Documentaire réalisé par Camille Mauduech, Les 16 de Basse-Pointe revient sur un fait divers survenu en 1948 en Martinique. Le procès retentissant qui suivit deviendra celui du colonialisme français aux Antilles.
Deux ans après la départementalisation, le 6 septembre 1948, à Basse-Pointe en Martinique, sur fond de grève des ouvriers noirs, coupeurs de cannes, excédés par leurs conditions de travail, Guy de Fabrique, administrateur blanc créole de l’Habitation Leyritz, est retrouvé assassiné de trente-six coups de coutelas.
A l’issue d’une chasse à l’homme de trois semaines, seize ouvriers agricoles sont arrêtés et placés en détention provisoire durant trois ans en Martinique.
Un procès à Bordeaux
En 1951, leur procès, renvoyé à Bordeaux, ancien port négrier, déchaîne les passions, se transforme en tribune anticolonialiste et dresse un réquisitoire implacable de l’exploitation sans limite de la main d’œuvre de couleur et de l’impunité dont bénéficie les sucriers blancs.
Les accusés risquent la peine de mort, mais aucune preuve formelle ne confirme leur culpabilité. Aucun n’a dénoncé celui qui a porté les coups fatals. Onze avocats de la défense, tous nommés par le Secours populaire, et pour la majorité d’entre eux communistes, sont présents pour ce procès historique dont la dimension politique va s’imposer.
Avec Gerty Archimède, Georges Gratiant, Marcel Manville
Parmi eux, la Guadeloupéenne Gerty Archimède et les Martiniquais Marcel Manville et Georges Gratiant qui deviendra maire du Lamentin de 1959 à 1989. Après des débats houleux, c’est l’acquittement général des accusés qui sont renvoyés chez eux.
Le meurtre de Guy de Fabrique, à ce jour non élucidé, continue à marquer la mémoire collective en Martinique.
Dans ce documentaire, Camille Mauduech restitue la dimension humaine et politique de l’événement et permet de décrypter ce moment bien particulier de l’histoire des relations entre les Antilles et l’Hexagone.
Dimanche 12 mars, à 22 h 50, sur Guadeloupe la 1e