Contre l’obligation vaccinale et le pass sanitaire, depuis le 17 juillet, les organisations syndicales, citoyennes et politiques (FO, CGTG, UGTG, UNASS-UGTG, FSU, Solidaires Guadeloupe, UTS-UGTG…) défilent chaque samedi dans les communes.
Parallèlement, dans les entreprises de différents secteurs, les mouvements de grève se multiplient. Et ce n’est pas fini, selon Maïté Hubert-M’Toumo, Secrétaire générale de l’UGTG, qui dénonce des « méthodes très agressives » à l’encontre des salariés.
Depuis plusieurs semaines, les piquets de grève fleurissent chez les soignants, les agents du social, du médico-social… pour réclamer la suppression de l’obligation vaccinale. Quelles avancées ont été constatées à ce jour ?
Nous avons des discussions avec des directeurs, des responsables qui n’ont aucun levier, aucun pouvoir de décision. Ils essaient de trouver des solutions pour l’application de la loi du 5 août 2021 sur l’obligation vaccinale.
Notre principale revendication, c’est qu’ils se rendent compte que cette loi n’est pas applicable en Guadeloupe et qu’il faut qu’elle soit supprimée. Or, ils n’ont pas la possibilité de le faire. Donc, forcément, les discussions n’avancent pas. Et les travailleurs restent mobilisés sur les piquets de grève.
Nous voulons discuter avec des interlocuteurs qui sont en capacité de prendre des décisions, pas avec des gens qui viennent discuter des possibilités d’adaptation. Avec cette situation, on prend conscience qu’il faut changer les rapports sociaux en Guadeloupe.
Entre-temps, la loi devant s’appliquer, les salariés qui ne sont pas en conformité sont réellement suspendus…
Oui. Ils sont des centaines dans cette situation, notamment dans le secteur de la santé. Ils ont reçu un courrier de suspension les informant que faute d’avoir présenté un schéma vaccinal complet, ils sont suspendus. Ils se retrouvent sans revenu, ni rien. Le plus grave, c’est qu’ils sont suspendus sans possibilité de recours, sans leur laisser la possibilité de poser des congés. Et, bien souvent entre le délai de réception de la mise en demeure et le courrier de suspension, il n’y a que 6 à 7 jours ! Ce sont des méthodes très agressives qui n’ont pas pur but de chercher des solutions, ni de discuter. C’est de l’intimidation pour faire peur aux salariés pour qu’ils finissent par se faire vacciner.
Le plus déroutant, c’est que chaque établissement de santé adopte une méthode différente. Certains ont choisi d’échelonner l’envoi des courriers par catégories socio-professionnelles. D’autres ont envoyé la mise en demeure et la suspension dans le même courrier. D’autres encore ont repoussé le délai d’application au 15 novembre, au 1er décembre… Chaque établissement fait à sa façon. Ce qui ne change pas, c’est que le salarié a l’obligation de présenter un schéma vaccinal complet tôt ou tard. C’est inadmissible.
Quelles perspectives pour les salariés qui refusent de se soumettre à l’obligation vaccinale ?
Nous ferons en sorte que l’Etat français prenne en compte nos revendications. Dès la semaine prochaine [NDLR, à compter du 15 novembre], nous ferons en sorte que tous les secteurs d’activité en Guadeloupe soient bloqués.
Nous avons déjà fait comprendre à l’ensemble des travailleurs, mais aussi à la population, cette obligation vaccinale ne concerne pas que les salariés de la santé, du social, du médico-social…, mais tous les secteurs d’activité ! Des salariés de restaurants, de pharmacie ont déjà reçu des courriers de suspension parce qu’ils ne sont pas vaccinés. Certaines collectivités envisagent aussi d’appliquer le pass sanitaire pour les agents. Même pour les offres d’emploi, on précise qu’il faut le pass sanitaire pour travailler, alors que nous avons un fort taux de chômage en Guadeloupe. C’est un chantage à l’emploi. C’est inadmissible.
Nous demandons aux salariés de ne pas attendre de recevoir le courrier mais de se mobiliser pour imposer l’ouverture des discussions et que l’Etat se rende compte que cette loi ne peut pas fonctionner en Guadeloupe. Avec cette loi, nous allons vers le chaos social total.
Dès samedi 13 novembre, il y a une mobilisation générale avec la population à la caserne des sapeurs-pompiers, à Dothémare (Les Abymes). Puis, à partir de lundi, on fera en sorte que tout soit bloqué dans le médico-social, l’action sociale, l’hôtellerie, la restauration l’énergie, la santé… On ne joue pas avec la vie des gens. Chacun doit pouvoir décider de ce qu’il veut ou pas pour sa santé.
Entretien : Cécilia Larney