Les mesures de lutte contre l’épidémie ne changent pas, après les annonces gouvernementales, le 28 octobre. Mais, depuis le 31 octobre, des agents accueillent les passagers à Félix-Eboué afin de leur proposer d’effectuer un nouveau test et de respecter un isolement volontaire de sept jours.
Avec une incidence hebdomadaire inférieure à 50 cas pour 100 000 habitants, la Guyane redoute avant tout l’importation de nouveaux cas de Covid-19, comme cela s’était produit en avril-mai, prélude à l’accélération de l’épidémie.
Fin octobre, les Guyanais ont poussé deux ouf de soulagement. Le premier, mercredi 28 octobre, lorsque le président Emmanuel Macron a indiqué que le reconfinement ne concernerait pas le territoire. Le second, vendredi 30 octobre, lorsque le préfet Marc Del Grande a annoncé que les mesures de freinage contre l’épidémie ne changeraient pas. Il est donc toujours possible d’aller au bar ou au restaurant (dans la limite de six convives par table), de faire du sport (en extérieur et en salle) ou de se rendre en forêt. Dans la newsletter que l’Agence régionale de santé (ARS) adresse deux fois par semaine aux professionnels de santé, Frédérique Groene, psychologue clinicienne, avait prévenu : « Si on nous applique des mesures que la population ne trouve pas légitimes, il risque d’y avoir une levée de boucliers. »
47 cas pour 100 000 habitants
Entre le 18 et le 24 octobre, la Guyane a enregistré en moyenne vingt cas de Covid-19 par jour, note Santé publique France, dans son point épidémiologique hebdomadaire consacré au nouveau coronavirus. Avec une incidence hebdomadaire de 47 cas pour 100 000 habitants, le seuil d’alerte (10 pour 100 000) est nettement dépassé, mais la situation n’est en rien comparable à ce que vivent l’Hexagone et les Antilles. Surtout, après avoir été cités en exemple pour la mise en œuvre d’un couvre-feu évolutif, les Guyanais n’auraient pas compris que des mesures plus contraignantes leur soient imposées. Ils doivent pour l’heure s’en tenir aux règles suivantes :
- Le couvre-feu est en vigueur de minuit à 5 heures
- La vente d’alcool à emporter est interdite de 18 heures à 8 heures
- La consommation d’alcool sur la voie publique est interdite
Des agents de l’Agence Régionale de Santé accueillent les passagers
Ces trois mesures ne s’appliquent pas dans neuf petites communes n’ayant pas enregistré de nouveau cas de Covid-19 depuis au moins 15 jours. En outre :
- Le port du masque est obligatoire dans l’espace public
- Les frontières restent fermées
- Les rassemblements, réunions ou activités de plus de 6 personnes dans l’espace public ou dans un lieu ouvert au public sont soumis à autorisation préfectorale
Aujourd’hui, le principal risque en Guyane est qu’une part significative de cas arrive par l’aéroport des zones où le virus circule activement. Depuis le 31 octobre, des agents de l’ARS accueillent les passagers arrivant à l’aéroport Félix-Eboué. Ils leur rappellent qu’un test négatif effectué 72 heures avant de prendre l’avion n’est pas une garantie contre la maladie : il existe une part non négligeable de faux négatifs et le risque d’être contaminé entre son test et son vol est important, notamment à Paris. Ils suggèrent donc aux passagers :
- D’effectuer un nouveau test à leur arrivée : un laboratoire propose une RT-PCR à l’aéroport et sans doute, prochainement, le test antigénique
- De réaliser un nouveau test sept jours après leur test négatif
- D’opter pour un isolement volontaire pendant les sept premiers jours de leur présence en Guyane
Pour autant, rien ne dit que cela suffira à éviter une deuxième vague épidémique.
Pierre-Yves Carlier