Josette Borel-Lincertin a vu Sébastien Lecornu

Le refus d’Ary Chalus, président de Région, de se rendre à l’invitation de Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, a stupéfié la classe politique. Chaque fois qu’un ministre, même mal embouché, même dont le parti dont on est adhérent est opposant irréductible à la politique du Gouvernement auquel il appartient, les élus rappliquent ventre à terre. Là, non. Ary Chalus est réfractaire parce que l’on ne reçoit pas des élus entre deux portes… ou au cours d’un cocktail, aussi républicain soit-il. D’autres ont accepté l’invitation.

Lors d’une précédente visite… L’entente cordiale. Photo DR

Josette Borel-Lincertin, présidente du Conseil départemental, pour sa part, a fait comme la plupart des élus nationaux (sénateurs et députés), comme le président de l’Associations maires. Elle y est allé. Elle a rencontré Sébastien Lecornu. Et elle dit pourquoi, tout en s’étonnant de l’attitude de son alter ego.

« Je dois dire ma surprise et ma perplexité. »

Josette Borel-Lincertin, présidente du Conseil départemental

« Je dois dire ma surprise et ma perplexité en découvrant que mon homologue, président du conseil régional, a décidé de ne pas participer à l’échange prévu ce jeudi entre le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, et les parlementaires, les présidents des collectivités majeures et le président de l’Association des maires.

C’est peu dire que je n’attendais pas notre président de Région dans cette posture, lui qui insiste régulièrement sur ses relations avec les plus hautes autorités de l’Etat et qui ne s’est jamais montré très critique envers la politique gouvernementale depuis 2017, alors qu’il y avait pourtant matière.
Il dit regretter que nous n’ayons pas été consultés sur l’organisation de cette visite ministérielle. Mais le sommes-nous vraiment d’ordinaire depuis 2017 ? J’ai en tout cas du mal à croire que ce motif-là suffise à justifier le refus d’un échange avec le ministre. 

La vérité doit donc être ailleurs et je laisse à chacun le soin de s’en faire une idée, surtout que le président de Région n’a pas souhaité associer quiconque à sa réflexion et à sa décision », affirme-elle.

Elle poursuit pour argumenter tout en disant les choses : « S’agissant de cette visite au pas de charge de Sébastien Lecornu, dont je regrette évidemment le caractère précipité, j’ai été cependant sensible au fait qu’il ait souhaité un temps d’échange avec les élus sans ordre du jour particulier. Cela me laisse penser qu’il nous reviendra d’avoir avec lui un échange aussi direct que possible sur les sujets de notre choix. Et il y en a. 
J’irai donc pour discuter, notamment, du dossier de l’eau, de la recentralisation du RSA ou encore des finances locales. 
Parfois, en certaines circonstances, le boycott peut être une option. Mais, outre le fait que je pense que les circonstances ne me semblent pas ici réunies, un boycott n’aurait eu de sens que si l’ensemble des élus en avait décidé ainsi après en avoir discuté. 
Pour l’heure, difficile d’y voir autre chose qu’un choix personnel. »

La fédération du PS réagit

Le refus d’Ary Chalus de rencontrer Sébastien Lecornu, a aussi fait réagir la Fédération du PS qui a profité de l’occasion. Hilaire Brudey, premier secrétaire fédéral, s’est fendu d’un communiqué.

« Les socialistes de Guadeloupe prennent acte de la décision solitaire d’Ary Chalus de boycotter la visite- éclair du ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, ce jeudi 31 décembre 2020 en Guadeloupe.

Ils ne peuvent cependant être dupes devant cette posture très politicienne du président de Région qui se découvre subitement une âme d’opposant, alors que depuis maintenant trois ans et demi, en tant que membre du bureau exécutif national de La République en marche, il a toujours été un fidèle sou- tien du président de la République et de ses gouvernements successifs, approuvant sa politique, y compris les plus mauvais coups portés à nos territoires. La ficelle est un peu grosse ! »

Ce réveil soudain et très médiatisé, à quelques mois d’une échéance électorale pour laquelle il est en campagne depuis des mois, voire depuis décembre 2015, ne doit tromper personne, sauf à croire que le président de Région se retrouve contraint de reconnaître, avec une amertume palpable, les limites de son poids politique après, pourtant, d’innombrables déconvenues comme les promesses sans len- demain de 400 millions d’euros pour l’eau potable, ou encore l’humiliant souvenir de la conférence in- ternationale sur les sargasses au WTC. »

« Les élus socialistes participeront donc à l’échange proposé par le ministre des Outre-mer. »

Hilaire Brudey, premier secrétaire fédéral du PS

Quand aux socialistes, dit encore M. Brudey, s’ils sont en opposition avec ce Gouvernement et ses ministres, ils n’en respectent pas moins les pratiques républicaines.

« En témoigne le travail de nos parlementaires Victorin Lurel, Victoire Jasmin et Hélène Vainqueur-Chris- tophe, qui ont notamment ferraillé pour que les crédits du plan de relance dans les Outre-mer soient significativement augmentés, sans aucun soutien, d’ailleurs, du président de Région et des élus de sa majorité.

En témoigne également l’action tenace de la présidente du Conseil départemental, Josette Borel-Lincertin, pour obtenir des conditions justes de recentralisation du RSA et des moyens de lutter contre la pauvreté et la précarité galopantes dans notre archipel, sans oublier son implication forte dans l’eau potable, malgré ses désaccords assumés avec l’Etat sur ce dossier.

En témoigne enfin, la volonté du président de l’Association des maires, Jocelyn Sapotille, de porter au plus haut niveau de l’Etat des demandes précises sur les graves difficultés financières de nos collectivités.

C’est dans ce même esprit de responsabilité au service de la Guadeloupe, et sans complaisance aucune, que les élus socialistes participeront donc à l’échange proposé par le ministre des Outre-mer. »

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