Comme un appel au secours. En tout cas, un grand besoin de soutien.
Ary Chalus, président de Région, et son staff rapproché, a rendu visite à Adrien Baron, jeune maire de Sainte-Rose qui a pris ses fonctions il y a trois semaines. Et qui se retrouve, comme beaucoup de nouveaux maires, à la tête d’une commune sinistrée. Sinistrée parce que les caisses sont vides.
Il faut écouter Adrien Baron exposer la situation de la commune de Sainte-Rose. En passant sur son anecdote quant au manque de papier aux toilettes, il faut retenir que la situation est telle que la commune n’est pas en capacité depuis quelques années de mettre la part de la collectivité dans les projets d’infrastructures. Ce petit pourcentage (généralement 5% du montant des travaux) qui permet de comprendre que la collectivité s’engage.
Adrien Baron explique les difficultés financières de la commune :
Ary Chalus a promis, au moment de sa réélection, il y a six mois, qu’il ferait le tour de toutes les communes, en commençant par celles où il y a une nouvelle équipe municipale. Parce qu’il sait bien que les équipes sortantes, pour des raisons diverses, ont laissé des finances désolées. Et que les nouveaux ont besoin d’un coup de pouce de la Région Guadeloupe.
Le président Ary Chalus répond :
« Je veux, a dit le président Chalus, que la Guadeloupe soit bien. Et, pour que la Guadeloupe soit bien, il faut que les communes soient bien. »
Une commune en difficultés
De quoi souffrent les communes ? De manque de moyens financiers, certes, et aucune n’échappe à cette évidence, mais aussi d’un manque d’encadrement des équipes, d’un manque de techniciens chevronnés pour que les dossiers, parfaitement montés, aboutissent. Il faut un soutien logistique autant que financier, répond souvent le président Chalus. De aides, il y en a, il faut savoir où elles sont et faire les dossiers. Il pourrait ajouter aussi, parce qu’il est très sensible sur ce sujet : que l’n ne perde pas de temps, qu’on fasse avancer les dossiers, qu’on fasse avancer les chantiers. L’homme pressé ? Non, simplement quelqu’un qui veut avancer, ne pas tout le temps regarder derrière soi et pleurer.
Adrien Baron ne pleure pas, même s’il est triste de constater que tout part à vau-l’eau dans cette commune de Sainte-Rose. Depuis 2015, dira-t-il, on n’a rien entretenu, rien réparé, rien fait. Des subventions arrachées de haute lutte… n’ont pas donné lieu à des concrétisations, parce qu’il manquait l’apport de la commune.
Ainsi, une subvention régionale de près de 600 000 euros pour l’extension du hall des sports n’a jamais été utilisée parce que la commune n’a pu donner les 5% sur un chantier de 2 millions d’euros.
Adrien Baron a demandé la mutualisation des moyens pour monter des dossiers d’aides régionales et la prise en charge de la maîtrise d’ouvrage parce la collectivité régionale. Ary Chalus a souhaité écouter avant de répondre.
Les infrastructures
sportives en déshérence
Le sport était alors mis en avant par le maire dans une commune où il y a des clubs de qualité et des établissements scolaires, donc un besoin pour les sportifs et les scolaires d’infrastructures sportives de qualité.
Outre le hall des sports, le stade a aussi besoin d’une rénovation : l’éclairage est impacté par la chute d’une rampe lumineuse montée sur un poteau. Or, l’USR, qui est un club sportif souvent en tête du championnat de football, est pénalisé dès lors que les entraînements sont le soir… quasiment à la bougie.
Pour refaire l’éclairage, pour que les vestiaires soient aux normes, pour que la clôture de sécurité soit reprise, il faut de l’argent.
« Ce qu’on souhaite, a dit Adrien Baron, c’est que la subvention obtenue pour l’extension du hall des sports soit dispatchėe sur le plateau sportif, avec une maîtrise d’ouvrage de la Région. »
Ce qui permettrait de revoir :
. l’éclairage
. la mise aux normes vestiaires
. la clôture de sécurité
. l’éclairage hall des sports
. la piste d’athlétisme.
Outre ce plateau sportif, il y a le parcours sportif, en bord de mer, qu’il faut revoir, les installations tombent en capilotade.
Il pourrait exister, pour les activités de natation, une piscine hors-sol d’eau de mer pour les scolaires. Mais, il manque la plate-forme pour poser la piscine. Il manque 30 000 euros. Le département a promis de mettre 50 000 euros.
