Primé au festival Monde en vues 2022, le documentaire inédit de Guy Gabon montre l’engagement d’une nouvelle génération consciente de l’urgence de préserver et transmettre la terre des Grands Fonds en s’inspirant du modèle agricole traditionnel.
Décédé en 2010, Siméon René, paysan guadeloupéen visionnaire, ardent militant syndical et politique, a passé sa vie au cœur des vallées des Grands Fonds, en Guadeloupe, à défendre une agriculture paysanne familiale et rurale pour nourrir le corps et l’esprit d’un peuple en respectant la terre.
Une partie de ses 12 enfants vivent sur la terre familiale de Guiampo, mais seuls ses aînés, Tony et Suzy, maintiennent encore une modeste activité agricole traditionnelle. Malgré l’attachement viscéral à cette terre qui les a vus naître, leurs frères et sœurs se sont tournés vers d’autres métiers.
Un site unique dans les Grands fonds
Aujourd’hui, dans la famille, un espoir est en train de naître. La jeune Thalia, 17 ans, n’a qu’un seul objectif : prendre la relève de son grand-père, son héros. Les graines que Siméon et sa femme George ont semées dans leur famille ont germé : quels sont les combats et les rêves de cette nouvelle génération ?
Les Grands Fonds, région vallonnée située sur l’île de la Grande-Terre, en Guadeloupe, demeurent le potager de « l’île papillon », propice à la culture des fruits et des légumes. La richesse et la diversité de son écosystème font de cette région un site unique au monde. Sur un chemin se trouve une stèle en dalle de tuf surmontée d’un buste en bronze à l’effigie d’un homme. Une petite plaque dorée est fixée avec cette inscription : « Siméon René 1921-2010 L’homme qui parlait à la terre de Guiampo ».
Une histoire singulière et puissante se cache derrière ce buste en bronze que raconte la réalisatrice Guy Gabon dans son documentaire inédit.
De Sainte-Anne à Moscou
L’histoire de Siméon, c’est l’histoire d’un enfant de la campagne des Grands Fonds qui, très jeune, partage son temps entre les travaux agricoles, pour aider ses parents aux champs, et l’école. Le jeune homme fréquente l’École Normale pour devenir instituteur et rencontre George qui deviendra sa femme en 1951. Le couple aura 12 enfants qu’ils élèvent dans le partage des valeurs paysannes, humaines, familiales et militantes.
Siméon fait son entrée au comité central du Parti Communiste Guadeloupéen lors du congrès de décembre 1964. En parallèle, il rejoint le comité de rédaction de L’Etincelle (journal local du PCG) en tant que secrétaire administratif. Ses fonctions de dirigeant l’amènent à Moscou, où il suit des études supérieures de sciences sociales.
Les aînés perpétuent la tradition… jusqu’à quand ?
De retour au pays, Siméon démissionne de l’Éducation nationale et installe chez lui un tableau, une table et des bancs, et crée une classe alternative pour les enfants des environs qui rencontrent des difficultés avec « le moule de l’école de la République », ainsi que pour les paysans qui ne savent ni lire, ni écrire.
Ce lien à la terre est le fondement de sa pensée, son engagement, sa philosophie de vie. C’est l’héritage laissé à ses enfants. La plupart vivent sur les terres de Guiampo, mais seuls les aînés perpétuent des pratiques agricoles héritées de leurs parents. Mais pour combien de temps encore ?
- Mercredi 22 février, à 00.30, sur Martinique la 1e
- Vendredi 24 et lundi 27 février, à 23.45, sur France 3
- Lundi 27 février, à 20.05, sur Guadeloupe la 1e