L’eau monte : que faire ?

90 communes sur le littoral Outre-mer (pour 885 en métropole), soit 25% des côtes sont à ce jour impactées par la montée des eaux. 300 kilomètres de littoral reculent déjà de 25 centimètres à 2 mètres par an. 700 000 hectares et 1,4 millions d’habitants sont déjà menacés pour les hauteurs d’eau extrêmes.

Entre le recul du trait de côte lié à de multiples raisons ponctuelles (tremblement de terre, tsunamis, tempêtes, etc.) et la mobilité naturelle du littoral (érosion), l’évaluation du niveau de la mer est une science complexe à appréhender. Cependant, il y a un constat unanime : depuis 30 ans (d’autres disent 50 ans mais ça s’accélère de plus en plus), les eaux montent partout dans le monde et notamment dans les territoires d’Outre-Mer, majoritairement insulaires (sauf la Guyane).

14 500 kilomètres de côtes en Outre-mer, cela représente plus de 70% du littoral français. Les régions ultra-marines sont donc directement concernées par la montée des eaux.

Or, la prudence appelle à ce que les ultramarins, comme on les appelle, doivent se manifester pour que leurs élus soient attentifs que, face à l’urgence et aux coûts induits, les Outre-mer ne soient pas sacrifiés à la défense de l’Hexagone. 

Érosion côtière

Accélérée par la montée des eaux et le changement climatique, l’érosion côtière fait partie des phénomènes naturels continus qui impactent le littoral outre-mer, avec des variations selon les territoires.

« L’érosion, explique Maurice Tubul, secrétaire général de la préfecture de Guadeloupe, peut être liée à un risque naturel ayant un caractère imminent qui peut être dû à divers aléas : inondations par débordement de cours d’eau (c’est notamment le cas sur la zone des 50 pas géométriques (ZPG) aux débouchés des ravines-bassins versants très réactifs), éboulement de falaise, mouvement de terrains… qui expose certaines habitations à un risque potentiellement très grave et soudain qui menace la vie des occupants. On parle là de zone de menaces graves pour les vies humaines (ZMGVH) et c’est bien dans ce cadre que l’opération de délocalisation de Petit-Bourg, en Guadeloupe, a été conduite, en plus du traitement d’une zone de RHI. »

Pas un risque naturel majeur

« Le phénomène d’érosion côtière ou recul du trait de côte, phénomène lent, inéluctable mais prévisible, nécessite une réflexion globale d’aménagement et de planification urbaine et la définition d’un projet de territoire intégrant des délocalisations à termes à l’horizon 30 ou 100 ans, des recompositions urbaines, des renaturations… sans caractère d’urgence. Le phénomène d’érosion n’est pas considéré comme un risque naturel majeur. Les communes volontaires, présentant des enjeux majeurs d’habitations et/ou d’activités sur le littoral, se sont lancées dans une démarche prévue par la loi Climat et résilience pour cartographier le recul du trait de côte aux horizons 30 et 100 ans et disposer d’outils -— aménagement et foncier — pour mettre en œuvre leur projet de territoire plus résilient. Ainsi, 9 communes en Guadeloupe sont intégrées dans la liste du décret définissant cette démarche et issu de la loi Climat et résilience. Trois de plus devraient intégrer cette liste prochainement », conclut M. Tubule (voir son interview plus loin).

Petit-Bourg modèle de réactivité

« Depuis 1998 et la mandature de Dominique Larifla (l’ancien maire, emblématique de toute une époque, NDLR), nous savons qu’il y a un problème au niveau de l’habitat, souvent sans droit ni titre, sur la côte, notamment à Belair et Bovis. »
David Nébor, depuis son arrivée à la tête de la municipalité, a pris l’attache de l’Etat (les terrains côtiers sont à l’Etat), de l’Agence des 50 pas géométriques, des services concernés, dont celui de l’aménagement, pour envisager une solution.
Cette solution, par étapes, a permis de faire un audit des habitations en danger de chuter de la falaise, d’envisager l’avenir des maisons situées sur la rangée suivante, enfin de celles situés de l’autre côté de la route. Pour ces dernières, il semble qu’il y ait du temps devant soi. Pour les autres… Ce qui a été fait est considéré comme un modèle pour les autres communes d’outre-mer et de France hexagonale.

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