Le traitement infligé aux migrants haïtiens bloqués à la frontière du Mexique avec les États-Unis d’Amérique est inadmissible, selon Frandley Denis Julien, docteur en droit, spécialiste des questions migratoires. De l’avis de l’avocat qui exerce aux États-Unis, le gouvernement haïtien devrait réagir par une note de protestation véhémente.
L’avocat Frandley Denis Julien n’a pas caché son indignation face à la situation de milliers de migrants haïtiens bloqués sous un pont situé à la frontière du Mexique avec les États-Unis d’Amérique. « Sans se référer à l’aspect humain de la question, d’un point de vue légal, quiconque connaissant la législation américaine ne peut accepter ce qui se passe actuellement », déclare d’emblée Me Julien, participant à la matinale de Magik 9, le mardi 21 septembre 2021.
Le docteur en droit qualifie la situation actuelle des migrants haïtiens comme l’un des plus grands affronts à son peuple à l’étranger depuis que le pays est impliqué dans la migration. « En écoutant le Premier ministre Ariel Henry, j’ai envie de pleurer car, la première chose qu’un gouvernement haïtien qui se respecte devrait faire, ce serait d’adresser une note de protestation véhémente au gouvernement américain », estime-t-il.
L’avocat présente par ailleurs, dans une mise en contexte, la procédure définie par la loi américaine lorsque cette situation se présente. « La loi américaine est très claire. Elle stipule que si l’on vous arrête à moins de 100 miles d’un port ou d’une frontière aux États-Unis vous avez droit à une procédure appelée expedited removal qu’on pourrait considérer comme une sorte de déportation accélérée », explique Frandley Denis Julien.
Mais dans ce cas, poursuit-il, l’individu en question est en droit de rencontrer personnellement un officier du service d’asile qui va déterminer si oui ou non l’individu a une peur crédible de retourner dans son pays. C’est cet officier qui va décider du sort de l’individu, fait savoir Me Julien.
Selon Frandley Denis Julien, en prenant la décision d’expulser les migrants haïtiens, l’administration de Joe Biden fait choix d’appliquer une décision raciste prise par l’ancienne administration au lieu d’agir dans les limites de la loi. En ce sens, cette situation à la frontière des E.U avec le Mexique consiste en une violation de la loi américaine et du droit international, estime Me Julien, qui annonce que l’association des avocats haïtiens aux États-Unis dont il fait partie va combattre jusqu’au bout la décision d’expulser les Haïtiens.
Ce qui arrive aux migrants haïtiens a provoqué une vague de réactions à travers le monde. Dans la même veine, Amy Wilentz dénonce pour sa part « une situation odieuse ». La journaliste de The Nation croit qu’il est de la responsabilité des États-Unis d’Amérique d’aider ces Haïtiens qui sont en difficulté à leur frontière.
D’autant plus que, estime Amy Wilentz, les États-Unis d’Amérique ont une grande part de responsabilité dans la crise sociopolitique qui prévaut dans le pays et qui, normalement, est à la base de l’exode des Haïtiens vers d’autres contrées. « Ils se sont mêlés dans l’élection de Martelly, de Moïse, avec l’OEA et les Nations unies. Tout ce régime a été marqué par la corruption et l’impunité », rappelle la journaliste, qui croit malgré tout que les E.U peuvent être un bon allié pour Haïti.
Madame Wilentz pense que les États-Unis continuent même d’appliquer la politique de Donald Trump en Haïti. « Trump, Biden, je ne vois pas une différence, sauf quelque fois en parole », soutient-elle à l’émission Panel Magik, sur Magik9.
Entre dimanche et lundi, les États-Unis ont déporté en Haïti pas moins de 560 Haïtiens. Selon les autorités, le processus d’expulsion devrait accélérer dès ce mercredi. Les migrants haïtiens seront donc expulsés en six vols par jour.
Source : le Nouvelliste
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