Il se promenait dans une galerie commerciale armé d’un pistolet

Il déambulait, passant anonyme, dans la galerie commerciale de Detreland, à Baie-Mahault (Guadeloupe) vendredi. Comme des milliers de Guadeloupéens. Sauf qu’il avait sur lui un pistolet chargé. Mis à l’écart après avoir été repéré, il a suivi les gendarmes sans résister. Cet homme d’une trentaine d’années devrait comparaître lundi 7 février devant le tribunal de Pointe-à-Pitre.

On sait que les Guadeloupéens aiment les armes. Certains sont chasseurs, d’autres — de bons citoyens par ailleurs tout à fait intégrés dans la société, de bonnes âmes — ont des armes « pour se défendre » De qui, de quoi ? D’autres encore vivent avec leur arme nuit et jour, parce qu’ils ont franchi la barre.

Le préfet Alexandre Rochatte a, à plusieurs reprises, dit son inquiétude, tout comme la procureur générale Daniele Drouy-Airal, tout comme Patrick Desjardins, le procureur de Pointe-à-Pitre, et Xavier Sicot, le procureur de Basse-Terre qui a Saint-Martin dans son périmètre.

Les campagnes Déposons les armes, quoique répétées chaque année, sont de moins en moins suivies d’effets. Quelques armes récupérées. Souvent des armes héritées dont veulent se débarrasser les gens.

Des hommes — et des femmes aussi — se promènent toute la journée en voiture, vont de chez eux au travail, vont faire leurs courses ou amener les gosses au foot du mercredi après-midi en ayant une arme de poing dans leur boite à gants ou dans un vide-poche. Parfois, c’est un fusil de chasse dans le coffre, enroulé dans une couverture.

Quand ils sont surpris par les gendarmes ou la douane, ils disent simplement : « J’avais oublié qu’elle était là. »*

On a tous en tête ces automobilistes qui ont réglé leur différend en sortant une arme braquée sur leur antagoniste. Si tous ne tirent pas, bonjour l’ambiance dans les embouteillages !

Nous côtoyons tous des gens armés. Un avocat — aujourd’hui décédé — ouvrait son attaché case pour exhiber un Smith & Wesson .38 Spl. « J’ai une autorisation », lançait-il en souriant. Oui, sans doute de détention, à titre sportif, mais sûrement pas un port d’arme qui est tout autre chose.

Un maire — aujourd’hui décédé — posait, tous les matins, avant de faire sa tournée dans la commune, un fusil de chasse entre les sièges avant de a voiture, une grosse Peugeot grise. « On ne sait jamais, j’ai des gens qui ne m’aiment pas et ont le sang chaud. », disait-il en riant.

Quelques anecdotes.

Vendredi 5 janvier, un homme se promenait à Destreland, dans la galerie commerciale. Un badaud comme les autres, sauf que quelqu’un a repéré qu’il était armé, que sa chemise dissimulait un pistolet ou un révolver, à tout le moins la forme d’une arme.

Les gendarmes en patrouille, prévenus, ont abordé l’homme, l’ont séparé des autres passants pour éviter un geste meurtrier, puis l’ont entraîné à l’écart, désarmé. L’homme s’est laissé faire. A suivi les gendarmes sans se manifester autrement. Le pistolet était chargé, des balles de 9mm, un calibre dit « de guerre ».

L’homme est un habitué des prétoires, il a un casier judiciaire. Lundi, il devait comparaitre, dira pourquoi il était armé. « Pour me défendre », aurait-il dit aux enquêteurs. On serait tenté de répondre : « ils disent tous ça », ce que dira sans doute le procureur avant de réclamer que ce comportement dangereux soit condamné sévèrement.

*Article 222-52 du Code Pénal
Le fait de détenir des armes, éléments d’armes ou munitions relevant des catégories A ou B, sans l’autorisation prévue au I de l’article L. 2332-1 du code de la défense est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 € d’amende.

Le port d’arme est strictement réservé aux fonctionnaires de police ou des douanes et aux personnels de sécurité dans l’exercice de leur fonction (sauf situation exceptionnelle, par exemple l’état d’urgence). Certains professionnels dans une situation de risques graves (atteinte à leur vie) peuvent aussi très exceptionnellement y être autorisés par le ministre de l’Intérieur.

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