pourtant mis en place tout un processus pour garantir les mesures d’hygiène : « depuis un an qu’on a réouvert, on suit scrupuleusement les règles d’hygiène, nous sommes quatre à travailler et aucune de nous n’est tombée malade. On appelle les clientes qui attendent dans leur voiture pour qu’elles montent, on désinfecte leurs mains, leur téléphone, on garde les masques, les clientes viennent avec leur serviette pour les tables de massages, on désinfecte tout après chaque passage… », dit Laurence Devarieux. C’est une certaine injustice que ressent Laurence : « moi je suis en colère ! Les coiffeurs et les libraires ont le droit de travailler et les auto écoles aussi alors que deux personnes sont à 50 centimètres l’une de l’autre… ».
Une injustice que peut comprendre Victoria Lamarre, gérante d’une boutique de cosmétique, cette jeune entrepreneure Guadeloupéenne vit déjà l’impact de la Covid sur son activité du fait du port du masque. « On prend toutes nos précautions, on a investi pour respecter les mesures d’hygiène au maximum. Donc à chaque fois qu’on nous demande de fermer, de faire l’effort, c’est compliqué », dit-elle.
Des mesures
incomprises
« J’avoue ne pas trop comprendre les mesures. Pour moi, on devrait tous faire un effort collectif, être réellement confiné et stopper les choses. Parce que là j’ai un peu le sentiment que ce sont les petits qui sont punis, et qui subissent », dit Victoria Lamarre. Une incompréhension sans doute provoquée par le nombre de commerces qui resteront ouverts.
« Je ne pense pas être un risque sanitaire, c’est pourquoi je ne comprends pas trop la mesure », dit cette gérante d’une boutique de vêtements. « Ça aurait été mieux de fermer le week-end pour que les gens évitent de faire la fête, de se voir. Ça va faire un an qu’on a réouvert, je vois beaucoup de monde et je n’ai pas attrapé le Covid. Je fais attention et je pense que tous les gens font attention dans leur entreprise », poursuit-elle.
Du côté des restaurateurs également ces mesures posent questions. « C’est sûr que nous les restaurants on fait partie des secteurs les plus pénalisés de cette crise. Maintenant c’est vrai que je ne vois pas trop comment l’épidémie pourrait se développer chez nous, on a du gel, les clients restent assis… Il y a des fois où on ne comprend pas mais c’est comme ça on ne peut rien y faire à part essayer de faire au mieux pour que notre entreprise puisse encore marcher et reste ouverte », confie Margaux La Touche, gérante et fondatrice d’un restaurant.
S’adapter aux
nouvelles mesures
Ces trois gérantes peuvent, elles, avoir une solution de recours pour maintenir leur activité, contrairement à d’autres.
Même si elle redoute l’impact du télétravail, Margaux La Touche dont le restaurant est basé à Jarry, espère pouvoir compter sur les commandes à emporter de clients qui n’auront d’autre choix que de travailler en présentiel. Toutefois, afin de limiter les risques et les dépenses, le restaurant tournera en effectif réduit : « on va réduire et moi je serai encore plus là que d’habitude », dit-elle.
La gérante de la boutique de vêtements proposera du click and collect « et peut être pour les clientes qui ne sont pas très loin, de la livraison », dit-elle.
Le click and collect, Victoria Lamarre, préfère éviter : « c’est bien beau de mettre du click and collect mais bon, mettre à disposition soit du personnel soit s’investir de sa personne pour rester accueillir deux ou trois clients qui vont avoir la patience de sortir de leur domicile, en plus si ce n’est pas dans la zone de 10 km, ce n’est pas rentable », affirme la jeune entrepreneure. Victoria Lamarre compte donc sur les commandes en ligne que permet le site internet de sa boutique afin de livrer et préparer elle-même les commandes de ses clientes. A défaut de pouvoir mobiliser des salariés alors que son magasin sera fermé.
C’est une nouvelle épreuve que devront traverser ces commerçants pour les trois prochaines semaines. Et bien que l’efficacité des mesures posent encore question, ils espèrent tous pouvoir retrouver très vite une activité normale.
Elodie Soupama