Jean-Max Mirval : « Je rêve d’une musique créole plus ancrée »

Remarquable pianiste, auteur, compositeur, ambassadeur de la biguine, au-delà de son allure réservée, Jean-MaxMirval est avant tout un artiste engagé en faveur de la musique créole et de la culture guadeloupéenne. Ces derniers mois, il les a consacrés à faire vivre cette musique.

Reggae, salsa, compas, zouk, gwoka… Jean-Max Mirval a touché à tous les styles de musique avant de se consacrer à la biguine. Une musique qu’il considère comme « la première musique sophistiquée des Antilles ». Difficile à aborder, mais riche par ses harmonies et sa rythmique. Jean-Max Mirval en parle comme « la musique savante de la Caraïbe ». La biguine est la fois vivante, dansante et riche. Pour tout cela, Jean-Max Mirval en a fait une passion.

Pendant des années, le pianiste guadeloupéen a largement contribué à la revalorisation de la biguine. En tant que directeur artistique et pianiste du Festival biguine wabap, ou encore des soirées dédiées de L’instant discothèque(Les Abymes), Jean-Max Mirval a su apporter un souffle nouveau. D’abord, en se produisant aux côtés d’artisteséminents du répertoire caribéen parmi lesquels on compte Joëlle Ursull, Tanya Saint-Val, Jacob Desvarieux, Tony Chasseur et bien d’autres. Cet amoureux des générations a aussi su faire la différence avec des invités comme Riddla ou encore Admiral T. Loin de s’arrêter à ses exceptionnels plateaux d’artistes, le directeur artistique a eu la judicieuse idée de joindre la danse à la musique lors de ces rencontres autour de la biguine. Un concept qui aura permis de rendre ces événements culturels encore plus attrayants.

 

Biguine et histoire

Développé avec l’émancipation des esclaves en 1848, considéré comme l’un des ancêtres du jazz, le style musical biguine a connu son âge d’or dans les années 30. Selon Jean-Max Mirval, la biguine permet à la population antillaise de faire le lien avec son histoire. « La musique a été un élément édificateur de la société antillaise », martèle le pianiste. Une histoire aujourd’hui encore trop « sous-estimée » et avec laquelle nous ne serions pas assez « en connexion ». Une histoire que nous devrions continuer à écrire dans une société encore trop fragile face aux influences extérieures. « Je rêve qu’une forme de musique créole, plus ancrée, reprenne de la place », insiste Jean-Max Mirval. Ce rêve, il y croit même si cette forme de musique ne se révèlerait pas être la biguine. Ce qui lui importe, c’est que les jeunes renouent le contact avec la culture. Ainsi, cela favoriserait « une création artistique qui nous est propre, mais aussi l’émergence d’une Guadeloupe plus confiante et consciente souhaitant refléter et inspirer la société ».

Une créativité stimulée et engagée

Jean-Max Mirval accorde une grande importance à l’identité culturelle qu’il souhaite que la Guadeloupe retrouve. Et cela se ressent à travers ses morceaux. Depuis l’arrêt des soirées à L’instant biguine et après avoir multiplié les reprises, le pianiste se consacre à ses créations, entre zouk et biguine.  Des titres inédits dont le nombre a explosé depuis le confinement. Jean-Max Mirval en comptabilise plus de 1000 sur sa chaîne YouTube. Un véritable lieu d’expression en cette période où les concerts sont à l’arrêt compte tenu du contexte sanitaire : « C’est un peu contraignant pour un artiste, mais publier sur YouTube est une nouvelle forme de rencontre avec le public ». L’auteur engagé s’adonne à un nouvel exercice, rythmé par ses mélodies instrumentales. Le texte y est mis en avant, d’abord écrit, puis parlé, voire chanté. A travers ses compositions, Jean-Max Mirval retrouve une certaine liberté et une culture musicale engagée qui se fait miroir de la société, avec un œil à la fois satirique et humoristique. Un de ses titres les plus récents, Masko-land reflète bien cet état d’esprit.

Elodie Soupama

#biguine #musique #tradition #Jean-Max Mirval

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