Haïti. Un Premier ministre hors sol rêve du retour des touristes

Le Premier ministre Ariel Henry, très près des micros ces temps-ci, commet des prises de paroles qui confortent son statut peu enviable de responsable hors sol et décalé.

Le Premier ministre Ariel Henry, très près des micros ces temps-ci, commet des prises de paroles qui confortent son statut peu enviable de responsable hors sol et décalé. Incapable depuis 20 mois d’enrayer la violence des bandes armées qui volent, violent, tuent, kidnappent, brûlent, asphyxient l’économie, compromettent la circulation des personnes et des biens dans la région métropolitaine de Port-au-Prince ou dans l’Artibonite, M. Henry parle de tourisme, d’efforts pour que la destination Haïti redevienne attractive.

« Il nous faut créer les conditions pour que les investisseurs et les tours opérateurs touristiques recommencent à s’intéresser à la destination Haïti », a dit Ariel Henry, confortable dans petite bulle et droit dans ses bottes lors de son discours de circonstance à la troisième journée de la 13e édition du Sommet international de la finance, à l’hôtel Marriott, mercredi 19 avril 2023.

Le PM Henry, chef du Conseil supérieur de la police nationale, compte ses mois au pouvoir alors qu’Haïti est classé au niveau 4 du bulletin du département d’Etat parmi les pays où il est déconseillé de voyager. Si certains hôtels comptent parmi leurs clients des Haïtiens fuyant leurs quartiers, d’autres, sur la côte des Arcadins, sont vandalisés et pillés. Après Wahoo Bay Beach, Wanga Bay Beach a été attaqué et pillé. Les alertes au Premier ministre Henry, aux autres responsables de la sécurité publique et de la défense nationale, sont restées lettre morte.

Le Premier ministre Ariel Henry, qu’à cela ne tienne, a réchauffé et resservi le plus naturellement du monde sa promesse imbibée de bonnes espérances « de mieux équiper et mieux former nos forces de sécurité nationale » pour rétablir la sécurité. « Il est évident que la situation actuelle ne peut pas durer indéfiniment. Nous avons des raisons d’espérer que la donne va changer dans ce domaine », a-t-il indiqué, bien au frais et bien escorté alors que fusaient ce mercredi les alertes concernant des attaques quasi synchronisées à Thomassin 32, Meyotte, Frères, Canaan, Source Matelas, Cabaret.

« J’entends des détonations d’armes automatiques. Cela retentit comme le tonnerre. J’ai peur. J’attends et espère. Je m’en remets à Dieu », a confié une jeune femme qui vit à Colette, un quartier limitrophe de Meyotte. « Il y a des tirs non loin de chez moi », a expliqué une autre jeune femme, résidente de Meyotte. Sur les réseaux sociaux, une vidéo de 7 secondes donne un aperçu terrifiant. On y entend des rafales d’armes automatiques et on peut voit un panache de fumée noir qui monte vers le ciel.

« Wout Fre pa bon », a confié un père de famille, contraint de chercher refuge ailleurs. « Je suis dans un embouteillage à Pétion-Ville. Tout le monde évite le bas de la route de Frères et Meyotte. C’est terrible de devoir vivre ça, de masquer sa peur pour rassurer ses enfants. Mes enfants sont avec moi. Je les ramène de l’école », a-t-il dit.

De l’autre côté, à l’entrée nord de Port-au-Prince, Canaan, Source Matelas, Cabaret, des rafales d’armes automatiques ont été entendues. « Oui, la prison des femmes de Cabaret a été attaquée. Il y a un blessé. Ce n’est pas seulement la prison. C’est toute la zone qui est attaquée par des bandes armées. Ils semblent qu’elles se sont alliées. La police est sur place, essaie de contrôler la situation », a confié à Le Nouvelliste une source policière.

« Je pense que l’action synchronisée d’aujourd’hui n’est pas le fruit du hasard. Les bandits ne sont pas bêtes. Ils attaquent en plusieurs endroits au même moment. Ils espèrent disperser nos maigres ressources humaines pour faire retomber la pression sur Laboule 12 », a confié une autre source policière, incapable, en milieu d’après-midi, de partager un bilan sur ces évènements qui ajoutent une nouvelle couche à la publicité négative faite par ces bandes armées et l’incapacité des responsables, comme Arie Henry qui rêve peut-être à l’âge d’or du tourisme en Haïti. Sans mettre les moyens au service de son rêve.

Le budget du ministère du Tourisme du cabinet du Premier ministre Henry ne dépasse pas les 700 millions de gourdes pour l’exercice 2022-2023. Avec un taux de 160 gourdes pour un dollar, ce budget ne représente que 4,5 millions de dollars américains. Quelles ambitions touristiques peut avoir un pays avec de si maigres ressources et une crise sécuritaire ?

Source : Le Nouvelliste

Lien : https://lenouvelliste.com/article/241884/un-premier-ministre-hors-sol-en-charge-dun-pays-en-proie-a-la-violence-de-bandes-armees-reve-du-retour-des-touristes

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