La Martinique, seul département d’Outremer reconfiné

Le 29 octobre , la nouvelle du reconfinement en Martinique est tombée, éveillant stupeur et désarroi au sein de la population locale, malgré les annonces répétées par l’Agence Régionale de la Santé – Martinique de chiffres plutôt alarmants depuis quelques semaines.

En zone rouge depuis plus de cinq semaines, la Martinique compte plus de 700 nouveaux cas de coronavirus pour la seule période du 19 au 25 octobre. Cependant, si le risque sanitaire est bien présent, c’est avec une certaine émotion que la nouvelle du reconfinement a été reçue par la population martiniquaise. Suite à l’annonce du président Emmanuel Macron au niveau national, information relayée par le premier ministre Jean Castex, puis par le préfet de région, Stanislas Cazelles, la Martinique se retrouve en situation de confinement pour une durée de trois semaines.


De vives réactions

Immédiatement les premières réactions ont surgi, à l’instar de la chanteuse de zouk d’origine réunionnaise Orlane qui, sur son compte Facebook, dénonce la situation déjà précaire des artistes de l’île. Ces derniers étant d’autant plus mis à mal que le confinement touche au premier chef les établissements de spectacles, les bars et restaurants, leurs lieux de production. Pour Orlane, ce n’est rien de moins que le coup de grâce : « les artistes meurent petit à petit, tout simplement », estime-t-elle. Et ce, même si le gouvernement a annoncé des « mesures d’urgence » (aide au loyer, activité partielle, exonérations de charges) pour leur venir en aide. Mais, plus loin que les seuls artistes, c’est toute l’économie insulaire qui est impactée, le secteur du tourisme en tête, qui affiche déjà une baisse de 50% de fréquentation par rapport aux chiffres de l’année 2019. La haute saison devrait être d’autant plus difficile compte tenu des mesures de reconfinement, en dépit de tous les efforts déployés par le Comité Martiniquais du Tourisme et des autres partenaires de la filière pour inverser la tendance. Une situation indéniablement à suivre au fil des prochaines semaines.


Soutenir les petits commerçants.

Le député Serge Letchimy estime les mesures inégalitaires entre grandes enseignes et petits commerces.

Autre réaction remarquée, celle conjointe du député Serge Letchimy et du maire de Fort-de-France, Didier Laguerre, tous deux du Parti Progressiste Martiniquais (PPM). Au premier ministre et au préfet de région, Stanislas Cazelles, ils réclament « des mesures concrètes à la hauteur de la gravité de la situation en Martinique » pour soutenir les petits commerçants. Ils souhaitent, la mise en place d’« un plan de soutien massif et spécifique au territoire ».


Didier Laguerre, maire de Fort-de-France, se réserve le droit de saisir le Tribunal administratif.

Estimant les mesures inégalitaires entre les grands commerces et les petits commerçants et artisans, ils réclament également la suspension de ceux des premiers « qui seraient en contradiction avec les règles de concurrence et d’égalité des commerces et artisans de proximité ». Le maire de Fort-de-France dit se réserver le droit de saisir le Tribunal administratif « au motif de la rupture d’égalité de traitement entre des entreprises qui vendent le même type de produits (librairie, habillement, produits de coiffure, bijouterie, etc) si dans les prochains jours ces dispositions sont maintenues ». Peut-on d’ores et déjà parler de bras de fer entre les élus et les autorités nationales, quand la population elle-même s’insurge en mettant à mal les prescriptions préfectorales, menaçant parfois purement et simplement de ne pas suivre les mesures préconisées ? Les prochains jours seront décisifs. Une rencontre est prévue cette semaine entre les élus de la Collectivité Territoriale de la Martinique et le préfet de région pour étudier l’accord de dérogations aux travailleurs indépendants et peut-être aussi de revoir certaines décisions.

« Il faut tout revoir ! « 

Louise Telle, présidente de la Commission Santé (CTM)

Présidente de la Commission Santé à la Collectivité Territoriale de Martinique, Louise Telle s’insurge directement contre les mesures de confinement, les estimant « désastreuses pour les habitants et les entreprises ». Louise Telle fustige ce qu’elle nomme « un simulacre de concertation », et proteste énergiquement contre « ce coup de force contre les libertés publiques », qui, selon elle, aurait pu être évité, « tout en sauvegardant la santé des concitoyens ».
Louise Telle en profite pour réaffirmer « qu’une solution de couvre-feu de 20 heures à 5 heures et le week-end, du samedi 15 heures au lundi 5 heures, permettant de limiter la circulation du virus, sans porter atteinte aux équilibres sociaux fondamentaux du pays et singulièrement aux commerces non alimentaires, aurait été la meilleure option ». Une grogne qui semble se généraliser tant au niveau des élus que de la population générale quant aux raisons véritables des mesures préconisées pour la seule Martinique. Certains, au sein des groupuscules les plus réticents, vont jusqu’à y voir une mesure de punition collective ou collégiale au moment où la Martinique et les Martiniquais font face à des débats et questionnements qui les opposent directement au gouvernement ou aux autorités représentantes locales. L’affaire du chlordécone est un exemple,ou encore l’affaire Kéziah Nuissier, étudiant de 22 ans, militant actif anti-chlordécone, gravement blessé par la police lors d’une manifestation publique le 16 juillet, à Fort-de-France.

Rodolf Etienne

http://www.martinique.gouv.fr/

https://www.martinique.ars.sante.fr/

Durant le confinement…

Depuis le 30 octobre minuit, tout déplacement est interdit sauf dans les cas suivants et sur attestation uniquement :

  • entre le domicile et le lieu d’exercice de l’activité professionnelle ou les universités (ou établissements d’enseignement supérieur) pour les étudiants ou les centres de formation pour adultes et les déplacements professionnels ne pouvant être différés
  • pour effectuer des achats de fournitures nécessaires à l’activité professionnelle, des achats de première nécessité dans des établissements dont les activités demeurent autorisées et les livraisons à domicile
  • les consultations et soins ne pouvant être assurés à distance et ne pouvant être différés et l’achat de médicaments
  • pour motif familial impérieux, pour l’assistance aux personnes vulnérables et précaires ou la garde d’enfants ; les déplacements des personnes en situation de handicap et leur accompagnant
  • déplacements brefs, dans la limite d’une heure quotidienne et dans un rayon maximal d’un kilomètre autour du domicile, liés soit à l’activité physique individuelle des personnes, à l’exclusion de toute pratique sportive collective et de toute proximité avec d’autres personnes, soit à la promenade avec les seules personnes regroupées dans un même domicile, soit aux besoins des animaux de compagnie
  • les convocations judiciaires ou administratives et rendez-vous dans un service public
  • la participation à des missions d’intérêt général sur demande de l’autorité administrative.

A noter que le télétravail est recommandé pour le plus grand nombre, chaque fois que cela est possible et qu’une amende forfaitaire de 135 euros sera appliquée en cas de non-respect des mesures de confinement.

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