Le chanteur, acteur, animateur de télévision Ibo Simon est mort cette nuit, de maladie et de vieillesse. Et pas par des mains criminelles. Référence à sa chanson emblématique.
Chanteur, animateur de télévision controversé, homme politique — il a accompli un mandat de conseiller régional, avec son ami Raymond Viviès, héritier d’une grande famille locale. Un tandem explosif en meeting et dans l’hémicycle du Conseil régional. C’était il y a trente ans ! Le temps passe vite.
Il a fait les beaux jours de Canal 10 de longues années, parcourant la Guadeloupe, micro en main, adoré de tout un peuple qui accourait pour voir ce petit homme excentrique (ses habits valaient la photo !), un mètre cinquante d’un certain bon sens populaire.
« E lé pèp ! »
« E lé pèp ! », lançait-il au début de ses émissions. Il prenait le « pèp Gwadloup » à témoin des faits de société. Parfois, il dérapait, disant tout haut ce que beaucoup (dit-on) pensaient tout bas. La controverse, il aimait ça, avec un courage frôlant parfois l’inconscience.
Ibo Simon s’est présenté aux municipales à Pointe-à-Pitre, aux législatives… Mais, il pouvait dire qu’il avait siégé au Conseil régional du temps de Lucette Michaux-Chevry. C’était un autre temps.
Quand il débarquait à la rédaction du quotidien, il suscitait des sourires, parfois des moqueries. Il s’en moquait tout autant.
Il déposait des dizaines de feuilles froissées sur mon bureau. « Tiens, tu as tout là. » C’était le brouillon de sa profession de foi. Il fallait remettre les feuilles dans le bon ordre, s’entretenir avec lui, démêler et traduire ses propos assez décousus — « Mais, tu as tout là ! », répétait-il en s’énervant. Le métier de journaliste vous fait rencontrer des personnages étonnants. Ibo Simon était de ceux-là.
Photo ? Ibo Simon, qui inventait ses vêtements, ne laissait jamais le photographe insensible à une certaine originalité, des couleurs pétulantes.
Repose en paix, Ibo Simon !
André-Jean VIDAL
Témoignage
« C’était une figure de la Guadeloupe »
Pascal Abatan, journaliste sportif à Canal 10 : « Je l’ai connu j’avais 10 ans, i habitait au Carénage, c’est là que j’ai grandi. Il avait ses locks, il chantait c’était déjà un personnage connu. J’ai grandi. Je l’ai revu quand je suis entré dans l’audioviduel. Quand j’ai créé le club des anciens cyclistes, il venait avec nous. Avec Pierre André, nous nous occupions de lui. Ça m’a fait un choc d’apprendre sa mort. C’était une figure de la Guadeloupe. Un homme du peuple. »
Pascal Abatan donnait régulièrement des nouvelles d’Ibo Simon sur facebook.