Josette Fils Desenclos, Sarahdjie Desenclos et Sherwood Sondjie Desenclos, une mère et ses deux filles, ont été tuées et brûlées à Croix-des-Bouquets, samedi 20 août 2022, a appris Le Nouvelliste.
Sarhadjie Desenclos, 24 ans, ancienne de l’institution Sacré-Cœur, avait cours, à l’Université de Port-au-Prince, samedi.
Employée du ministère de l’Economie et des Finances (MEF), Sarhadjie, sa grande sœur, Sherwood Sondjie Desenclos, une juriste de 29 ans, issue du Centre d’Etudes Secondaires et de la Faculté de droit et des sciences économiques (FDSE). Et sa mère, Josette Fils Desenclos, employée de l’APN, en laissant leur domicile à Croix-des-Bouquets, ne savaient pas que la mort serait au bout d’un périple ordinaire.
Leur véhicule, une Suzuki Vitara, est retrouvé en flamme, au bord de la route, presque à l’entrée de Cité Doudoune, non loin du pont jeté sur la Rivière Grise, à Tabarre.
Prises pour cibles
Côté passager, perpendiculaire au véhicule, un corps est dévoré par les flammes, peut-on voir dans une vidéo circulant sur les réseaux sociaux.
Les trois femmes ont été prises pour cibles, tuées et brûlées lors d’une opération de bandits de la zone qui a laissé un lourd bilan de six morts entre Croix-des-Bouquets et Tabarre, selon nos sources.
« Nous avons trouvé deux corps à proximité du véhicule et un autre à l’intérieur. Nous avons pu identifier deux femmes. Il est difficile d’identifier si l’autre est aussi une femme. Ces personnes ont été tuées à l’entrée de Cité Doudoune, à quelques mètres du pont de Tabarre, jeté sur la Rivière Grise. Les trois hommes seraient des chauffeurs de taxis-moto », a confié en off une source proche de la police de Croix-des-Bouquets.
« Oui, Sarhadjie portait des tresses dorées au bout », a confié au Nouvelliste une de ses amies ayant appris l’existence d’images montrant la jeune femme et d’autres victimes de ce carnage.
« Cela n’a aucun sens »
« Elle avait cours ce matin à l’Université de Port-au-Prince. C’est terrible », sanglote Y*.
Sarhadjie et Y* ont passé trois ans assises l’une à côté de l’autre au Christ The King secrétariat School, la fameuse école des sœurs de Marie Anne qui forme les meilleures assistantes administratives du pays.
« Cela n’a aucun sens, rage Y*. Ce n’était pas un kidnapping. Elles se sont juste retrouvées au mauvais endroit, au mauvais moment. C’est du terrorisme tout ça », confie-t-elle.
« Je la pressurais pour qu’elle laisse la Croix-des-Bouquets. Elle ne pouvait pas laisser maintenant. Elle ne pouvait pas aller chez de sa famille à Christ-Roi. D’autres parents ayant fui Martissant s’y étaenit déjà réfugiés. Elle cherchait un autre moyen pour laisser Croix-des-Bouquets », poursuit cette amie effondrée.
En pleurs, une collègue du père des victimes qui travaille pour la fondation Je Klere, est dévastée.
« Ils les ont toutes tuées. La mère et ses deux filles. Elles étaient inséparables », sanglote-t-elle. « Le père était au Cap-Haïtien. Il a pris la route à moto pour rentrer à Port-au-Prince. Il était à Mirebalais lorsque je lui ai parlé. Il m’a dit qu’il doit venir voir où sont ses filles », raconte cette collègue.
« Il est arrivé à Croix-des-Bouquets. Il entreprend des démarches pour transférer les corps dans une autre morgue », confie au Nouvelliste un collègue avocat de Me Desenclos.
« Il a tout perdu. Ce qui s’est passé est extrêmement grave », poursuit cet avocat attristé par ce drame.
Source : Le Nouvelliste
Y* le nom a été changé
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Nouveau carnage à Croix-des-Bouquets
Croix-des-Bouquets a vécu une énième matinée d’horreur, samedi 20 août 2022. Les premières images, filmées par un policier à bord d’un blindé, glacent le sang. Dévoré par les flammes, il y a un corps, côté passager, perpendiculaire à une jeep incendiée.
« An an avanse, an avanse », dit une voix off. A environ une centaine de mètres, un autre cadavre.
Celui d’un homme, tombé face contre terre, un casque de motard bleu tout près. A moins de dix mètres de lui, les corps sans vie deux hommes gisent au sol, au bout de leur sang.
Une autre vidéo, filmée par un policier, montre la récupération des cadavres dont celui d’une femme qui porte des tresses. Le dos de cette femme est brulé par endroit.
En milieu de matinée, une source policière interrogée par Le Nouvelliste indique que six personnes ont été tuées.
« Nous avons trouvé deux corps à proximité du véhicule et un autre à l’intérieur. Nous avons pu identifier deux femmes. Il est difficile d’identifier si l’autre est aussi une femme. Ces personnes ont été tuées à l’entrée de cité Doudoune, à quelques mètres du pont de Tabarre, jeté sur la Rivière Grise. Les trois hommes seraient des chauffeurs de taxis-moto », a confié en off une source proche de la police de Croix-des-Bouquets.
« Ils ont ouvert le feu sur les passants »
Alors que la photo d’une jeune femme, présentée comme la passagère de la jeep incendiée fait le tour des réseaux sociaux. « Il semble que les bandits ont ouvert le feu de manière indiscriminée sur les passants. Nous sommes arrivés, nous avons vu des morts et des véhicules incendiés », a indiqué cette source policière, interrogé sur le déroulé de ce carnage.
Il semble que les bandits ont tiré de manière indiscriminé. Cette source policière, a confié que la police se prépare à « entrer à l’intérieur de cité Doudoune », une des places fortes du gang des 400 Mawozo qui est traqué par la PNH.
En milieu de semaine, à l’OEA, le ministre des Affaires étrangères, Jean Victor Généus, a dit attendre l’arrivée de nouveaux équipements pour la PNH.
« L’arrivée très prochainement, nous l’espérons, sans nouveaux délais, des nouveaux équipements commandés pour la Police nationale d’Haïti (PNH) va faire la différence », avait confié M. Généus, lors d’une réunion spéciale sur Haïti, au conseil permanent de l’OEA, à Washington, mercredi 17 août 2022, soulignant que par rapport à des gangs, dans certains cas mieux armés, que la PNH, il faut « inverser ce déséquilibre. »
« Pour l’instant, notre force de police concentre ses efforts pour la libération totale de l’axe routier conduisant à la frontière avec la République dominicaine. Elle s’attaquera bientôt à dégager et rendre praticable la route Nationale numéro 2 à partir de la sortie sud de la capitale en neutralisant les bandits qui la contrôlent actuellement », a indiqué le chancelier Jean Victor Généus, demandant « aux pays qui le peuvent de nous appuyer dans le processus d’acquisition de matériel et équipements nécessaires en allégeant les formalités et en facilitant la livraison. »
Si la PNH marque des points contre le gang des 400 Mawozo, elle ne parvient toujours pas à occuper les positions sur lesquelles les bandits ont été chassées. Ce qui laisse la possibilité à ces bandits de revenir.
Les faits de ce samedi interviennent aussi alors qu’une « augmentation récentes » des armes et des munitions des Etats-Unis vers Haïti a été signalée par des officiels du département de la sécurité intérieure des Etats-Unis.
Source : Le Nouvelliste
Lien : https://lenouvelliste.com/article/237696/nouveau-carnage-a-croix-des-bouquets