Ce jeudi 18 février, le rectorat a annoncé que le port du masque chirurgical sera obligatoire pour les enfants dès l’école primaire y compris à l’intérieur de l’établissement scolaire. Une décision qui n’a pas laissé indifférent.
Ce jeudi 18 février 2021, le rectorat de la Guadeloupe a lâché une bombe, écrite et condensée dans un communiqué de presse. Ce lundi 22 février, lors de la rentrée scolaire après les vacances de Carnaval, les élèves devront porter un masque afin d’aller à l’école, et ce, dès l’école primaire.
Selon le communiqué, la décision a été prise en fonction des chiffres de la Guadeloupe qui se rapproche des seuils d’alertes. Il s’agit « d’une démarche de protection des personnels, des élèves et de leur famille à laquelle tous les membres de la communauté éducative doivent concourir »
Au départ, les parents, selon la rectrice, devaient se débrouiller pour se procurer des masques. Heureusement, le préfet Alexandre Rochatte a calmé le jeu…
En fin de journée, devant la bronca, la rectrice est revenue sur les termes de l’application de cette mesure… mais sans la repousser.
« La mesure supplémentaire de port du masque chirurgical ou masque en tissu lavable de catégorie 1 désormais étendue aux élèves en école élémentaire vise à ralentir la propagation des variants du virus.
En effet, au début des congés scolaires, nous avions recensé 20 cas positifs dans nos établissements scolaires. Après échange avec les associations de parents d’élèves qui ont fait part des difficultés de mise en œuvre dans des délais courts et en accord avec M. le Préfet, cette mesure s’appliquera progressivement tout au long de la semaine prochaine.
Grâce à une action conjointe des services de l’état, la préfecture et le rectorat, chaque écolier bénéficiera de deux masques lavables dès la semaine du 22 février. Cette mesure exceptionnelle est liée à la faible disponibilité sur le marché local des masques enfants. »
La décision ne fait
pas l’unanimité
Premier à s’interposer à cette décision, différentes associations de parents d ‘élèves sont montés au créneau pour dénoncer une décision soudaine qui pourrait avoir des conséquences sur la santé mentale et physique des enfants. D’autre part, les raisons de la décision sont également contestées par les parents d’élèves.
« Nous avons été surpris de l’annonce de cette décision, car nous avons l’habitude de travailler et d’échanger avec le rectorat. Nous ne comprenons pas un tel empressement. Nous ne pensons pas que les chiffres de la Guadeloupe soient aussi alarmants, dans le cas échéant, nous aimerions que ces chiffres soient communiqués à l’ensemble de la société », répond Michel Gédéon, président de la FAPEG.
Sans concertation
ou préparation
Par ailleurs, l’application de cette décision cause également certaines interrogations au sein des établissements scolaires, notamment pour les jeunes enfants de l’école primaire.
« Dans la pratique, ce sera difficile pour les enfants de garder un masque, de 8 heures à 11 h 30, relève Cléty Pollion, directrice de l’école élémentaire Léopold Lubino, à Saint-Louis (Marie-Galante). D’autre part, pendant la classe, l’enseignant devra se contenter de ne voir que les yeux des élèves. Comment s’assurer qu’il s’est bien fait comprendre ? J’attends de recevoir plus d’explications sur la manière dont cette mesure doit être appliquée, sur les règles qui accompagnent cette nouvelle directive de port du masque pour les élèves. »
Les pharmacies
ne sont pas prêtes
Autres acteurs qui n’ont pas été concertés avant la mise en place de la mesure, les pharmacies rejettent également cette mesure. Certaines pharmacies sont déjà à cours de masques pour enfants qui seront nécessaires pour les plus jeunes élèves notamment ceux de l’école primaire. « Il nous reste uniquement des masques de taille adulte. Si les parents d’élèves viennent, nous ne pourrons pas satisfaire leur demande, confie le directeur d’une pharmacie de la grande-terre. Les masques adultes sont trop grands pour un élève de primaire, ils ne seront pas efficaces ».
ILS ONT DIT
« Tout ceci demandait une préparation en amont »
Christian Baptiste, maire de Sainte-Anne.
Pour Christian Baptiste, « l’application d’une telle mesure nécessitait une organisation en amont entre les mairies, les écoles et les parents d’élèves. »
« Puisque ce port du masque dans les classes élémentaires est obligatoire, qui va faire la police pour laisser entrer seulement les enfants masqués ? Que vont devenir ceux qui ne sont pas masqués ? Les personnels que nous mettons à la disposition des établissements vont-ils devoir être masqués ? Comment vont-ils gérer les intercours qui sont de la responsabilité de la mairie ? Tout ceci demandait une préparation en amont. », précise-t-il.
« Une décision débile »
« C’est une décision débile, enchaîne un autre directeur de pharmacie.
Les enfants tombent peu ou pas malade. En plus, 20-25 enfants dans une salle non climatisée avec des masques sur leurs visages durant la totalité de la journée, je pense que cela peut être nuisible pour leur santé. Si j’avais un enfant de cet âge, je serais mobilisé actuellement ».
« Nous avons demandé le report de cette décision afin qu’elle soit mieux préparée avec les établissements scolaires, les enfants et leurs parents. Il y a des parents qui n’ont pas les moyens, c’est pourquoi nous demanderons que l’état fournisse les masques. », affirme Michel Gédéon, président de la Fédération des parents d’élèves de la Guadeloupe. Il n’a pas été entendu.