Haïti. Une année catastrophique !

« Aller en ville », c’est-à-dire se rendre au centre-ville de Port-au-Prince, est une expression qui est totalement sortie de notre vocabulaire, de nos envies, de nos besoins cette année. 

Plus personne ne dit je vais au marché de la Croix des Bossales, sur la Grand’rue ou à l’Hôpital général. Les habitants de la région métropolitaine de la capitale ne vont plus ni à la plage, ni à l’aéroport. 

Le carnaval ou les rara, simplement aller à l’école ou à l’université, sont devenus des raretés dans des quartiers, dans une série de communes du Grand Port-au-Prince. 

Chaque mois de cette année qui s’achève a vu s’additionner les privations, les restrictions, les interdits sur fond de violence des gangs. 

Ce 30 décembre, les messages sur les réseaux sociaux soulignent, si cela était nécessaire, que les attaques contre les personnes, les institutions et les entreprises continuent, comme c’est le cas depuis le 29 février 2024. 

Trois premiers ministres et deux présidents plus tard, 2024 aura anéanti toutes les promesses de changements, d’améliorations ou de miracles de nos chefs. En plus, la représentativité de l’Etat a été étrillée par un scandale de corruption au plus haut niveau.

La diaspora haïtienne, cette pompe à fric, oxygène indispensable à la survie économique du pays, est tétanisée en cette fin d’année, inquiète de son avenir aux USA et ailleurs avec la montée des extrêmes au pouvoir. 

« Nos amis » font très peu, disent très peu, semblent avoir été vaincus par les outrances et le radicalisme de nos politiques qui ont, dirait-on, pour principe, de plutôt laisser s’effondrer la République au lieu de se parler. « Nos amis » ont été sollicités tant de fois comme arbitre dans des chamailleries, sans pudeur, pour les miettes comme pour les gros morceaux, pour tenir le rôle de censeurs et même de père fouettard, pour entendre des dénigrements réciproques, qu’ils ont certainement du mal à nous prendre au sérieux . 

2024 à été un marqueur de nos luttes politiques honteuses, fratricides. « Nos amis », entre fatigue et étonnement, différent l’inévitable, tandis que nos vautours tournoient, se battent, déchiquettent les restes du cadavre de ce qui nous reste d’État. 

En cette année 2024, on a assisté à la fin du voile pudique. Plus personne ne se cache quand il s’agit de découper le gâteau des privilèges. La corruption est perçue, vue et acceptée. Il y a un empressement dans l’enrichissement alors que tout tangue, s’effondre, empire. 

Dans les annales, comme 2010 a été l’année du séisme, 2024 restera comme celle de l’effondrement sécuritaire. Une année catastrophique. Faire un bilan exhaustif pour camper 2024 serait dire que la course vers l’abîme s’est accélérée. 

Les perspectives ne laissent pas croire en un rapide retournement de situation. Et pourtant, au bout du tunnel, il y a une lueur d’espoir à entretenir. L’audace et l’intelligence pour oser autres choses sont en nous et pas ailleurs.

Source : Le Nouvelliste

Lien : https://lenouvelliste.com/article/252271/2024-annee-catastrophe

Facebook
Twitter
LinkedIn
WhatsApp
Email

Actualité

Politique

Economie

CULTURE

LES BONS PLANS​