La direction du CHU de la Guadeloupe molestée, les réactions se multiplient

Mardi 4 janvier, le CHU de la Guadeloupe a connues des violences sans précédent : des salariés suspendus par décision du directeur de l’établissement, Gérard Cotellon, ont fait le siège des bureaux de la direction générale toute la journée.

En début de soirée, la police est intervenue pour permettre au directeur général, un de ses adjoints, du personnel administratif, de sortir des bureaux et regagner leurs foyers. La petite foule qui s’était massée près des portes a manifesté son mécontentement.

« Après avoir bloqué les accès de la direction générale du CHUG pendant une bonne partie de la journée, une cinquantaine de manifestants postés depuis le matin devant les bureaux, a violemment frappé Gérard Cotellon, à sa sortie. Le directeur général du CHUG a reçu des coups de pieds aux cotes et un violent coup de tête qui l’a à demi assommé. Quant au directeur général adjoint, Cédric Zolezzi, escorté difficilement vers une voiture de police, il a vu ses vêtements arrachés et déchirés et le véhicule de police qui l’exfiltrait pris pour cible. Les manifestants ont, par ailleurs, gravement endommagé le véhicule d’une assistante de direction », relate un communiqué de la direction du CHU.

Des vidéos circulent sur les réseaux sociaux, sur lesquelles on entend des cris, des insultes, on voit des jets de liquides, et des policiers agglomérés autour de deux personnes courir vers des voitures, poursuivis par des personnes gesticulant dans la nuit.

Interrogé, le directeur du CHU de la Guadeloupe fait état de coups reçus, dont un sur la tête qui lui aurait fait perdre connaissance quelques secondes tandis qu’on l’emportait vers une voiture de police.

Les réactions n’ont pas manqué depuis ces incidents.

« Tout sera mis en œuvre
pour garantir la sécurité
des agents du CHUG. »

Alexandre Rochatte, préfet de Région Guadeloupe

Alexandre Rochatte, préfet de la région Guadeloupe, « condamne très fermement les violences dont ont été victimes Messieurs Gérard Cotellon, le directeur général du centre hospitalier universitaire, Cédric Zolezzi, son adjoint ainsi que leurs proches collaborateurs, malgré l’intervention des forces de l’ordre.

Ces exactions délibérées sont inadmissibles et intolérables. Elles ont été perpétrées par des agents de l’établissement mais aussi par des personnes extérieures à celui-ci et feront l’objet de poursuites après dépôt de plaintes.

Tout sera mis en œuvre pour garantir la sécurité des agents du CHUG. »

Le préfet « tient à assurer de son total soutien à monsieur Colleton, à l’ensemble de ses collaborateurs et au personnel médical qui se mobilisent nuit et jour pour la santé de la population guadeloupéenne. »

Le préfet Rochatte, qui tiendra, mercredi après-midi, un point presse Covid — la Guadeloupe est de nouveau en état d’urgence sanitaire — devrait revenir sur ces incidents.

« Les personnes qui ont agi ainsi
ne peuvent plus se qualifier
de professionnels de santé. »

Valérie denux, directrice générale de l’ars

La directrice générale de l’ARS, Valérie Denux, « condamne fermement l’agression du directeur général du CHU, de son adjoint et de son assistante. Les personnes qui ont agi ainsi ne peuvent plus se qualifier de professionnels de santé. Il est profondément choquant que des directeurs d’établissements de santé puissent se sentir menacés et être injuriés, frappés, salis par des personnes se disant appartenir à leur établissement. »

Elle poursuit : « Lorsque l’on appartient à une institution, on a certes des droits mais aussi des obligations. Une de ces obligations est de protéger les patients dont on a la charge. Pour cela la vaccination est devenue obligatoire, sur l’ensemble du territoire national. C’est une condition d’exercice indispensable. Si on ne souhaite pas la respecter, on doit alors changer de profession. »

Les manifestants venaient réclamer le versement de leur salaire, malgré leur suspension pour refus de se faire vacciner, conformément à la loi du 5 août 2021.

