Dimanche 18 juillet, 6 h 30. Les gendarmes de Grand-Bourg sont en alerte : il y a eu des coups de couteau du côté de la plage des Basses.
Sur place, ils découvrent la fin d’une fête privée et un corps sanglant. Celui d’un jeune homme. Les gendarmes avisent leur hiérarchie qui décide d’envoyer immédiatement un technicien de scène de crime, des enquêteurs de la brigade de recherche et de la section de recherche basés au Morne Miquel, à Pointe-à-Pitre.
De leur côté, en attendant leurs collègues venant du continent, les gendarmes commencent à sentir le terrain. Il y avait une fête, fête privée, avec entrée payante. Il y avait certainement beaucoup de monde (une enquête connexe concernant la fête a été ouverte). Il y a eu une bagarre entre trois jeunes et un quatrième. Un autre jeune homme s’est interposé. Il y a eu une altercation et le jeune homme, qui n’avait rien à voir avec la bagarre, a été repoussé. Il s’est éloigné… avant de revenir.
La suite est classique : le jeune, de retour, brandit un couteau et frappe.
Deux jeunes
nés en 2001
« Celui qui a donné le coup de couteau mortel est un jeune né en 2001, en vacances avec sa famille à Marie-Galante. Le présumé auteur des faits est aussi un jeune né en 2001. C’est un drame où les protagonistes ont le même âge et aucun des deux n’est connu de la justice », déplore Thierry Desjardins, procureur de la République à Pointe-à-Pitre qui a provoqué une conférence de presse mardi 20 juillet, accompagné du capitaine Rachid Boumlil, de la compagnie de Pointe-à-Pitre.
En fait, quand le jeune homme repoussé est parti, s’éloignant de la fête, il est rentré à la maison, pas très loin, s’est armé d’un couteau de cuisine, décrit par les témoins comme doté d’une longue lame.
Interrogé, il dira qu’il a pris un couteau « pour se défendre. » Il aurait, sans doute, été plus simple de laisser tomber et de rester chez soi…
La famille de la victime a remis
l’auteur présumé aux gendarmes
Dimanche matin, quand les gendarmes sont sur place, ils ne connaissent pas encore l’identité de l’auteur du coup de couteau mortel. Plus tard, alors qu’ils cernent son identité, ce sont des membres de la famille de la victime qui vont le leur ramener à la brigade de Grand-Bourg. Ils ont constitué un petit commando, se sont rendus chez les parents du jeune homme et l’ont emporté pour le remettre aux gendarmes. Sans violence.
« Ce n’est pas quelque chose à faire, il faut laisser les professionnels agir dans ces cas là, commente le procureur Thierry Desjardins. Cependant, ajoute-t-il, je tiens à rendre hommage à cette famille. Ils ont fait preuve d’un grand sang-froid, ils n’ont pas laissé leur colère prendre le dessus. Ils ont remis le présumé auteur des faits aux gendarmes. »
Le procureur a donné l’état d’avancement du dossier : la garde à vue a été prolongée pour des compléments d’enquête. Ce mardi, l’auteur présumé des faits a été présenté à un juge d’instruction avant d’être conduit devant un juge des libertés et de la détention. Le Parquet a demandé une incarcération provisoire de l’auteur des faits.
André-Jean Vidal
Un couteau de 40 centimètres de long
Le capitaine Rachid Boumlil a rappelé les différentes étapes de l’enquête, l’appui des gendarmes spécialisés venus de Pointe-à-Pitre en assistance aux gendarmes de l’île.
« Compte tenu de la position du corps, compte tenu aussi que nous ne connaissions pas l’identité de l’auteur présumé, il a fallu demander des renforts. Le jeune homme, une fois récupéré, a été conduit à Pointe-à-Pitre où l’interrogatoire s’est poursuivi. Quand nous lui avons demandé où était l’arme, il nous a répondu qu’il l’avait jetée à la mer. Nous avons donc envoyé des plongeurs mais ils sont revenus bredouilles. En fait, le jeune homme a avoué avoir caché l’arme dans un endroit bien précis, dans un bois. Les gendarmes l’ont retrouvée. Il s’agit d’un couteau de 40 centimètres de long, avec une lame de 25 centimètres, un couteau de cuisine que l’auteur est allé chercher dans la propre cuisine de sa mère. »
Quant à la soirée privée, avec entrée payante, elle s’est tenue dans des conditions telles qu’une enquête conjointe est en cours…