Le procès de Gérard Cotellon, directeur du CHU de Guadeloupe, contre Gaby Clavier, syndicaliste de l’UGTG, pour « menaces de mort » a été mis en continuation au 5 mai par le tribunal de Pointe-à-Pitre.
En l’absence du plaignant, Gérard Cotellon, la 3e séance du procès intenté contre le syndicaliste de l’UGTG, Gaby Clavier s’est poursuivie, ce mardi 15 mars, avec l’audition de 7 témoins. Cités par la défense, ils étaient invités à s’exprimer sur les faits de menaces de mort reprochés à Gaby Clavier suite à une phrase en créole [« Lè ou ka tchouyé, fo pa ou pè mò »], prononcée lors d’un meeting au CHU de Pointe-à-Pitre, le 27 juillet 2021.
« On a toujours pu compter sur Gaby Clavier. »
Déclaration d’un témoin.
L’intervention des témoins a aussi porté sur la personnalité et la moralité de Gaby Clavier. Les témoins, employés (secrétaire médicale, agent ouvrier, infirmière, employée de la pharmacie, agent de sécurité incendie…) du CHU pour la plupart ont été unanimes à reconnaitre les qualités de leader syndical de Gaby Clavier, son engagement total auprès des salariés.
« On a toujours pu compter sur lui, ont indiqué les témoins, agents du CHU de Guadeloupe. Gaby Clavier est tenace et, quand il s’agit de l’intérêt du patient, il ne lâche rien ! Sans lui, la situation de l’hôpital aurait été pire. Quand on signalait ce qui n’allait pas à la direction, rien ne changeait. La seule réponse qu’on avait, c’est que le nouvel hôpital est en construction et qu’il faut patienter. »
« En 2020, on nous applaudissait, aujourd’hui, on est à la rue. »
Psychiatre, le Dr Doressamy a lui aussi convenu que « Gaby Clavier rend justice à l’ensemble des travailleurs : son action est salutaire. » Elie Domota, leader du LKP a évoqué « un homme honnête, humaniste, d’une grande rectitude, qui a beaucoup fait pour les travailleurs de Guadeloupe. »
Dans certains propos, transparait en filigrane, la souffrance engendrée par les conditions de travail au CHU et le traitement réservé au personnel suite à la loi du 5 août 2021 sur l’obligation vaccinale. « En mars 2020, quand l’épidémie a commencé, nous avons travaillé sans protection, on nous applaudissait. Même des employés positifs au Covid devaient venir travailler pour renforcer les équipes, et aujourd’hui, on est à la rue », rappelle un témoin.
« Beaucoup deviennent suicidaires. »
Dr Ahimsa Doréssamy, psychiatre.
Lors de son intervention, le Dr Ahimsa Doréssamy, psychiatre, a fait remarquer avec à-propos que la dégradation des conditions de travail et du climat social au sein de l’établissement ont nourri une colère qui a fini par éclater avec la crise Covid.
« Cette gestion catastrophique engendre autant d’actes de violence envers le personnel et un certain mal-être, explique le Dr Doréssamy. La violence qui s’exprime aujourd’hui n’est que la réponse à cette violence institutionnelle qui dure depuis plusieurs années et a inscrit le personnel dans une logique destructrice. Beaucoup d’entre eux développent un sentiment de culpabilité et deviennent suicidaires. Quand ils évoquent leur souffrance, le manque de matériel…, pour leur hiérarchie, c’est comme si tout cela n’existait pas. C’est bien connu : il faut fermer l’hôpital pour que l’hôpital aille bien. »
Débutée en fin de matinée, l’audience s’est déroulée jusqu’à 21 heures, émaillée, comme d’habitude, de nombreuses suspensions « pour ramener le calme dans les débats » . Ils reprendront le 5 mai.
Cécilia Larney
« Ce que nous vivons est inadmissible »
Les témoins ont fait référence à l’incendie de 2017 qui a mis un peu plus à mal un établissement que l’épidémie de Covid-19 a précipité en phase terminale. Manque de matériel de base (masques, gants, surblouses…), absence de dialogue, prime Covid dont le montant varie selon des critères ésotériques, de dysfonctionnements récurrents, qui ont conduit, encore la semaine dernière, à une pénurie d’eau, selon l’un des témoins.
« Nous avons subi des choses inhumaines avant, pendant et après l’incendie, raconte un agent du service sécurité incendie. Avec le Covid, on nous a encore plus maltraités. Ce que nous vivons est inadmissible. »