Le 14 avril, deux jours après le début de la campagne cannière à Marie-Galante, la chaudière de l’usine de Grande Anse a lâché. Une fuite dans la chaudière.
« Le générateur de vapeur BR2 a eu un incident majeur ». C’est ce que révèle Michel Claverie, directeur général de la Sucrerie Rhumerie de Marie-Galante (SRMG), dans un courrier adressé, samedi 17 avril, au président de la SRMG, Athanase Coquin, ainsi qu’aux administrateurs.
Il explique : « Tout d’abord, il y a eu un fonctionnement sans eau. La chaudière s’est vidée de son eau. Les tubes ont été chauffés au rouge à plus de 1 000 degrés » (…) « Une deuxième action inappropriée a alors été faite, en remplissant la chaudière d’eau. Un choc thermique considérable s’est produit : tous les tubes d’eau de la chaudière ont été refroidis brutalement, ce qui a entraîné la trempe de l’acier des tubes ».
Les experts appelés sur place ont évalué la durée théorique des travaux pour remettre en état la chaudière.
Michel Claverie est réaliste : « Il faut dix mois pour remplacer le ballon supérieur (six mois de délai minimum), retuber complètement et refaire la fumisterie. Ces travaux coûteraient au moins 1,5 million d’euros. »
Ce courrier sans appel du directeur de la SRMG a été adressé en copie au sous-préfet de Pointe-à-Pitre, au directeur de la Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF), à celui de la Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL), ainsi qu’aux dirigeants de la SICAMA, la coopérative des planteurs de canne de Marie-Galante, actionnaire à 47% de la SRMG.
Une catastrophe
économique et humaine
Que vont devenir les cannes de Marie-Galante ? Un conseil d‘administration devrait se tenir ce mercredi matin pour en débattre et évaluer si la réparation envisagée est économiquement judicieuse ou pas…
Ils sont un peu plus de 900 planteurs à apporter leurs productions de cannes à l’usine de Grande Anse. Les autres alimentent les distilleries de l’île. La canne à sucre, c’est encore 1 700 hectares de terres réellement exploitées, alors qu’il y a 2 300 hectares normalement dévolues à cette production sur l’île
En attendant, les cannes sont sur pied et les planteurs attendent. Dans l’optique où l’usine n’aurait pu tourner cette année, l’idée avait été émise que les cannes soient acheminées, par bateau, vers l’usine sucrière de la Grande-Terre, Gardel. Mais, entretemps, la SRMG a investi un reconditionnement de la chaudière pour un million d’euros et la Région est intervenue pour dire qu’elle soutiendrait la profession en payant l’équivalent de la prime de bagasse aux planteurs.
Cette panne de longue durée remet beaucoup de choses en question.
Déjà, l’an dernier les nombreuses difficultés pour l’usine à broyer la canne coupée ont dégoûté nombre de planteurs, surtout les plus âgés, dont beaucoup ont laissé tomber. Si une solution intelligente et pérenne n’était pas trouvée, ce nouveau coup dur pourrait annoncer la fin de la canne à Marie-Galante et la ruine pour la Grande Galette.
En savoir plus :