Histoire humaine de l’Amazonie retrace l’épopée millénaire des hommes en Amazonie. Entretien avec Fabrice d’Almeida, auteur de la série documentaire, disponible sur le portail Outre-mer La 1ere.
Pourquoi avoir choisi de faire une série documentaire sur la biodiversité en Amazonie ?
Fabrice d’Almeida : L’idée de la série est née au moment où la forêt brûlait, en 2019. Les images étaient choquantes. Les écosystèmes abrités par l’Amazonie sont uniques et préservent de nombreux secrets qu’il nous reste encore à découvrir. Nous voulions comprendre d’où vient cette forêt, en montrer la richesse et la fragilité. Replonger dans les racines de ce drame écologique.
Nous constatons que la forêt amazonienne est de plus en plus menacée. Quelles sont les solutions à mettre en place avant un désastre écologique ?
Les solutions sont multiples, mais elles commencent toutes par un accord, une volonté partagée par les différents États qui cohabitent en Amazonie : le Brésil surtout, et aussi la Colombie, l’Équateur, le Pérou… La France est impliquée avec le département de la Guyane. Des campagnes de sensibilisation sont nécessaires pour faire prendre conscience à la population en Hexagone que l’Amazonie c’est nous, et que nous devrions nous battre pour ce territoire autant que nous préservons notre terroir ou notre gastronomie. Les experts que nous avons interrogés disent que les Amazoniens vivent la forêt avec le même rapport de prédation que nous avons avec les montagnes et les glaciers en Europe, dégradés par le tourisme et les stations de ski… Et cela provient en partie de l’histoire coloniale.
Pourtant, l’Amazonie est le laboratoire d’un rapport à la nature à repenser. En plongeant dans son histoire, des solutions sont visibles. Les populations natives amérindiennes ont vécu en symbiose avec ce milieu. Elles ont travaillé cet environnement durant des millénaires. Aujourd’hui, ces femmes et ces hommes sont extrêmement menacés, et peu consultés dans les débats sur l’avenir de la forêt. Alors qu’ils ont un vrai savoir pratique à nous offrir.
Depuis des années, le chef Raoni se bat et alerte le monde sur ce désastre. Selon vous, les puissances mondiales mesurent-elles ce risque écologique qui se dessine ?
Les enjeux sont connus des États et organisations internationales. Mais, pour certains, les questions économiques priment sur les enjeux écologiques et sociaux de ces territoires. Dans le cas du Brésil, leur volonté de développement et d’industrialisation est compréhensible ; ils demandent à se développer comme la France a pu le faire. En revanche, la France n’a aucune excuse quant à son manque de mobilisation pour la préservation de ses citoyens amérindiens, en Guyane. Leur situation est très difficile.
Avez-vous prévu de décliner la série dans d’autres territoires ?
Le cas de l’Amazonie est unique. Mais le projet Histoire humaine permet de montrer comment les populations des grandes régions du monde sont le fruit de nombreuses strates d’histoire, et que le rapport à l’environnement est toujours à réinventer. Dans l’océan Indien ou en Polynésie, ce serait un beau défi. Nous espérons pouvoir le relever.
Propos recueillis par Djénéba Sangaré