Le voilier-cargo, une expérience positive avec TOWT entre la Guadeloupe et l’Europe

Retenez bien ces lettres TOWT ! Trans Oceanic Wind Transport. Le transport à la voile à travers l’océan. L’océan, c’est l’Atlantique, le voilier, c’est Tres Hombres. C’est aussi Lun II. On les a vus aux Antilles, on les a surtout vus à Marie-Galante et Pointe-à-Pitre. Il y ont chargé, depuis 2012, des fûts de rhum qui ont traversé l’Atlantique pour être livrés en Europe et devenir une marque de spiritueux, TOWT.
Une belle histoire qui continue.

Tout commence par un rêve fou en apparence, celui de Guillaume Legrand, qui a vécu longtemps sur un voilier. 
Le voilier, de tout temps, a transporté des hommes mais aussi des marchandises. Le voilier, c’était le lien entre l’Europe et les Antilles, l’Amérique du Sud, depuis le XVIe siècle.

« S’il était étrange, y compris pour les armateurs de grands voiliers, de penser à transporter des marchandises à la voile, il en était qui transportaient des marchandises à la voile à bord du brick-goélette Tres Hombres, que nous avons affrété pour effectuer notre premier transport à la voile dès 2011d’abord en transmanche puis très rapidement depuis la République Dominicaine sur des marchandises tels que du rhum, du café, des épices et du cacao », explique Guillaume Legrand.

« Le retour de la marine à la voile était inéluctable. »

Guillaume Legrand, PDG de TOWT

Et pourquoi pas se lancer carrément dans la grande aventure ?

« Le retour de la marine à la voile était inéluctable, explique Guillaume Legrand qui met en avant l’intérêt du voilier-cargo : « Tout d’abord, le vent, au large, est la seule forme d’énergie abondante et elle est en outre, depuis le tournant du 21e siècle, tout à fait prédictible. Cette énergie, évidemment renouvelable et décarbonée, semble la seule à même de déplacer une carène lourde sur de très longues distances sans apport énergétique exogène, qui pose immédiatement la question de son origine fossile ou non.
– le deuxième constat : la voile, ou la propulsion vélique présente un rendement inégalé pour transformer cette énergie en vitesse sur l’eau, et à toutes les allures (près, portant).
– Et enfin, le troisième constat est celui de l’opportunité commerciale. »

Se lancer, c’est faire un choix. Construire ou utiliser les voiliers de travail existant. Tres Hombres, affrété, Lun II, puis un troisième, un quatrième voilier… qui font la navette entre l’Europe et les Antilles, l’Amérique du sud. Et puis un label, ANEMOS, pour commercialiser les produits transportés.

Café, rhum, etc.

Ceux-ci, café, rhum, épices, cacao sont soigneusement choisis et conditionnés pour faire la traversée de la meilleure façon possible. TOWT transporte aussi, depuis la France, des vins fins. Le voyage en mer leur fait du bien, tout comme le voyage du rhum, en sens inverse. C’est tout simplement rendre contemporaines les observations faites au fil des siècles de voyages transatlantiques. 

Aujourd’hui, TOWT c’est 19 voiliers de travail affrétés, un million de chiffre d’affaires cumulé, environ un million de produits labellisés ANEMOS, un millier de tonnes de marchandises transportées, avec un bilan carbone global de 1 500 tonnes de CO2 économisées. 

Un transport à valeur ajoutée

« Avec les différentes navigations organisées,explique Guillaume Legrand, TOWT a eu l’occasion de faire affaire en République dominicaine à la Barbade, en Guadeloupe et Martinique, ainsi qu’en Colombie et au Mexique sur des produits de haute qualité gustative et environnementale comme le café, le cacao ou encore le rhum. La réflexion autour d’un transport à valeur ajoutée ne peut pas omettre le produit et, que ce soit dans le passé ou évidemment dans le futur. Les filières du café, du cacao, du rhum et spiritueux, du sucre, du miel, des épices resteront fondamentales. »

En Guadeloupe ? Il y a le rhum de marie-Galante, il y a aussi le rhum Longueteau, avec un industriel, François Longueteau, qui est aussi un passionné et qui a vu l’intérêt de revenir à une tradition vélique originale… et le moyen de donner un autre parfum à son rhum, celui du grand large !

Des rhumiers séduits

« Le contrat Longueteau engage des flux aller et retour tout à fait intéressants,dit Guillaume Legrand. Tout le Longueteau, que ce soit les matières premières, bouchons, bouteilles, cartons etc., ou au retour les produit finaux, transiteront à la voile et seront distribués, promus et commercialisés sous le label ANEMOS. »

Françoin Longueteau qui n’hésite pas, sur le site internet de TOWT à déclarer : « Nous avons fait un choix radical : faire voyager nos productions à la voile. Dès leur mise à l’eau, nous confierons nos marchandises aux Voiliers- Cargos de la TOWT, et à leurs partenaires, sur leurs liaisons régulières entre la Métropole et la Guadeloupe. De plus, la navigation à la voile entre l’Europe et la Guadeloupe fait partie de notre histoire, alors, plusieurs siècles plus tard, valoriser l’histoire maritime de ce parcours à la voile par l’intermédiaire du label ANEMOS, nous permettant, et permettant à nos clients, de suivre à la trace le parcours de nos cuvées devient en plus un véritable enjeu de sensibilisation de nos partenaires et des consommateurs… »

Les grands voiliers-cargos

Et après ? Le projet de voiliers-cargos de plus grande taille, que TOWT est en train de réaliser, n’est plus une chimère. 

« On me dit souvent,conclut Guillaume Legrand, que jamais les voiliers ne pourront prendre le relais de toute la flotte marchande. Je pense souvent tout bas que ces personnes ont une vision d’un futur lointain très similaire au passé proche : d’une flotte carbonée omniprésente et hyper-efficace. Et ne voient dans la voile que le présent : une technologie qui n’a pas encore effectué son come-back. Et si l’ambition, autre valeur cardinale de TOWT, ne devait pas nous brider dans notre capacité à esquisser un avenir très décarboné, très vélique et très efficace, surtout si on pense long terme, et encore plus si on pense Amérique latine et Caraïbe ! »

André-Jean VIDAL

En 2021, la prochaine escale de TOWT en Guadeloupe se fera avec l’Avontuur.

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