Jean-Luc Assor : « La culture créole est une richesse ! »

Guadeloupéen, installé à Dublin, Jean-Luc Assor, spécialiste de la tech, a été un citoyen du monde dès son enfance. Il reste convaincu que la culture créole est riche d’enseignements.

La saine curiosité, celle qui permet d’avancer, de comprendre l’essence des choses, est le moteur de Jean-Luc Assor. Inspiré par son père, il a souhaité – un temps – se consacrer à la géologie, avant qu’il découvre un objet (révolutionnaire à l’époque) qui allait changer la donne dans le monde : l’ordinateur. « C’était au lycée Baimbridge, aux Abymes, le proviseur avait eu la bonne idée de mettre en libre-service 5 ordinateurs dans une salle non climatisée, raconte Jean-Luc Assor. Certains, dont moi, ont attrapé le virus de l’informatique en apprenant sur le tas. De là est venue ma vocation pour l’informatique, la programmation… ».

Les « baroudeurs scientifiques », ses modèles

Toujours animé par l’appel du large, nourri par une enfance passée au contact d’autres cultures, avec ses parents, à Bordeaux, en Algérie, avant de revenir en Guadeloupe pour ses classes secondaires, Jean-Luc Assor, en fin de mission chez Hewlett-Packard, était en quête d’une nouvelle contrée où poser ses valises. « J’ai toujours eu envie de voyager, d’aller très loin ! J’avais en tête l’Amérique du sud, la Norvège, Israël, où il y a une activité tech très importante, les Etats-Unis, le Luxembourg…, énonce-t-il. Finalement, le projet en Irlande chez Microsoft m’a séduit. »

Auparavant, le vulcanologue Haroun Tazieff, ou encore, Alain Bombard, biologiste, réputé pour sa traversée en solitaire de l’Atlantique, « des scientifiques baroudeurs », comme les surnomme Jean-Luc Assor, étaient ses modèles, de même que son père. « Mon père, géologue, a baroudé dans toute l’Algérie pour ses recherches, du Nord au Sud dans le désert… On l’accompagnait dans sa 4L verte ! Il m’a dissuadé de m’orienter vers la géologie, mais elle m’est restée comme une passion. Avant d’être un spécialiste du Cloud, l’informatique dématérialisée, pendant 20 ans, j’ai travaillé avec d’autres dans le Supercomputing, ces grosses machines qui permettent de faire les prévisions météo, les calculs d’images… C’est un métier qui est à la croisée entre les maths et l’informatique. La filière a permis à l’intelligence artificielle de naître. »

« L’informatique permet de réduire les inégalités. »

Jean-Luc Assor garde le goût de la philosophie, de la sociologie, de l’anthropologie. Sensible aux inégalités dans le monde, il se félicite de constater que l’informatique peut permettre à chacun d’évoluer.

« Aujourd’hui, l’informatique peut réduire les inégalités. Si on veut innover, avec un PC, on peut faire de la conception 3D grâce aux logiciels, fabriquer en petites séries. C’est pour cela que je me lève tous les matins, pour ce bénéfice qu’apporte l’informatique à tout le monde. Chez Microsoft : les technologies Cloud vont y contribuer ! »

Porté par cet idéal, Jean-Luc Assor a participé au récent festival du film des droits humains, Monde en vues, en Guadeloupe. L’Intelligence artificielle, une technologie qu’il maîtrise particulièrement était au cœur de ses interventions avec les scolaires et le grand public.

« Si j’ai réussi, c’est parce que je suis Créole. »

« Je suis surtout venu apporter des nuances sur ce qui marche ou pas, les limites de cette technologie et rassurer face aux fantasmes qu’elle suscite. On a atteint un plateau : dans les 4 ou 5 années à venir, on n’est pas près d’être menacés par l’IA. Certes, il y a des dérives, mais cette technologie génère un gisement d’emplois extraordinaire. L’IA ne pourrait pas exister sans une armée d’opérateurs, d’analystes… pour préparer les données. »

Les lectures « essentielles » de Levi-Strauss, Cheikh Anta Diop… ont « illuminé » sa vie d’étudiant. Citoyen du monde, Jean-Luc Assor, attaché à la Guadeloupe, porte fièrement son héritage créole.

« Nous sommes des résilients et cela se traduit dans le monde des affaires, face à la concurrence, nous ne faisons pas marche arrière. Chaque année, il y a des cyclones, il faut reconstruire, repartir de l’avant : nous avons une foi inébranlable dans l’avenir. Notre réussite dans le sport n’est pas tant liée aux muscles qu’à la culture de l’effort, de la constance, de la compétition… Si j’ai réussi dans la tech qui est très compétitive, c’est parce que je suis Créole ! Je suis très fier de porter ce roman individuel et national. »

Cécilia Larney

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