Sa famille voulait une célébration toute simple, au cœur d’un quartier de la Rénovation urbaine de Pointe-à-Pitre. Henri Bangou, ancien maire de Pointe-à-Pitre, ancien conseiller général, ancien conseiller régional, ancien sénateur, qui a eu 100 ans le 15 juillet, a été honoré par une foule d’amis, de militants, salle George Tarer, à Lauricisque, samedi 16 juillet.
Cent ans, c’est la traversée d’un siècle, de 1922 à nos jours, du temps de la colonie à la Région décentralisée. Pour un autonomiste resté fidèle aux idéaux de sa jeunesse, c’est aussi le temps des hommages. Ceux-ci n’ont pas manqué. On a honoré tout à tour l’historien, l’humaniste, le médecin, le politique, l’homme tout simplement. Mais il faudrait mettre une majuscule, écrire l’Homme.
Georges Brédent, homme politique, gendre d’Henri Bangou :
Henri Bangou a traversé le siècle, rognant superbement sur le siècle suivant. Jeune étudiant à Paris, puis jeune adjoint au maire, il devient maire de Pointe-à-Pitre à 43 ans, entreprend la Rénovation Urbaine. Avec deux majuscules. C’est alors l’un des grands chantiers sur le territoire français : il faut décaser, c’est-à-dire demander à des milliers de personnes — 8 000 familles — de se loger temporairement dans des cités d’accueil à Lauricisque, sur des terrains gagnés sur la mer, le temps de grands travaux de construction de quartiers entiers d’habitations avant de les reloger.
Le temps du décasement
Il faut imaginer quitter son quartier insalubre de cases fatiguées, voir démolies ces cases quand elles n’ont pu être transportées dans la zone d’accueil, voir araser la terre, recouverte de tuff, puis se dresser des bâtiments nouveaux, des tours à la Gabarre ou de l’autre côté du nouveau boulevard Chanzy, des barres d’immeubles à Mortenol, des blocs entre Chanzy et le cimetière, enfin, là où l’on avait relogé temporairement les décasés, à Lauricique construire des bâtiments plus petits à trois ou quatre étages dans les années 1980-1990. De 1960 à 1990, la Guadeloupe a connu la seconde rénovation urbaine de Pointe-à-Pitre, la première étant celle entreprise par Félix Eboué avant la Seconde Guerre mondiale. La troisième est en cours.
Pour entreprendre cette belle œuvre, il fallait un humaniste et un bâtisseur. Il fallait aussi un politique hardi.
Henri Bangou et la rénovation urbaine :
Pendant près de cinquante ans, Henri Bangou et ses fidèles ont entrepris la transformation de la ville. non sans critiques. Mais, durant près de cinquante ans, l’opposition est restée à sa place.
Pendant ce temps, Henri Bangou n’a jamais délaissé son cabinet de cardiologue ni cessé d’écrire.
Médecin, il a vu défiler chez lui tout Pointe-à-Pitre et la plupart de ses collègues politiques quelles que soient leurs divergences idéologiques. Le médecin transcendait le politique.
Historien de renommée, comme l’a rappelé Raymond Boutin, de la Société d’Histoire de la Guadeloupe, s’il ne venait pas souvent aux réunions, publiait livre après livre, une histoire de la Guadeloupe qui fait autorité, des essais, pour que les générations se souviennent des exemples qu’ont été certains politiques. Faisant autorité parce qu’il avait l’expertise historique et politique, Henri Bangou a inspiré la nouvelle classe politique.
Medhi Keita, jeune politicien :
Pendant ces années riches en événements, quand Henri Bangou ne recevait pas à la mairie — De Gaulle plusieurs fois, puis tous les présidents de la République de 1960 à la fin de son mandat de maire en 2008 — ou n’était pas au Sénat, il voyageait, d’abord pour répondre aux invitations des pays-frères, URSS, Vietnam, pays du Bloc de l’Est. Puis, l’âge venant, il visitait des pays avec son épouse Marcelle, pour leur plaisir, le goût de la découverte, des sites historiques, étant bien ancré dans leurs esprits.
Salle George Tarer, toute la matinée de ce samedi 16 juillet, les témoignages se sont succédés. Son petit-fils, Youri Bangou, était au micro en maître de cérémonie, organisateur de cet hommage, avec le Dr Jacques Bangou, ancien maire de Pointe-à-Pitre, et Tania Bangou, fils et fille d’Henri et Marcelle Bangou, et Leïla Brédent.
Jacques Bangou :