Valérie Denux : « Concernant la perte de salaire, il a été proposé à ces personnes de dialoguer, pour comprendre leurs freins à la vaccination, et de les aider en trésorerie pendant cette période. Il est ensuite proposé de l’aide à la fois financière et en termes d’accompagnement professionnel. C’est plus de 600 personnes qui se sont inscrites dans ce dispositif et qui pourront ainsi être soutenues si elles le souhaitent. Or les organisations syndicales qui appellent à la violence, ont aussi appelé à ne pas bénéficier de ce dispositif d’accompagnement. Leur attitude est extrémiste. C’est intolérable car cela traduit avant tout une volonté de destruction. Ils ne sont pas déterminés, comme ils le disent, ils sont destructeurs. »

Elle demande l’apaisement : « Alors que la 5e vague est là, et qu’eux-mêmes et leurs familles seront peut-être soignés par les mêmes qu’ils ont insultés, le calme doit revenir et ceux qui ne veulent pas se faire vacciner doivent tourner la page de leur exercice professionnel au sein de la santé. »


Le président du conseil régional, Ary Chalus, « condamne ces actes de violence »

Le président de Région Ary Chalus condamne fermement les agressions dont ont été victimes le directeur général du CHU et son directeur adjoint mardi 4 janvier 2021.

« Cette nouvelle escalade de violence franchie par les manifestants vient porter atteinte à l’intégrité physique et morale de la direction du CHU déjà durement éprouvée par la gestion de la crise sanitaire depuis mars 2020.

De nombreux professionnels de santé en charge de soigner les Guadeloupéens ont eu à subir des exactions en marge des mobilisations, et je les dénonce à nouveau. Il en va du respect de chacun et de la qualité de la prise en charge des patients. »

Le président Ary Chalus et l’ensemble des élus régionaux rappellent que « les libertés individuelles s’accompagnent toujours de responsabilités individuelles envers autrui. »

Ils renouvellent leur soutien et leur solidarité à Gérard Cotellon et Cédric Zolezzi ainsi qu’à l’ensemble de la communauté hospitalière.

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Bernard Guillaume, président de Péyi Gwadloup (PS), « appelle chacune et chacun à l’unité afin de faire face, ensemble, à la vague de contaminations qui s’annonce violente. »

« Aucune cause ne justifie une telle escalade dans les violences, ni de s’attaquer à des fonctionnaires qui ont le devoir d’appliquer la loi. »

Mais, la politique n’est jamais très loin : « Les élus du groupe Péyi Gwadloup ne peuvent qu’exprimer leur inquiétude devant les ferments de division qui minent un peu plus notre cohésion, comme les dernières déclarations du président de la République dans une interview au Parisien. Sa volonté assumée de stigmatiser une partie des citoyens qui ne sont pas convaincus par la gestion gouvernementale de la crise sanitaire ne peut être la bonne méthode pour parvenir à protéger le pays de la reprise épidémique qu’il connaît partout, y compris en Guadeloupe. »

Bernard Guillaume rappelle une réalité, celle du temps : « Le groupe Péyi Gwadloup appelle chacune et chacun à l’unité afin de faire face, ensemble, à la vague de contaminations qui s’annonce violente dans les prochains jours et les prochaines semaines. Il faudra aussi, pour cela, que notre CHU — comme les autres structures hospitalières — soit préservé afin de permettre le meilleur accueil possible pour les patients. »

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Olivier Serva demande l’apaisement

Dans un communiqué, mercredi matin, le député Olivier Serva (première circonscription de la Guadeloupe) : « Face à ce conflit qui perdure, il est urgent d’apporter des réponses à la précarité liée à la suspension des salaires du personnel soignant gréviste. Le dialogue et la concertation sont les seules issues possibles. »

Il conclut : « C’est ensemble que nous surmonterons cette crise sanitaire et sociale. »

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