Terrible constat : il y a douze plateaux sportifs dans les sections qui sont en déshérence depuis 2015.
Adrien Baron satisfait de cette visite de travail :
Un travail de longue haleine
« Nous parlons de tout ça, se défendait Adrien Baron, nous mettons l’accent sur ces problèmes-là parce que nous n’avons pas un sou. Aucune capacité d’investir. Or, nous avons des équipes sportives de qualité, une jeunesse qui a besoin de s’exprimer par le sport, des scolaires de plusieurs établissements qui doivent avoir leurs cours d’éducation physique à sainte-Rose. »
Il est conscient qu’il faudra remettre à niveau les équipements sur plusieurs années.
D’autres points ont été abordés, dont celui du port, aménagé par le département, dont la partie plaisance est à développer avec la Région, en harmonie avec la base nautique, installations qui se trouvent sur un plan d’eau superbe qui pourrait être la base d’un développement économique diversifié.
« Mon idée, c’est, disait Adrien Baron, de tourner le bourg vers la mer. Il faut que le bourg regarde vers la mer. Nous avons là un beau potentiel de développement. »
Un souci relevé par le maire de Sainte-Rose : l’état des routes.
« Il n’y a plus moyen de circuler. Les routes endommagées. Aucune route secondaire n’est en état. Il n’y a aucun entretien. de plus, les routes ne sont pas éclairées et l’entretien des abords laisse à désirer, d’où des risques d’accidents… »
Ary Chalus, à l’issue de la visite :
Allait-on en parler ? Bien sûr. Et Ary Chalus, sans qu’on lui demande rien, l’a évoquée : la déviation de La Boucan.
« La déviation de La Boucan avance très bien. Nous avons acheté les derniers terrains, les travaux vont commencer de l’autre côté de la rivière. Il n’y a rien qui bloque dans ce dossier. »
La Région bien présente
dans la commune
Certains chantiers ont été ouverts par la région pour soutenir la commune. L’aménagement de la plage de Mambia en est un exemple : la Région va rénover les toitures des trois carbets, installer des tables bancs, casser les dalles et mettre un nouveau garde-corps à l’escalier et, plus tard, voir à stopper l’érosion de la ravine.
Le parcours sportif — cher à Clara Lesueur, personnalité locale qui amie bien faire son sport tranquille sur ce parcours — va être rénové dans le cadre du plan de relance régional, tout comme les autres parcours sportifs des commues de l’archipel.
Autre chantier régional, celui de l’école de Bis Cadet achevé au premier trimestre 2023.
Pour la maîtrise d’ouvrage qui serait prise par la Région, demande du maire de Sainte-Rose, Ary Chalus a été clair : la Région a ses projets et elle a déjà pris sa part dans les projets des communes, mais elle n’a pas un budget extensible à l’envi pour embaucher les techniciens. Beaucoup de communes font appel à la Région pour cette logistique et ce soutien technico-financier. Une cellule d’appui, at-il dit, aidera à monter des dossiers
La Région, précisait-il, assure la maîtrise d’ouvrage pour dix écoles, autant de déchèteries, l’eau, des parcours sportifs… plus ses projets propres.
« La collectivité ne peut intervenir que si les projets ont un intérêt régional, rappelait Jean-Louis Boucard, le DGS de la région. La chambre des comptes est très sourcilleuse. De plus, ses magistrats auront bientôt le pouvoir de condamner… » Donc, prudence.
Harry Yacou, premier adjoint au maire, a demandé aux uns et aux autres d’examiner l’apport de la déviation sur la vie de la commune. Imaginer Sainte-Rose demain, et rappelé qu’il existe une troisième voie pour passer la Grande Rivière outre le pont de La Boucan, le futur pont de la déviation : le pont Moko. A réfléchir si ce ne serait pas utile pour une fluidité de la circulation, de réactiver cette possibilité.
Avant d’entamer une visite du stade, du port, le président Chalus a rassuré Adrien Baron. Il faut faire remonter les dossiers, prioriser les projets, les services de la Région sont sensibles à la politique impulsée par le président de Région : ne pas laisser une commune en arrière, l’aider à avancer.
La commune recevra des fonds pour le plateau sportif, pour la piscine hors-sol. Une coquette somme, d’ailleurs.
André-Jean VIDAL