Il fut un temps où l’idée d’étudier le Créole dans le cadre de l’école de la République Française était à la fois absurde et incongrue.
Aujourd’hui, depuis que Jacques Lang alors ministre de l’Education, frappé au coin du bon sens et sous la pression des syndicats, de l’Université et d’une petite fraction de la population, a rendu cet enseignement possible, beaucoup se sont jetés dans cette brèche.
Mais pour quoi faire ?
Les programmes sont fixés par le Ministère de l’Education.
Les concours sont organisés sur la maitrise de ces programmes et selon une méthodologie définie par ce même Ministère.
Les enseignants sont recrutés, suivent une formation dans des Instituts spécialisés, obtiennent des diplômes de masters, de doctorats, d’agrégation, qui leur permettent d’accéder à des postes pour l’enseignement du Créole.
Pratiquement tous les Lycées et Collèges de Guadeloupe ont de nos jours un, voire deux professeurs diplômés de Langue et de Culture Créoles.
Les élèves, persuadés qu’il s’agit d’une discipline qu’ils maitrisent parfaitement, s’inscrivent à ces cours sans hésiter.
A ce rythme-là, la pratique de la langue Créole aurait dû s’améliorer, aussi bien dans les média que dans la vie quotidienne. Comme l’école est un domaine où la pratique de l’écrit domine, les publications créoles auraient dû se multiplier, les journaux devraient avoir des pages entières écrites en créole pour la plus grande joie des lecteurs.
Portée par cette vague populaire, les officines des partis politiques, les collectivités dites « majeures »,devraient s’emparer du sujet et porter une grande idée d’un Développement Culturel en langue créole.
Or que constatons nous pendant ce mois d’octobre dit « mois du créole » ?
Toujours les sempiternelles dictées créoles, des petits causés dans une médiathèque avec un public clairsemé.
Toujours une version créole du journal télévisée qui vient après la version officielle en français, version créole qui non seulement est un résumé de la précédente, mais énoncée comme si les téléspectateurs qui pourraient s’y intéresser étaient débiles.
Quant aux publications, là non plus guère d’innovation, des livres pour enfants, des contes, des poèmes. Quelques rares romans, mais jamais de comptes rendus de lecture, jamais personne n’en parle et les auteurs eux-mêmes ne savent pas ce que pensent les lecteurs, ni même si leur livre a été lu.
Alors on pourrait dire : tout ça pour ça ?
La décréolisation semble inéluctable, non seulement comme disait le regretté J. Bernabé de manière qualitative, mais également quantitative.
Et pourtant nous aurions tellement à apprendre sur nous-même en développant une meilleure pratique de ce « baragouin » que nous ont laissé nos ancêtres en héritage.
En savoir plus : https://www.karibinfo.com/index.php/2020/11/03/hector-poullet-le-militant-de-la-langue-creole/
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