Le cri des commerçants de Pointe-à-Pitre

Fortement touchés par la pandémie du coronavirus, les commerçants de Pointe-à-Pitre mettent l’accent sur les difficultés qui s’ajoutent à cette crise sanitaire et économique. Une situation qui pourrait ruiner plusieurs PME de la ville.

https://youtu.be/THNLos_ABqY
Les clients ont déserté la rue Frébault, à Pointe-à-Pitre.

« Nous allons assister à une catastrophe ! », clament les commerçants de Pointe-à-Pitre. À l’instar de tous les secteurs économiques de la Guadeloupe, les commerçants de Pointe-à-Pitre ont connu une forte baisse de leur chiffre d’affaires liée à la crise de coronavirus. Moins de passage, moins de ventes et toujours autant de charges à payer, les commerçants n’arrivent pas à voir le bout du tunnel malgré les aides de l’Etat. « Nous perdons nos fournisseurs un par un, dénonce François Pellecuier, propriétaire d’un commerce de prêt-à-porter dans la rue Schoelcher et deuxième adjoint au maire de Pointe-à-Pitre. Nous étions déjà dans une économie en mauvaise santé, quand on rajoute la crise sanitaire à cela, nous ne pouvons plus suivre ».

« Cette situation va renforcer les monopoles. »

François Pellecuier, commerçant.
François Pellecuier.

Afin d’aider les entreprises, l’Etat a mis en place le Prêt garanti par l’Etat (PGE). Une solution qui n’est pas viable pour François Pellecuier« De fait, cette situation va renforcer les monopoles. Le PGE est un prêt que les gens prennent pour compenser une dette. Quand il faudra rembourser la dette et le prêt, que va-t-il se passer ? Les commerces vont faire faillite. Seuls les grands magasins pourront y trouver leur compte ». D’un autre côté, l’autre aide garantie par l’Etat, le fonds de solidarité, n’est pas perçue par toutes les entreprises. Il faut avoir perdu plus de 50 % de son chiffre d’affaires afin de la percevoir. Une perte incommensurable pour les entreprises qui oscillent entre -40 et -45 %. « Lorsque l’on fait trois mois à -40% ou -45%, cela suffit amplement à prendre toute notre caisse », précise-t-il. 

« Les transitaires ont augmenté leurs prix. »

Badi Faddoul, commerçant
Badi Faddoul, propriétaire d’un magasin à Pointe-à-Pitre :
« L’augmentation des coûts combinée à la baisse de nos revenus nous asphyxie. »

Quelques mètres plus loin, à la rue Frébault, c’est le même son de cloche pour Badi Faddoul, propriétaire d’un commerce de produits de beauté« Pour recevoir les autres aides de l’Etat, il faut être à jour de ses charges fiscales et sociales. Avec l’année que nous venons de vivre, je me demande comment les PME peuvent être à jour sur leurs charges ! », souffle-t-il. La crise sanitaire a également élevé les coûts d’importation des marchandises, une étape inévitable pour les commerçants, car la majorité des produits sont importés« Les transitaires ont augmenté leurs prix pour des raisons sanitaires et de sécurité. La montée des différents coûts, combinée à la baisse de nos revenus, nous asphyxie totalement »

Pour permettre aux nombreuses PME de la région pointoise de survivre, François Pellecuier avance deux propositions. Ajuster le montant des charges sociales et fiscales et changer le Prêt garanti par l’Etat en subvention afin d’éviter la faillite de nombreuses PME de la région pointoise.

Tafari Tirolien

Face à la concurrence déloyale

Sur le plan commercial, les commerçants de Pointe-à-Pitre souffrent de la concurrence « déloyale » dans leur domaine d’activité. Il y a d’une part, la vente en ligne. Une aubaine pour les consommateurs qui peuvent commander certains produits sur Internet et se faire livrer à moindre coût. Une opération impossible pour ces commerçants. « Pour faire venir nos produits, nous payons un ensemble de taxes, explique Badi Faddoul. Si on doit rajouter des frais de livraison quand les consommateurs ne peuvent pas venir au magasin, on ne peut pas être compétitifs par rapport à ces enseignes. » Selon Badi Faddoul, de nombreux Guadeloupéens ont commencé à privilégier la vente en ligne, car certains colis qui ne sont pas assujettis à l’octroi de mer ou à la TVA, coûtent moins chers qu’en magasin.

Sur le territoire pointois, ces commerçants font face à une autre concurrence, l’économie parallèle. Plusieurs petites entreprises proposent des services similaires sans respecter toutes les règles imposées par l’Etat. « Il y a de nombreux cas de contrebande. On ne peut pas concurrencer ces entreprises sur les prix si elles ne payent pas de taxes sur les produits qu’elles vendent », argumente François Pellecuier.

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