Le Collectif des organisations professionnelles : « Lecornu veut remettre la colonisation française en Guadeloupe. »

Le Collectif des organisations professionnelles s’est expliqué, devant la presse, sur les motifs de leur blocage des grands axes routiers pendant deux jours, mercredi et jeudi derniers, mais aussi sur les attentes qui sont les lieurs depuis la signature d’un protocole d’accord avec l’Etat, la Région, le Conseil départemental.
Ils en ont profité pour dire leur ressenti de trois mois de blocage des carrières de Deshaies et Rivières-Sens.
Leurs propos sont sans équivoque : s’ils ont le sentiment que les choses traînent encore, « nous redescendrons dans la rue et nous appellerons les Guadeloupéens à nous rejoindre. Ce n’est pas un jeu ! », a dit José Gaddarkan, président de la Fédération du BTP.

Un quart d’heure pour accrocher une banderole à la table des intervenants, c’est trop ! Mais, la suite ne manquait pas de saveur.

« Certains dirigeants de grandes entreprises locales n’ont pas apprécié et ont manipulé des gens pour qu’ils salissent notre mouvement. »

José Gaddarkan

On savait que, bien critiqués sur les réseaux sociaux, accusés d’avoir tiré la couverture à eux au travers d’un blocage de la Guadeloupe, Jean-Yves Ramassamy, président du Collectif des organisations professionnelles, et ses amis, dont José Gaddarkan, président de la Fédération du BTP, mais aussi des marins-pêcheurs, des boulangers et pâtissiers, d’autres professions encore allaient se justifier.
Pour dire quoi ? Que c’est le Collectif qui est à l’origine du mouvement de la semaine dernière, composé de 28 organisations, « et si certains dirigeants de grandes entreprises locales n’ont pas apprécié et ont manipulé des gens pour qu’ils salissent notre mouvement », que chacun sache, en Guadeloupe, que « toutes les organisation étaient invités… et que certaines n’ont pas répondu. »

Ceci mis à part, la conférence de presse portait tout d’abord sur les acquis (potentiels acquis) : la plupart des points de la plateforme en quinze revendications sauf, parce que le préfet Alexandre Rochatte a dit que cela relevait du Gouvernement et du Parlement, le moratoire sur les charges fiscales et sociales.

« Mais, rappelait M. Ramassamy, les avis à tiers détenteur (ATD) et les poursuites judiciaires pour non paiement des charges sociales et fiscales sont gelés.

En fait, depuis la signature du protocole, jeudi soir, les réunions ou échanges se sont succédés. D’autres réunions vont être tenues, le 24 mars à la Région, pour une CTAP Transport, avec les transporteurs de voyageurs mais aussi les transporteurs de matériaux. « Un calendrier est en train d’être établi de manière à mettre en place des ateliers avec les autres secteurs. », soulignait José Gaddarkan.

« Un nombre important de chefs d’entreprises ont signifié leur soutien à notre démarche », ajoutait Jean-Yves Ramassamy.

« Arrêter l’exploitation
de ces deux carrières
qui doivent être remises aux Guadeloupéens. »

jean-yves ramassamy

On a parlé des carrières de Deshaies et Rivière-Sens. Elles étaient incluses dans la plate-forme de revendications. Qu’est-ce qu’un conflit personnel entre deux patrons et des salariés vient faire dans une plateforme de revendications de chefs d’entreprises ? C’est que le conflit, qui dure depuis trois mois, est méchamment encayé. Et que ce conflit bloque d’autres activités économiques, comme le transport d’agrégats, les producteurs d’enrobés, de béton, etc. Et même des carreleurs, a dit José Gaddarkan.

En fait, les deux carrières à l’arrêt impatient divers secteurs de l’économie, notamment les chantiers, qui ont besoin de granulats, de sable, de pouzzolane — le gros chantier du CHU, les logements sociaux, le lycée de Baimbridge, les routes… Les gros chantiers mais aussi les petits chantiers des particuliers. Et les transporteurs d’agrégats, les artisans du bâtiment qui ne peuvent pas avancer dans leurs prestations.

José Gaddarkan prend le micro : « Cent cinquante familles par ci, cent cinquante famille par là… Je ne sais pas exactement combien de familles sont touchées par ce conflit mais je sais que des dizaines d’entreprises doivent continuer à payer des salaires et des charges alors qu’elles ne peuvent pas travailler faute de matériaux. Nous voulons travailler ! Tout le BTP est à l’arrêt. »

Le tableau, sombre, est dépeint. C’est Jean-Yves Ramassamy qui va aller plus loin. « Nous butons sur les jours de grève que ces deux patrons ne veulent pas payer. Nous prenons l’engagement, ici, que si les deux carrières ne paient pas ces jours de grève, nous Collectif, nous paierons mais nous récupérerons les deux carrières ! Les Guadeloupéens pourront exploiter ces deux carrières qui n’appartiennent pas à ces deux personnes mais qui appartiennent aux Guadeloupéens. Nous demandons à la Région, au Département, aux EPCI de faire une délibération pour arrêter l’exploitation de ces deux carrières. Elles doivent être remises aux Guadeloupéens qui l’exploiteront au travers d’une société d’économie mixte, pourquoi pas ? »

« Il ne nous appartient pas de dire ce qu’il faut faire, a modéré José Gaddarkan. C’est un conflit privé, mais ce conflit nous mène à la ruine. »

« Nous soutiendrons
le mouvement de nos salariés. »

José Gaddarkan

Sébastien Lecornu est accusé, plus tard « de mettre en place le retour de la colonisation française en Guadeloupe. » Pourquoi ? Parce qu’il a expédié un courrier à « Cher Ary », comme s’est moqué Jean-Yves Ramassamy en montrant le courrier. un courrier dans lequel il y a franco pour dire comment il voit la gestion de l’eau en Guadeloupe.

Le patron du Collectif des socioprofessionnels s’est voulu le porte-parole des élus et des techniciens guadeloupéens mis à mal par le ministre qui ne veut pas de ces derniers pour gérer l’eau. « Il veut remplacer les Guadeloupéens par des gens venus d’ailleurs », affirme M. Ramassamy qui cite de nombreux marchés qui ne sont plus attribués à des entreprises guadeloupéennes pour être confiés « à des entreprises françaises. »

Interrogés pour savoir si en bons Guadeloupéens, solidaires, les patrons du Collectif des socioprofessionnels iront ce mardi soutenir les travailleurs en grève, la réponse de José Gaddarkan a été simple : « Nous soutiendrons le mouvement de nos salariés. Les difficultés que rencontrent les salariés sont les mêmes que celle que nous rencontrons. »

A suivre.

André-Jean VIDAL

Jean-Yves Ramassamy, président du Collectif des socioprofessionnels :

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