L’appel à la conscience de Pierre Chadru

Avec l’art et la manière – très esthétique -, Chadru dénonce une société où tout, le corps, l’esprit… est sous contrôle. « Il faut sortir de ce conditionnement ! », clame l’artiste guadeloupéen. Chadru expose à l’hôtel L’Arawak (Le Gosier), jusqu’au 6 décembre.

Etat d’urgence. Le titre de la nouvelle exposition de peintures de Pierre Chadru ne pouvait être plus éloquent. Il y a comme un effet miroir entre les messages portés par les créations de Chadru depuis vingt-cinq ans sur l’énergie de création, le rapport entre énergie cosmique et énergie physique, et cette période que nous traversons. Où l’homme, masqué, perd jusqu’au droit de circuler, de vivre, comme bon lui semble.

« Il faut sortir de ce conditionnement, répète Chadru. Aujourd’hui encore, c’est la peur qui domine. C’est incroyable de voir comment la planète a été anesthésiée, hypnotisée. En Guadeloupe, sur deux kilomètres, j’ai vu des gens seuls, dans leur voiture climatisée, vitres haussées, portant le masque ! J’ai vu, des gens seuls, marchant masqués, alors qu’il n’y avait une personne à l’horizon ! Cela signifie que nous avons peur de nous-mêmes. »

« Le pouvoir de création de l’être humain, préoccupation intemporelle chez moi,
se retrouve exacerbée avec tout ce qui se passe aujourd’hui. Il y a quelque chose à dénoncer ! » Photos : Laurent de Bompuis

Chadru prône la « résistance sanitaire »

Stratégie de confusion, série Imprégation.

En trente pièces, vingt-neuf toiles et une installation, tout est dit. L’artiste expose clairement son point de vue. « L’enjeu, aujourd’hui, c’est de faire une vraie révolution sanitaire, soutient Pierre Chadru. Depuis une cinquantaine d’années, la médecine conventionnelle a tout bouffé sur son passage pour imposer une médication chimique. Il faut casser ce cycle et comprendre que nous avons en nous la capacité de nous regénérer. Le reste, la nature nous l’offre ! »

A l’instar de la crise sanitaire que nous vivons actuellement, il y aura un avant et un après l’exposition Etat d’urgence, de Chadru. Il y a l’avant, le moment où le visiteur commence à parcourir l’exposition, et l’après, celui où il a découvert chaque œuvre, perçu le message, esquissé un sourire en lisant le nom de certaines toiles ! Artémisia, révolution sanitaire, Pollution créative, Défense immunitaire ou encore, Stratégie de confusion, Stratégie de la peur… Du titre générique aux éléments qui composent cette exposition, tout fait écho à l’actualité. Pourtant, Chadru avoue n’avoir pas projeté de travailler sur un fait d’actualité, et moins encore, sur l’actuelle crise sanitaire. Et pourtant, la nouvelle collection du peintre entre en totale résonance avec notre quotidien, ponctué d’incertitudes qui impactent notre avenir. En cela, Etat d’urgence pousse à s’interroger. Vraiment.

Cécilia Larney

Le symbole de Chadru

Défense immunitaire, série Emergence.

Ce qui saute aux yeux en parcourant l’exposition Etat d’urgence, c’est cette forme très spécifique aux toiles de Pierre Chadru, déclinée sur chaque tableau. Certains y voient une flamme, un bouclier, une vulve, une pirogue, un œil ! « Il n’y a rien à voir, mais tout à sentir ! ironise Chadru. Tout ce que j’ai à dire tient dans cette forme. Elle a quelque chose de métaphysique, d’extrême. Je la transcende, je la simplifie, je la conceptualise. Je suis dans une multi-représentation, tout en étant dans une abstraction totale. »

Cette forme, le symbole de Chadru, a aussi inspiré l’installation qu’il propose en complément vivant de son exposition. Là aussi, tout est très symbolique. Intitulée ADN, l’installation a été conçue avec des branches d’arbre àpain. Quand on se penche par-dessus cet amas de branches en forme de cocon posé à même le sol, on découvre un petit bout de nature, un plant d’aloe vera. « Cette installation représente physiquement, métaboliquement, la Guadeloupe, la Caraïbe, indique Chadru. Le fruit à pain est notre nourriture de base et l’aloe vera, une plante miraculeuse aux nombreuses vertus. »

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