A travers sa prose, Charles Chammas évoque de grands thèmes sociétaux et moraux : l’argent, les femmes, l’histoire, la colonisation.
« Je suis en deuil de mon pays fatal ! Insulitude est un exutoire contre cette déception et ce sentiment de trahison que perçoit « l’autre » créole que je suis », explique Charles Chammas qui a choisi les mots pour dire son sentiment d’insulaire, sans complaisance, sans « doudouisme », avec humour, et, au final, sans pessimisme.
Comment supporter les contradictions d’une société malade ?
A travers sa prose, Charles Chammas évoque aussi, sans mièvrerie et de façon très personnelle, de grands thèmes sociétaux et moraux : l’argent, les femmes, l’histoire, la colonisation. « Nombre de mes compatriotes, pour supporter les contradictions d’une société malade, n’ont trouvé comme réaction que manger-boire-danser-dormir, casser, brûler ou partir », poursuit le romancier, à travers son personnage principal, Baptiste Miroir. Celui-ci engage la critique directement sur l’art de vivre, le vivre-ensemble, certainement à revoir et en profite aussi pour critiquer une certaine complaisance naturelle.
Rien de moins qu’un exutoire
Charles Chammas propose ni plus, ni moins que la poésie des mots d’un Martiniquais, comme un carnet de notes, qui allie travail du style et perspicacité dans ses tableaux de la société antillaise. « Tout n’est pas à jeter dans le réceptacle de ce monde de l’arrogance, de l’hypocrisie, des mensonges, des lâchetés et autres coteries », conclut Baptiste Miroir avec clairvoyance, lui qui invite à un voyage intérieur, une redécouverte de nos mémoires partagées. Et, vraiment, au final, un simple et bel exutoire à lire et à relire.
Rodolf Etienne